Communiqué de presse du 5 juillet du Théâtre de la Liberté de Jénine en Palestine occupée
Le 5 juillet, Nabil Al-Raee, le directeur artistique du Théâtre de la Liberté a été accusé, dans un tribunal militaire israélien, de posséder des fusils et d’aider un homme recherché (Zakaria Zubeidi) et trois autres personnes dont l’identité n’a pas été communiquée. L’aide que Nabil est accusé de porter à Zakaria – qui depuis plusieurs années jouit d’une amnistie de la part des autorités israéliennes – est qu’il l’a pris à bord de sa voiture et lui a offert de la nourriture et des cigarettes. En réponse à ces accusations, Nabil a déclaré qu’il commencerait une grève de la faim dès le lendemain : « Je ne comprends pas pourquoi je suis ici (en détention). Ils n’ont aucune raison de me garder ». L’avocate de Nabil dit : « Cela montre qu’ils agissent en désespoir de cause, ils n’ont aucune charge contre lui ».
Nabil a été emmené de chez lui par l’armée israélienne le 6 juin à 3 heures du matin, aux yeux de sa famille. Pendant deux semaines il n’a pas été autorisé à communiquer avec son avocate ni à avoir quelque contact que ce soit avec sa famille. Et aucune accusation n’a été prononcée à son égard. A partir du moment où des suspicions ont été mises en avant, Nabil a d’abord été soupçonné de garder par devers lui des informations pouvant conduire à l’identification du meurtrier de Juliano Mer Khamis. Dans une audience ultérieure, l’accusation israélienne prétendit que Nabil était impliqué dans des « activités terroristes ». Puis, dans une récente audience, le juge militaire a déclaré qu’aucune évidence n’ayant été établie de quelque activité illégale que ce soit pendant presque un mois de détention, Nabil serait libéré. L’accusation a néanmoins bénéficié d’un délai de 48h pour faire appel et mettre finalement en avant une dernière accusation absurde contre Nabil.
Micaela Miranda, la femme de Nabil, a assisté à l’audience du 5 juillet au tribunal : « Cette farce a commencé quand ils ont accusé Nabil d’être impliqué d’une certaine manière dans le meurtre de Juliano, puis ils l’ont accusé d’activités terroristes et maintenant d’autre chose. A chaque audience à laquelle nous nous rendons, il y a une nouvelle accusation, c’est ridicule et il est évident qu’ils cherchent une justification au fait d’avoir gardé Nabil incarcéré aussi longtemps ».
Smadar Ben Natan, l’avocate de Nabil, dit : « Cela montre qu’ils n’ont vraiment rien comme accusation contre lui. Si ce dont ils l’accusent est un délit, alors tous ceux du camp de Jénine en sont coupables. J’espère que le juge lors de la prochaine audience le comprendra et qu’ils vont le libérer ».
La Fondation du Théâtre de la Liberté en Suède et l’association du Théâtre de la Liberté à Jénine, avec les associations amies aux Etats Unis, en France, en Italie, en Ecosse et en Allemagne rejettent ces accusations comme fabriquées de toutes pièces dans la tentative des forces d’occupation israéliennes de détruire complètement le Théâtre de la Liberté.
Ils pensaient peut-être que nous allions nous effondrer lorsque Juliano Mer Khamis a été assassiné. Mais nous avons tenu bon et maintenant ils essaient de nous étouffer lentement mais sûrement en harcelant nos employés, nos membres et eux qui nous soutiennent, avec diverses accusations, toutes plus absurdes les unes que les autres. Ce harcèlement systématique dure depuis un an maintenant, ça suffit ! » dit Jonatan Stanczak, le directeur exécutif du Théâtre de la Liberté.
D’éminentes personnalités publiques tells que Danny Glover, Noam Chomsky et Judith Butler de même que 200 autres membres de la communauté artistique des Etats Unis ont appelé à la libération immédiate de Nabil et de Zakaria dans une déclaration parue dans Time Out, un magazine de New York. Des groupes artistiques en Allemagne, au Royaume Uni et ailleurs ont lancé des appels semblables pour la libération immédiate de Nabil et de Zakaria et des milliers de personnes du monde entier ont signé des pétitions et adressé des protestations aux représentations israéliennes et palestiniennes. 56 membres du Parlement européen ont signé il y a quelques semaines une lettre pressant Catherine Ashton de prendre des mesures, tandis que 19 membres du Parlement portugais, de tous partis politiques sauf de l’extrême droite, ont appelé à la libération de Nabil.
Communiqué traduit et transmis par l’association ATL Jénine, le 8 juillet 2012