On savait que l’objectif de l’Union Européenne était le développement du commerce grâce à la libre concurrence. Cet objectif, s’il ne permet pas toujours l’enrichissement des populations, doit au moins permettre l’enrichissement des grandes compagnies. Il est vrai que cet objectif, pour être acceptable, doit s’accompagner de quelques discours humanistes sur les valeurs de l’Europe, les droits de l’homme et autres amusettes. C’est cela qui permet à l’UE de montrer sa belle image.
Parmi les composantes de cette belle image, l’interdiction du commerce des hommes. Les êtres humains ne sont pas des marchandises et par conséquent ne sauraient être objets de commerce, du moins tant que cela ne met pas en danger la belle UE. Mais on sait que par les temps actuels, les belles images ne suffisent pas et qu’il faut savoir déroger, ainsi fallait-il faire face au trop plein de migrants qui, sous prétexte de fuir les horreurs de leur pays, viennent chercher refuge dans l’Union Européenne au risque de la déstabiliser. C’est contre cette déstabilisation sauvage que l’UE a cru devoir réinventer le commerce des êtres humains en définissant ses rapports avec un pays qui accepterait, moyennant rétribution, de servir de fourrière pour recevoir le trop-plein de migrants qui tentent d’investir les pays de l’UE.
C’est cela l’accord avec la Turquie. Celle-ci accepte, moyennant une juste rétribution, de reprendre sur son sol le trop plein de migrants, une forme de SPM (Société Protectrice des Migrants) pourrait-on dire. L’UE et la Turquie organiseront un échange équitable de migrants, échange dans le respect des droits de l’homme, faut-il préciser. Ainsi l’ordre sera maintenu dans l’ancienne Mare Nostrum.
Autre dérogation aux règles du commerce de l’UE, le trafic de migrants ne saurait être laissé à la libre concurrence des passeurs. Ce commerce doit être sous le contrôle des Etats de l’UE qui seuls peuvent décider de l’organisation de ce trafic. Ainsi l’UE pourra faire régner le droit et l’ordre dans un commerce qui semblait aller à la dérive.
Et comme cela se doit, les Etats de l’UE applaudissent ce bel accord. La traite des hommes doit être contrôlée pour éviter aux apprentis migrants un double risque, d’une part celui de se noyer dans les eaux méditerranéennes, d’autre part celui d’être mal accueilli dans les pays européens.
Vive le commerce équitable !!!
Rudolf Bkouche