William Goldnadel aurait pu être un lauréat d’une peau de banane dorée aux Y’a Bon Awards 2013, cette cérémonie satirique de remise de prix aux pires propos racistes tenus dans l’année par des personnalités publiques dans l’espace médiatique.
Organisée par les Indivisibles, en partenariat avec l’UJFP, le 10 juin 2013 au Cabaret Sauvage, elle ne dure que l’espace d’une soirée fatalement trop courte pour nommer tous ceux qui le mériteraient.
Hélas, il a fallu faire des choix et Goldnadel ne sera pas nommé. Il fait partie de ces phénomènes bien trop inclassables pour les Y’a Bon Awards, chaînon manquant entre la xénophobie la plus primaire et l’islamophobie la plus décomplexée.
Xénophobe revendiqué comme l’atteste cette citation : « Lorsque j’entends cette fable « Immigration, une chance pour la France », je trouve ça complètement ridicule. Cette immigration là, qui a été largement imposée, qui a été massive et qui vient, encore une fois, de zones culturelles problématiques, je suis désolé mais je ne regarde pas de manière extatique l’immigration telle qu’elle a été faite ces 30 dernières années […] Le regroupement familial a été une erreur tragique ! » (G-W Goldnadel sur RMC en février 2013).
Et propagandiste islamophobe de conviction lorsqu'[en parlant de « L’Islam devant la démocratie » de Philippe d’Iribarne] il explique doctement que « l’auteur montre bien un islam assoiffé de certitudes et tenant le débat comme une abomination criminelle » G-W Goldnadel sur son blog (Février 2013).
Vu ses propos, nous le classerions à la droite de la droite, si ce n’est l’extrême droite, si Goldnadel n’avait pas eu en plus le toupet de se présenter comme antiraciste. « Antiraciste » inédit puisque pour lui, les 2 principales formes du racisme dominant sont l’antisémitisme et le racisme anti-blanc.
Exit donc la xénophobie, la négrophobie, la romanophobie ou encore l’islamophobie quand le fait de les dénoncer n’est tout simplement pas soupçonné d’être motivé par la haine de l’homme blanc ou du juif… Accuser les antiracistes de racistes, voilà qui est original. C’est si simple qu’on se demande pourquoi personne n’y avait pensé avant ?
En application de cette tactique, Gilles-William Goldnadel, en sa qualité de président d’ »Avocats sans frontières » et de l’ »Association France-Israël » poursuit régulièrement, des personnalités, journalistes et militants dénonçant les violations du droit international et des droits humains par l’Etat d’Israël en les qualifiant d’antisémites.
Ainsi ont fait les frais de cette lutte « antiraciste » d’un nouveau type : Edgar Morin, Eric Hazan, Daniel Mermet, Charles Enderlin ainsi que les militants de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), qui se mobilisent pour que l’Etat d’Israël se conforme au droit international. Pour G-W Goldnadel tout antisionisme et plus simplement toute critique de la politique d’Israël ont un fondement antisémite.
En revanche en 2002, il ne s’est pas gêné d’arguer de la liberté d’expression pour défendre la journaliste italienne Oriana Fallaci, contre le mouvement anti-raciste d’alors (représenté par MRAP, la LICRA et la LDH) qui la poursuivait pour ses brulôts islamophobes où les musulmans sont, notamment, comparés à des rats…
Ainsi dans un cas, il censure la critique des politiques racistes de l’Etat d’Israël au nom de la lutte contre l’antisémitisme, et de l’autre, il défend la liberté d’expression de propos racistes quand ils sont dirigés contre les musulmans.
De plus dans livre intitulé : « Réflexion sur la question blanche. Du racisme blanc au racisme anti-blanc », G-W Goldnadel y développe sa thèse ubuesque d’un renversement du racisme où les Blancs seraient les nouveaux damnés de la terre du fait d’abus prétendus des militants de l’antiracisme…
En résumé l’antiracisme inversé de G-W Goldnadel ou plutôt son anti-anti-racisme, n’est en réalité que formulation déguisée d’un racisme inspirée de l’idéologie du « choc des civilisations », qui distingue entre une civilisation blanche et cultivée et un monde barbare abritant des gens dont il y a lieu de se méfier, particulièrement parmi les musulmans, les Arabes, les gens du Tiers Monde.
Voilà qui éclaire la philosophie qui inspire les deux citations que nous avons retenues et que nous voyons de plus en plus prospérer, plus seulement dans la facho-sphère sur Internet mais désormais à notre grand désarroi également dans la sphère publique médiatique comme nous le montrerons ce 10 juin aux Y’a Bon Awards 2013.
Jean-Guy Greilsamer, membre de l’UJFP