Vaccination en Israël : modèle ou contre modèle

Publié le 10/03/2021

Depuis quelques années, Israël est souvent présenté comme un modèle à suivre.

Il en a été ainsi en 2016 avec la lutte contre le terrorisme. La revue en ligne Orient XXI publiait un article sous le titre : Ce « modèle israélien » de lutte contre le terrorisme qui fascine politiciens et médias français, et posait la question : « Comment lutter contre le terrorisme ? En appliquant le modèle israélien, répètent à l’envi certains politiciens et journalistes français. Pourtant, il existe peu de pays où l’on vit depuis aussi longtemps si peu en sécurité qu’en Israël »

Vaccination en Israël : modèle ou contre modèle

Le site ELNET qui se présente comme favorisant une meilleure connaissance en France de la réalité historique, culturelle, économique et politique d’Israël vante le modèle : « Israël a depuis longtemps investi dans le cyber-renseignement, en dotant son armée, dès 1952, d’une unité d’élite, l’unité 8200, consacrée au renseignement électromagnétique et au décryptage de codes. Entre autres missions, il s’agit d’abord de parvenir à la connaissance la plus exhaustive possible d’Internet, sa partie visible et invisible, les réseaux d’activistes, leurs lieux de rencontre et d’échange, leur mode de communication. La coordination entre les différentes entités est bien plus nette et efficace qu’en France. Au sein d’Aman (renseignement militaire), une unité est chargée de l’infiltration clandestine et de la manipulation des sources. Mais la majeure partie des opérations est assurée par le Shin Beth (sécurité intérieure), et parfois par le Mossad (renseignement et sécurité extérieure). Dès lors que les cyberterroristes sont localisés, les agents sont déployés et procèdent à leur arrestation. »

Ce n’est pas vraiment le système démocratique auquel nous aspirons ! Liberté, égalité, fraternité, respect des identités différentes, liberté individuelle, droits collectifs garantissant l’égalité entre tous les êtres humains, respect et approfondissement des libertés.

Alors, quand aujourd’hui la vaccination en Israël est montrée en exemple, il y a de quoi s’interroger et se pencher d’un peu plus près sur la réalité.

Un reportage publié sur Arte, le 29 janvier, nous apprend que le rythme des vaccinations est 15 fois plus élevé qu’en France ou en Allemagne, mais note que le contrat avec Pfizer serait deux ou trois plus cher que les autres pays ! En contrepartie, Pfizer dispose d’une étude à grande échelle des résultats.

Le 23 février, le journal suisse Temps.ch indiquait que les Israéliens refusant d’être vaccinés pourraient bientôt voir leurs noms livrés par le ministère de la Santé à leur municipalité ou à d’autres entités gouvernementales. C’est le but du projet de loi accepté mardi en première lecture par le Parlement. Temporaire, la législation a officiellement pour but de localiser plus facilement les personnes éligibles à la piqûre anti-coronavirus, mais les craintes sont vives quant aux dérives. « Ce texte porte atteinte à la sphère privée. Je doute qu’il se transforme en loi tant il suscite d’opposition », réagit Amir Fuchs, analyste à l’Institut d’Israël pour la démocratie. Le ministère de la Santé table sur un autre projet qui fait frémir beaucoup de travailleurs. Il s’agit d’interdire aux employés, notamment de la santé, de l’éducation, des transports publics ou de la sécurité, l’accès à leur lieu de travail s’ils ne sont pas immunisés, guéris, ou s’ils ne se font pas tester tous les deux jours. De quoi aller dans le sens des patrons israéliens.

Une enquête menée récemment a révélé que beaucoup d’entreprises ayant des contacts avec le public ne laissent pas le choix à leurs employés : c’est la vaccination ou la porte.
Cela rappelle le projet de QR, code que le gouvernement voudrait imposer et qui donnerait accès aux lieux de culture, restaurants, cafés, etc.

Quand les enjeux économiques priment sur la santé

La campagne de vaccination a démarré le 19 décembre en Israël. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avait appelé le 11 janvier « la communauté internationale » à « exhorter Israël, en tant que puissance occupante, à respecter ses engagements au regard du droit international et à mettre des vaccins à disposition » des Palestiniens.

C’est seulement début février que le gouvernement israélien a décidé la tenue d’une campagne de vaccination pour les travailleurs palestiniens ayant un permis de travail pour Israël et dans les colonies. Pour le reste de la population, seules 2 000 doses sur les 5 000 annoncées par Israël ont été remises.

Alors, si nous devions nous inspirer d’un modèle, NON, mille fois non de ce modèle-là où l’humain est considéré comme une quantité négligeable !

Marie-Hélène Chambrin
membre de la commission des Relations internationales

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