25 mai | Véronique Bontemps
Hormis les clichés montrant des jeunes armés de cailloux aux prises avec l’armée israélienne, on sait peu de choses sur la jeunesse palestinienne : sur leur quotidien, sur la manière dont ils composent au jour le jour avec la violence coloniale et dont leur entourage (famille, institutions scolaires et universitaires mais aussi professionnels de santé) peut s’investir pour les accompagner dans l’accomplissement et la conduite d’une vie « normale », malgré tout.
Les quotidiens de la jeunesse palestinienne étaient précisément à l’honneur dans la conférence-débat qui s’est tenue le 18 mai 2016 à l’EHESS/IISMM, à l’initiative de l’AURDIP. Deux intervenant-e-s ont décliné le sujet en suivant un fil générationnel, depuis l’enfance sous occupation jusqu’aux études dans un contexte colonial.
Souha Mansour-Shehadeh, pédopsychiatre à Bethléem au sein de la Bethlehem Arab Society for Rehabilitation (BASR) a exposé les difficultés rencontrées par les enfants palestiniens pour faire face à un quotidien émaillé de violences, mais surtout marqué par l’enfermement, la fragmentation et l’impossibilité de se projeter dans un avenir serein. Elle a également parlé des initiatives possibles de la part des professionnels de santé palestiniens, soulignant les manques matériels et humains mais faisant passer, résolument, un message de vie et d’espoir. Abaher el-Sakka, sociologue et enseignant à l’université de Birzeit nous a de son côté fait part de l’expérience quotidienne des étudiants face aux pressions et contraintes infligées par l’armée coloniale : blocage des routes, arrestations d’étudiants, parfois assassinats – autant de tentatives pour s’en prendre à ces lieux de contestation que sont les universités.
Lieux de résistance, ces universités sont aussi des lieux de vie où la diversité de la jeunesse palestinienne peut s’exprimer, entre élections étudiantes et spectacles de dabké. Suivie d’un débat nourri avec la salle, cette plongée dans le quotidien des jeunes Palestiniens, aux prises avec la colonisation et en quête d’un avenir meilleur fait apparaître l’impératif de faire respecter les droits les plus élémentaires des Palestiniens en général, mais aussi de continuer à s’informer, patiemment, sur ce qui fait le quotidien de cette société.
– « Etre jeune en Palestine aujourd’hui » – Introduction d’Ivar Ekeland, Président de l’AURDIP
– Souha Shehadeh (médecin, pédopsychiatre à Bethléem) : « Une enfance sous occupation en Palestine »
– Abaher El Sakka (sociologue, enseignant à l’université de Birzeit) : « Enseigner et étudier dans les universités palestiniennes : la vie dans un contexte colonial coercitif »