« Nous avons eu des pressions de la part de la mairie pour annuler cet événement », s’indigne Georges Gumpel, l’un des organisateurs de l’université d’été de la solidarité internationale. Cette manifestation qui a eu lieu du 4 au 7 juillet à l’Insa a rassemblé de nombreuses associations dans le domaine de l’aide aux pays en développement. La raison du mécontentement de la mairie : la présence de nombreuses associations pro-palestiniennes et divers ateliers organisés sur le sujet.
« C’est extraordinaire de pouvoir parler de ce sujet aujourd’hui », insiste Georges Gumpel, membre de l’Union Juive Française pour la paix. Parmi les invités de l’édition 2012 de l’évènement, organisé par le CRID (Centre d’information et de recherche pour le développement), figure effet invité le mouvement BDS (Boycott – Désinvestissement- Sanction).
Son arme principale : le boycott des entreprises accusées de favoriser la politique d’occupation d’Israël. « Depuis 10 ou 15 ans, l’état d’Israël est devenu de plus en plus xénophobe », s’inquiète Omar Barghouti,. « Les Palestiniens paient l’eau et le gaz plus cher que les Israéliens et subissent des mesures de restrictions », dénonce ce membre fondateur du BDS.
Lancé en juillet 2005, le BDS est porté par plus de 170 associations palestiniennes, mais réunit aussi des Israéliens et d’autres personnes du monde entier. « Une réussite car les Palestiniens ne sont d’habitude même pas d’accord pour savoir si le soleil se couche à l’ouest ou à l’est », plaisante Omar Barghouti. « Le boycott nous permet de faire entendre notre voix. »
Et de remporter quelques victoires. La société israélienne d’exportation de fruits et légumes Agrexco, impliquée dans la colonisation des territoires palestiniens, aurait subi une perte de plusieurs dizaines de milliards de dollars, l’obligeant de mettre la clef sous la porte. Mais aussi le Français Veolia, obligé récemment de renoncer au marché des transports en commun de Jérusalem. « Nous leur avons également fait perdre un contrat de plus de 9 milliard de dollars avec l’Arabie Saoudite », se réjouit Omar Barghouti.
Malgré des critiques en France de personnalités comme Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy, estimant que le « boycott d’Israël est une arme indigne », l’activité de BDS recueille l’adhésion de plus en plus de personnes. Des groupes comme Coldpay ou les Pixies ont récemment annulé leur concert en Israël à l’appel de BDS. « Nous ne sommes pas antisémites », clame Omar Barghouti. « S’il a été acceptable de combattre l’apartheid en Afrique du Sud par le boycott, pourquoi cela serait inacceptable en Israël ? »
Photo : © Bruno Poncet
Publié le : samedi 7 juillet 2012, par Bruno Poncet