Une soirée exceptionnelle avec Sarah, Abu et Pierre pour dénoncer colonialisme, apartheid et souffrances des Gazaouis toujours résistant·es à ces violences que les états démocratiques ne veulent voir ni entendre. Le voile se déchire peu à peu invitant les firmes complices à investir ailleurs et les populations à se mobiliser pour faire cesser colonialisme d’antan et sionisme dévastateur.
Vendredi 21, maison du peuple à Clermont-Ferrand, l’AFPS63 et BDS 63 a organisé une soirée exceptionnelle avec Abu Amir, palestinien de Gaza qui fait une tournée exceptionnelle en France sur une semaine, accompagné par Pierre Stambul (Union Juive Française pour la Paix-UJFP) et Sarah Katz (International Solidarity Movement). Dernière soirée de cette courte tournée.
Pour une soirée exceptionnelle, ce fut une soirée exceptionnelle avec ces trois militants – juifs et palestiniens – qui, sur Gaza en particulier et sur la Palestine ont tracé une route qui décoiffe, bien au-delà de l’image d’un territoire détruit parce qu’entre deux feux et deux responsabilités partagées quand l’avenir dans la paix n’est seulement pas possible avec cet état colonial qui poursuit sa colonisation au mépris du droit international, au nom d’une propagande assidue assise sur une fiction massive et fallacieuse qui s’impose aux juifs et aux palestiniens, comme aux opinions publiques mondiales.
Pierre Stambul est issu d’une famille juive athée venue de Bessarabie, un pays disparu. Ses parents, communistes dans leur jeunesse, deviennent résistants pendant la Seconde guerre mondiale dans la MOI (Main d’Œuvre Immigrée). Son père, membre du groupe Manouchian a été déporté à Buchenwald. Sa mère a été la seule survivante d’une famille exterminée par la barbarie nazie.
Il dénonce et combat le sionisme comme idéologie raciste, son colonialisme de toujours, son apartheid toujours plus poussé. Ses arguments sont solides et frappent la salle par leur clarté. Rappelant son histoire familiale et sa judéïté, il clame haut et fort qu’il n’a pas de leçons à recevoir des sionistes. Il nous dira son point de vue historique de juif non sioniste. Dans l’entretien que nous publierons dans les jours qui viennent, il développe sans détour et comme il le dit « sans litote », l’argumentation politique et historique qui amène à considérer Israël comme un état colonial dès son origine pratiquant l’apartheid au nom d’une fiction a contrario de l’Histoire, roman bâti par le sionisme historique bien avant la seconde guerre mondiale qui l’a amené à une politique d’extrême-droite, « pays toxique » dira-t-il au cours du débat.
Son dernier ouvrage : « Contre l’antisémitisme et pour les droits du peuple palestinien »
Lire : « En direct avec Pierre Stambul » novembre 2020
Il écrit aussi sur : Le blog de pierre Stambul
Sarah Katz est une militante juive engagée de longue date aux côtés des Palestiniens dans l’UJFP et à l‘International Solidarity Movement. Elle a séjourné à peu près deux ans par morceaux entre 2011 et 2014 dont un an et demi en continu à Gaza, participé à la flottille de la liberté arraisonnée dans les eaux internationales par la marine israélienne en 2018. Avec Pierre Stambul elle co-rédigé les « Chroniques de Gaza » sur leur séjour dans ce territoire du 23 mai au 9 juin 2016 dans le cadre de la deuxième mission « Education et partage solidaire ». Elle va nous présenter la reconstruction toujours menacée de l’agriculture gazaouie pour subvenir aux besoins de sa population. Elle rend compte de leur évolution au cours de ces séjours à Gaza : d’abord entendre la parole des gazaouis, des paysans, des palestiniennes, femmes et mères qui connaissent mieux que quiconque leurs besoins prioritaires dans l’océan des besoins pour réaliser des projets qui y répondent directement. Dans l’entretien qu’elle a bien voulu nous accorder, elle explicite les raisons de son engagement, le non-engagement de la grande masse des citoyens et la complicité des gouvernements dont celui de la France.
Abu Amir (Mutasem Eleiwa), palestinien vivant à Gaza est représentant du centre Ibn Sina (Avicenne) qui accueille les enfants, responsable de la pépinière solidaire à Khuza’a (un territoire de Gaza) et correspondant de l’UJFP dans la bande de Gaza. Palestinien à carrure d’athlète, il relate dans sa langue les réalisations et projets permis par la collaboration d’associations françaises solidaires, l’espoir des gazaouis qui ne renoncent jamais à reconstruire dès après les bombardements, retravaillent la terre dès après le passage dans la nuit des bulldozers israéliens venus détruire les récoltes : Reconstruire sans cesse pour ne pas s’écrouler par la solidarité dans et hors Gaza. Un message de paix et de résistance.
Cette soirée était précédée par l’exposition de Sarah Katz accrochée tout autour de la vaste salle de spectacle pour promouvoir les réalisations palestiniennes malgré les destructions périodiques et bien ciblées pour détruire les infrastructures nécessaires à la vie, production d’électricité et alimentation en eau en priorité.
