Exceptionnelle à plus d’un titre !
Exceptionnelle par le nombre — une quinzaine ! — et la qualité des artistes affichés pour ce concert organisé par Houma Sweet Houma : Tif, PLK, Soolking, Zamdane, Nemir, Flenn, Deen Burbigo, El Grande Toto, Khali, Alpha Wann… (auxquels se joindra notamment, en invité surprise, le rappeur palestinien Saint Levant). Ce qui explique la vente de l’intégralité des 6 800 billets en l’espace de quelques heures un mois avant sa tenue, soit bien avant que la plupart des spectateur.trice.s potentiel.le.s n’ait eu le temps d’être au courant de sa programmation !
Ces artistes ont donné la parole tout du long à diverses personnes venues témoigner de la situation apocalyptique dans la bande de Gaza et en faveur d’un cessez-le-feu en Palestine. Parmi elles, l’avocate et candidate LFI aux prochaines élections européennes Rima Hassan, ovationnée comme une star, et l’infirmière Imane Maarifi, avec un témoignage comme toujours profondément émouvant sur sa mission à Gaza avec PalMed.
Exceptionnelle également en tant qu’il s’agissait de la plus importante manifestation artistique en soutien au peuple palestinien depuis le 7 octobre 2023, dans un des lieux les plus symboliques de la capitale : le Zénith. Cela après sept mois et demi où le monde de la culture en France se sera surtout illustré par son silence, sa lâcheté, quand ce n’a pas été par la défense et la promotion tonitruante des génocidaires dans les médias du régime et des oligarques, toujours prompts à propager la haine et à appuyer la politique sioniste quoi qu’elle accomplisse.
Exceptionnelle enfin par la somme récoltée au profit de l’ONG britannique MAP (Medical Aid for Palestinians) : plus de 100 000 € ! Opérant dans les territoires occupés et les camps de réfugiés au Liban, la MAP a été choisie « pour son indépendance religieuse et politique » et la rigueur et la transparence de sa gestion.
De vifs remerciements donc à Houma Sweet Houma, label du rappeur Tif, pour son invitation, et à Bureau Frances (l’équipe chargée de l’intendance), notamment à Lina-Nour, Achraf et les nombreux.ses bénévoles pour l’accueil qu’iels nous ont réservé. Il était effectivement indispensable que l’UJFP et TSEDEK! répondent présent.e.s à ce concert, qui demeurera comme l’une des mobilisations les plus impressionnantes pour la Palestine de ces derniers mois, tant artistiquement que politiquement.
L’installation fut certes acrobatique — au sens premier pour ce qui concerne l’accrochage de l’emblématique banderole de TSEDEK! par Gabriel et Simon — du fait de l’absence de stand au sens strict, réduit à une table et 2 chaises. Il fallut par conséquent « inventer » l’espace de notre présence en exploitant le moindre support où poser de la documentation : structures métalliques et tablettes en bois, de part et d’autre de notre table, qui rassemblait, elle, nos principales publications (vente interdite) : titres phares — Antisionisme, une histoire juive ; Parcours de Juifs antisionistes ; Palestine / Plus d’un siècle de dépossession ; La Nakba ne sera jamais légitime ; etc. —, mais aussi un exemplaire de Le Nettoyage ethnique de la Palestine d’Ilan Pappé — très remarqué du fait de sa récente censure —, d’anciens numéros de la revue De l’autre côté, et, en bonne place, les affichettes A3 et tracts A5 de l’annonce de la rencontre du 3 juin 2024 avec Donna Nevel de JVP (Jewish Voice for Peace).
Nos camarades de TSEDEK! arrivant plus tard, leur participation était d’emblée signalée par des 4 pages A5 : leur « Manifeste » et l’article « Dérive antisémite sur les campus, ou malaise sioniste face à la solidarité avec la Palestine ? » — en pleine actualité avec les mobilisations étudiantes et la répression qu’elles suscitent —, que Deborah m’avait autorisé à tirer.
