Une pierre, deux coups: ou comment nier la mémoire des uns tout en abusant de la mémoire des autres.

Par Eléonore Bronstein, le 23 janvier 2020.

Aujourd’hui, les « dirigeants » du monde se réunissent au mémorial de Yad Vashem qui a, en partie, été construit sur les ruines du village palestinien Hirbat al-Hamama, occupé et vidé de ses habitant·e·s en juillet 1948.

Le Mémorial de la déportation des Juifs de France, où Macron a également prévu de se rendre aujourd’hui, se trouve, lui, sur les terres du village palestinien de Bayt Natiff.

Marquer le souvenir de l’Holocauste des Juif·ve·s européen·ne·s tout en niant les localités palestiniennes vidées et détruites par Israël pendant la Nakba, ne rend pas hommage à nos mort·e·s. Au contraire, cela participe de l’instrumentalisation cynique de notre tragédie.

Nous ne sommes pas prêt·e·s d’oublier que c’est bien chez vous, que nos aîné·e·s ont été dénoncé·e·s, pillé·e·s, raflé·e·s, envoyé·e·s à la mort, assassiné·e·s. Israël n’est pas la centralité de nos mémoires juives, nous vous hanterons partout où vous êtes, chez vous.

Nous refusons que notre mémoire soit instrumentalisée pour nier l’occupation, pour légitimer un projet colonial.

En découvrant les noms de membres de ma famille au mémorial de la déportation des Juifs de France / Roglit, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si les pierres de la stèle étaient celles de maisons détruites de Bayt Natiff. Je pleure leur mémoire et je pleure la façon abjecte dont leur mémoire est utilisée.

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