Une action armée, pas un acte terroriste

Le 10 septembre, des combattants palestiniens ont tiré une roquette contre une base de Tsahal située dans la ville israélienne d’Ashkelon, au nord de la Bande de Gaza. L’attaque a fait 57 blessés parmi les militaires ; aucune victime civile n’est à déplorer.

Cette action armée vient en réponse aux bombardements et aux raids quotidiens de l’armée israélienne contre la Bande de Gaza qui, eux, ont fait de nombreuses victimes parmi la population civile au cours des dernières semaines.

En réaction à l’opération qui a touché la base de Tsahal à Askelon, le premier ministre israélien Ehoud Olmert a aussitôt menacé de « frapper fort contre des groupes terroristes impliqués dans ce genre d’attaque ». Cette déclaration a été reprise sans commentaire par la presse française.

Et pourtant, il n’y avait strictement rien de terroriste dans cette action armée. Les militaires étaient les seuls visés et les seuls touchés ; il s’agit donc d’un acte de résistance légitime tel que défini par les règles de la guerre.

Si Olmert veut mettre fin au conflit, nous disons banco ! Mais pour cela, il ne s’agit pas de « frapper fort » contre des combattants palestiniens. Il s’agit plutôt de mettre fin à l’occupation. Dans ce but, il faut qu’Israël enlève son blocus contre Gaza, démantèle le Mur en Cisjordanie et de rapatrie l’ensemble de ses colons des territoires palestiniens.

Pendant ce temps, Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, est dans la région pour rencontrer Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas. Cette visite vient en préparation de la conférence internationale sur le Proche-Orient prévue pour le mois de novembre, sur l’initiative du président américain George Bush. Les autorités israéliennes ont montré des signes d’agacement et de méfiance à un engagement de la France dans ce dossier. Et pour cause : Tel-Aviv préfère les seuls États-Unis, voués corps et âme à sa cause et sur qui il peut compter de façon inconditionnelle.

De ce point de vue, un engagement français et européen au Proche-Orient serait une bonne chose. Mais encore, tout dépend ce que la France entend en faire. Pour le moment, Kouchner s’est contenté de déclarations prudentes sans avancer de propositions concrètes, le tout avec une langue de bois diplomatique destiné à rassurer son partenaire israélien. Il en faut beaucoup plus. Tout en encourageant un engagement plus approfondi de la France et de l’Europe, nous appelons le Quai d’Orsay et l’Élysée à un discours plus ferme afin d’obliger Israël à remplir ses obligations, à s’incliner devant le droit international et à appliquer les résolutions de l’ONU en faveur des droits légitimes du peuple palestinien. Tel est le chemin de la paix, Monsieur Olmert, pas des « frappes fortes contre des groupes terroristes ».