La presse étrangère exprime la stupéfaction des pays anglo-saxons (Huffington post) devant les arrêtés municipaux interdisant le burkini sur des plages françaises. Ainsi côtoyant des plages de nudistes (mais là ce n’est pas du repli identitaire et de l’entre soi communautariste !), les plages républicaines et laïques prétendent interdire à des citoyen-nes de se baigner en burkini, les mêmes n’osant par « pudeur » sans doute rappeler que les femmes juives orthodoxes portent exactement les mêmes tenues « tsnouot » modestes, souvent dans des plages « communautaires ». Tant il est évident que ce n’est pas la tenue qui est visée mais celles qui la portent parce qu’elles sont musulmanes.
Le silence des autorités religieuses chrétiennes, mais en ce qui nous concerne particulièrement le silence des autorités religieuses ou communautaires juives à ce propos nous interroge. Nous considérons que cette ruée raciste contre les musulmans de ce pays devrait toucher les organisations juives communautaires et consistoriales dans ce qu’elles ont de plus cher, et pour cause : l’égalité de tous, quelle que soit l’appartenance religieuse, et le droit fondamental à la libre pratique de son culte.
Or nous le savons dans ce genre d’emballée, le silence tue.
En attendant il s’agit, par ces arrêtés, d’humilier et de faire baisser la tête, et nous, comme juifs qui nous souvenons de ces moments de notre histoire où nos parents ont dû raser les murs en France, nous ne saurions nous taire.
Le véritable sursaut doit être républicain au sens premier de ce terme, il doit faire se lever tous les citoyens dignes de ce nom qui refusent l’association malfaisante de tous les musulmans aux attentats terroristes, et clamer le droit de tous et de chacun à l’expression libre de son culte et ou de ses croyances.
Ce sursaut doit être laïque au sens que les auteurs de la loi de 1905 avaient su donner à ce terme. Il relève de la citoyenneté aussi de comprendre que tout cela fait office de cache sexe aux réelles raisons des attentats : ce que cache le burkini, ce sont l’installation d’un état d’urgence permanent, les perquisitions et assignations à résidences multipliées, pas de vacances pour les musulmans !
La gestion ultralibérale de l’économie et des biens communs, associée à la gestion néoconservatrice de la politique et des citoyens, les guerres de ce régime dans le Moyen Orient et en Afrique…
Que nous sortions couverts ou découverts, c’est cette politique qui fait aujourd’hui consensus sur l’essentiel entre Maires « républicains » et Premier Ministre et qu’il nous faut combattre à découvert !
Il est aujourd’hui plus urgent que jamais, de choisir le camp des opprimés et de leur manifester notre solidarité totale, et d’agir avec eux pour rétablir l’état de droit conforme aux normes bafouées de la République, par les autorités mêmes chargées de les faire respecter.
Le Bureau national de l’UJFP, 18 août 2016.