6 octobre | Ali Abunimah pour The Electronic Intifada |Traduction SF pour l’AURDIP|.
Une salle de spectacle d’Allemagne prévient une artiste israélo-allemande que son prochain concert à Munich sera annulé si elle exprime un soutien au mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) pour les droits des Palestiniens.
Le centre culturel Gasteig a envoyé une lettre à Nirit Sommerfeld, une descendante de survivants de l’holocauste, lui demandant expressément de ne pas faire de remarques antisémites ou d’adopter BDS – en confondant les deux – lors de son concert du 5 octobre.
« Si nous devions découvrir qu’il est fait mention de la matière susmentionnée lors de cet événement, nous devrions l’annuler » dit la lettre.
La musicienne klezmer a répondu en assurant le centre culturel qu’elle n’avait jamais traité de BDS sur scène mais qu’elle était néanmoins horrifiée de leur confusion entre antisémitisme et soutien aux droits des Palestiniens.
« Cela fait des années que je me sers de moyens artistiques pour promouvoir la justice en Israël et les droits des Palestiniens. Est-ce assez pour être soupçonnée d’antisémitisme ? » déclare-t-elle.
« Puis-je vous rappeler que je suis une juive née en Israël, fille d’un survivant de l’holocauste et petite fille d’un grand père assassiné par des antisémites dans le camp de concentration de Sachsenhausen ? »
Sommerfel tweete fréquemment en soutien aux droits des Palestiniens et elle a exhorté des artistes à respecter le boycott culturel d’Israël.
Le mouvement BDS s’oppose explicitement à toute forme d’intolérance, dont l’antisémitisme et l’islamophobie.
Une atmosphère Maccarthiste
La lettre du centre culturel Gasteig se place dans le contexte de la décision de 2017 de la municipalité de Munich d’empêcher des soutiens de BDS d’utiliser des salles de spectacle.
Sommerfeld souligne dans sa réponse qu’elle était l’une des 240 lettrés juifs et israéliens à signer une lettre rejetant la récente résolution de la chambre basse du parlement d’Allemagne mettant sur le même plan BDS et l’antisémitisme.
Bien que la résolution du Bundestag ne soit pas contraignante, elle nourrit une atmosphère maccarthiste anti palestinienne encouragée par les média et les élites d’Allemagne.
À la suite de cette résolution, de nombreuses personnalités culturelles ont été harcelées ou se sont vu annuler leur présence à des événements allemands, pour leur soutien aux droits des Palestiniens.
Le mois dernier, la ville de Dortmund, au nord-ouest de l’Allemagne, a retiré un prix à la romancière Kamila Shamsie pour son soutien à BDS.
Le jury du prix Nelly Sachs a annoncé sa décision après que des blogueurs du groupe anti palestinien Ruhrbaronewebsite aient accusé Shamsie d’antisémitisme et attaqué le jury pour sa promotion de « la destruction d’Israël ».
Shamsie a répondu en réaffirmant son soutien à BDS.
« Il y a de quoi être en colère à voir que le mouvement BDS (qui a pour modèle le boycott sud-africain) qui fait campagne contre le gouvernement d’Israël pour ses actes de discrimination et de brutalité conte les Palestiniens puisse être tenu pour quelque chose de honteux et d’injuste ».
Sommerfeld faisait partie des dizaines d’artistes, d’écrivains et de musiciens qui ont publiquement exprimé leur solidarité avec Shamsie.
Le retrait d’un prix
De la même façon, la ville ouest allemande d’Aix La Chapelle a retiré lundi un prix à l’artiste libanais-américain Walid Raad pour son soutien à BDS.
Le maire d’Aix La Chapelle, Marcel Philipp avait préalablement déclaré que Raad était « un soutien du mouvement BDS et qu’il avait été impliqué dans différentes actions de boycott culturel d’Israël ».
Philipp l’a appelé un mouvement « antisémite ».
Mais le musée qui administre le prix artistique d’Aix La Chapelle a annoncé qu’après tout, il garantirait le prix de 10 000 dollars (9 000 €) à Raad.
Le Forum Ludwig pour l’art international a dit qu’il sanctuarisait les fonds indépendamment de la Ville.
Le musée est dit avoir désapprouvé la décision de la Ville et ne pas avoir trouvé de preuve d’antisémitisme chez Raad.
La mesure du soutien public de Raad à BDS semble résider dans sa signature à une lettre de 2014 demandant à des artistes de se retirer d’une exposition dans une université israélienne, selon ARTnews.
Philipp a dit que Raad était « évasif » lorsqu’il a été questionné sur BDS et qu’il « ne pouvait pas se distancier du mouvement ».