En début de soirée, nous recevrons sur notre stand la visite du streamer Nico colombien, chargé de la retransmission en direct de l’événement sur Internet, qui interrogera Jean-Guy sur les raisons de la présence de l’UJFP à cet événement. Celui-ci en profitera, après la présentation des grands principes défendus par l’association, pour annoncer la prochaine rencontre avec JVP. Puis, tout au long du concert, tandis que spectateur.trice.s circulent volontiers entre la salle, les bars à disposition et les stands associatifs, se succèderont remerciements et nombreux témoignages de reconnaissance et de soutien pour notre travail et notre expression d’une voix juive, sensible au sort des Palestinien.ne.s et en rupture totale avec la propagande sioniste des médias officiels.
Se présenteront ainsi, entre autres :
– Omar Al Soumi (Urgence Palestine), accompagné d’un jeune mutilé gazaoui, en France depuis trois ans (donc probable victime des marches du retour) ;
– l’infirmière en réanimation Imane Maarifi (Blouses blanches pour Gaza), qui nous dira son sentiment que les témoignages d’équipes médicales françaises de retour de missions ont très légèrement fait évoluer la perception du génocide par une partie du monde politique et des médias, et nous parlera des difficultés de son libraire à lui procurer Le Nettoyage ethnique de la Palestine ;
– un responsable de Houma Sweet Houma, apparemment, nous affirmant que cet événement n’aurait pu se tenir sans notre concours (au-delà de la simple formule de politesse, il est certain que la participation de l’UJFP et de TSEDEK! permettait aux organisateurs de se prémunir contre toute accusation d’« antisémitisme », cette « arme de distraction massive », comme le qualifie l’historien Yakov Rabkin) ;
– une barmaid du Zénith, native d’Australie, chantre de l’amour universel, regrettant un peu que les militant.e.s de l’UJFP se sentent obligé.e.s d’afficher leur origine juive pour prôner la paix ;
– un militant Insoumis, qui nous rappellera que Mathilde Panot a rencontré JVP à New York récemment ;
– une représentante de la LDH, qui nous invitera à signaler tout.e binational.e impliqué.e dans les crimes à Gaza et complice du génocide, la Ligue disposant d’une équipe de juristes de haut niveau spécialistes de ces questions ;
– un musulman entre deux âges, qui nous racontera avoir pleuré lorsqu’il a découvert que des Juifs pouvaient être antisionistes ;
– une jeune femme venant des États-Unis, étonnée qu’il existe aussi des organisations juives antisionistes en France, à l’image de JVP ;
– un étudiant de Sciences Po, curieux de savoir comment nous contacter et ravi d’apprendre la prochaine rencontre avec Donna Nevel…
Si les plus engagé.e.s nous connaissaient déjà pour avoir vu régulièrement notre banderole dans les manifestation, la plupart — le plus souvent intrigué.e.s par notre présence —, n’ayant jamais entendu parler de nous tant notre voix est occultée dans les médias, étaient et surpris.e.s de découvrir qu’il existât des organisations juives antisionistes en France : l’UJFP et TSEDEK! Rien que pour ces multiples nouvelles rencontres, il était important d’être là pour augmenter notre visibilité et notre audience.
De leur côté, nos camarades de TSEDEK, plus en phase générationnelle et culturelle avec le public — Jonathan, tout heureux de nous annoncer que nous étions invités à l’After avec les artistes à l’issue du concert, passait le plus clair de son temps à circuler de l’un.e à l’autre entre salle de concert et stands —, étaient embarqués dans des discussions passionnées sur l’antisémitisme, l’antisionisme et la vraie nature de l’État d’Israël en tant que vaisseau amiral du colonialisme occidental, négationniste de la diversité des cultures juives.
Stéphane Delorme avec l’accord des autres camarades UJFP et Tsedek qui ont participé à la soirée
Pour visionner quelques-uns des moments de ce concert sur TikTok :