Voir et lire : Solidarité avec les paysans de Khuza’a et d’Abasan
et aussi : Tests optométriques en soutien aux déplacés de Gaza
D’un côté de la salle, l’agriculture « la terre que l’on défend, la terre que l’on cultive » soit cinq années aux côtés des paysans gazaouis par l‘UJFP et Humani’Terre, paysans « au point de rencontre de deux oppressions majeures, la défense de l’agriculture familiale face à la logique capitaliste de l’agriculture industrielle et la défense de leur terre face à la colonisation. » Dans la première logique, nous apprenons au cours de la soirée que des produits phytosanitaires interdits par ailleurs (et en France) sont vendus fort cher après importation autorisée par Israël, empoisonnant paysans et sol. Passer à l’agriculture biologique est vite dit vu de notre pays : qui paiera la transition pendant ces années perdues pour retrouver un sol cultivable en bio ? Dans la deuxième logique, les terres les plus fertiles sont situées tout au long de la frontière avec Israël mais les paysans sont en permanence menacés de se faire tirer dessus et le sont par tours automatique tueuses ou autres militaires. Sarah Katz nous révèle que lors d’un séjour à Gaza, leur action fut de se mettre en ligne face aux militaires pour que, derrière eux et elles, le paysan cultive son champ ! L’accès à l’eau et son prix, les semences et la nouvelle pépinière, le système des dettes et des marchands, le marché des produits et sa solvabilité… tout est abordé du circuit qui va de la terre à l’assiette dans la précarité des lendemains mais avec les réalisations qui, pas à pas, donnent espoir et améliore la situation.
De l’autre côté de la salle, les destructions de mai à septembre 2021 et la priorité dans cet océan de besoins : les enfants. Traumatisés, il s’agit de leur permettre de leur redonner un peu d’enfance pour éviter dépression et troubles en tous genres ; faire rire et si possible parler, consultations médicales, de la vue, soutien psychologique… s’occuper des nombreux handicapés. Sur une affiche nous pouvons lire : « l’antisémitisme est un crime, l’antisionisme un devoir ».
Au total, plus de soixante-dix personnes comptabilisées sont venues à cette soirée : un vrai succès avec de nombreuses personnes qui venaient pour la première fois en posant des questions auxquelles les invités ont soigneusement répondues nourrissant souvent des applaudissements.
La densité du débat, la pertinence des réponses apportées valent de l’écouter. Nous vous les proposons question par question. A vous de prendre le temps d’écouter ces enregistrements tout-à-fait audibles. Les réponses soignées valent leur écoute, apportent de multiples arguments, invitent à démonter les mécanismes de ce colonialisme du XXIème siècle. Nous publierons dans les prochains jours chacun des trois entretiens des trois militant·es de la cause palestinienne filmés avant le début de la soirée.
En fin de soirée, Yves Chilliard, responsable de l’AFPS 63, lance un nouvel appel au Boycott/Désinsvestissement/Sanction (BDS) en particulier pour le boycott de la firme PUMA*.
LE DEBAT ou … y être sans se déplacer
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Q1 – Un militant de 4ACG pose la première question : Est-ce que les religions sont des obstacles définitifs pour la paix ou est-ce qu’on peut trouver dans les religions des facteurs de paix pour l’avenir ? (12mn14)
Q2 – Qu’est-ce qui peut expliquer le manque d’information [sur la Palestine] pour le français moyen ? (5mn18)
Q3 – Par rapport à la défaillance de l’UNRA pendant la guerre de 2021, est-ce que c’est explicable par les problèmes de financement ou est-ce qu’il y a autre chose ? (5mn49)
Q4 – Pendant longtemps, on a parlé d’une solution à deux états. Maintenant on nous dit c’est plus çà la solution mais un seul état. Vous avez une réponse ? (7mn54)
Q5 – Le parrainage des orphelins : Est-ce que cette aide est effective, efficace, parvient-t-elle à ces orphelins ? Est-ce qu’ils sont vraiment pris en charge sur le terrain en Palestine ? (11mn22)
Q6 – Pourquoi les puissances occidentales notamment les USA sont-elles à ce point du côté d’Israël et aide si peu la Palestine ? (3mn30)
Q7 – La vie politique à Gaza : est-ce qu’il y a des partis politiques qui interviennent et agissent auprès de la population ? Commet se débrouillent les écoles après les bombardements ?(6mn51)
Q8 – Lueur d’espoir : des générations d’enfants ont connu guerre, bombardements, destructions… Quel est l’état de la santé morale, mentale de la population gazaouie ? Comment faites-vous retrouver le sourire aux enfants et aller de l’avant ?(3mn31)
Q9 – Comment se fait-il que ce peuple juif qu’Hitler a voulu détruire n’ait pas un autre comportement vis-à-vis des palestiniens ? Où est la racine du mal ? (9mn06)
Finalement Yves AFPS63 clôture la soirée à une heure quelque peu tardive non sans omettre maints annonces dont celle d’une photo de tou·tes avec les trois invités qui ont animé cette soirée.
* Nous remarquerons que la firme Total Energies vient de se retirer de Birmanie dont on peut penser que les actions pour ce retrait n’en sont pas étrangères. A un moment la situation devient intenable pour l’image de marque et donc le chiffre d’affaire et le dividende des actionnaires. Ainsi peut-il en être pour toutes ces firmes qui participent de l’apartheid et de la colonisation en Palestine à l’époque de l’éthique et du greenwashing.