Sur 120 législateurs, 100 seront des soutiens de la politique d’apartheid. Voilà l’information politique essentielle des dernières élections israéliennes. Un régime colonial ne sera jamais démocratique, élections ou pas élections.
Gantz et Bibi au coude à coude, Balad exit de la Knesset. Vraisemblablement, forte probabilité pour une majorité autour de Netanyahou.
Certains persistent à voir Gantz comme un moindre mal par rapport à Netanyahou et à son bloc d’extrême-droite. Ce serait oublier un peu vite la campagne droitière et violemment anti-palestinienne menée par le candidat de « centre droit », lequel critiquait le « laxisme » du gouvernement précédent vis-à-vis de Gaza et promettait de tuer pour maintenir le calme à la frontière.
En vérité, un bloc travailliste/centre droit ne serait pas plus favorable à la lutte du peuple palestinien que les gouvernements précédents. Le rejet de la reconnaissance des droits et de la légitimité du peuple palestinien sur sa terre est une constante sur la scène politique israélienne (exception faite de l’extrême gauche). Historiquement, ce sont des socialistes qui ont fondé cet État, son armée, ses institutions coloniales. La politique israélienne est coloniale avant d’être de gauche ou de droite.
Ces élections témoignent de la large droitisation de l’ensemble de la société israélienne depuis la seconde Intifada. Une droitisation qui peut se comprendre comme le produit différé de la défaite du mouvement national palestinien en 92 et des accords d’Oslo conclus l’année suivante, lesquels ont politiquement désarmé la cause palestinienne et ouvert la voie au durcissement du colonialisme et de l’apartheid israéliens. Si sanction il y a contre Bibi, ce sera avant tout sur sa politique économique et sociale ainsi que pour les affaires de corruption, pas contre sa « politique palestinienne ».
Du côté du mouvement de solidarité avec la Palestine, il est urgent de rompre avec le cadre pourri d’Oslo auquel ni Palestiniens ni Israéliens ne croient. Face à l’offensive idéologique et diplomatique des derniers gouvernements israéliens, la société civile palestinienne a produit un outil central : la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). La renforcer, c’est rendre les conditions d’exercice de la politique israélienne plus difficiles et plus couteuses, c’est lutter contre la normalisation du colonialisme et de l’apartheid. Elle constitue la base nécessaire pour un front large et unit autour des revendications des palestiniens.
Bibi/Gantz, Trump, Bolsonaro, Orban, Salvini etc. Le monde se rétrécit à mesure que la recomposition autoritaire et néolibérale des États à l’échelle internationale gagne du terrain. Israël était déjà un laboratoire d’élaboration des politiques sécuritaires et des technologie militaires. Il est maintenant aussi un modèle de société pour les forces politiques les plus réactionnaires et fascisantes du monde. Voilà où mène le colonialisme, qu’il soit de gauche, de droite ou du centre.
Il est urgent de renouer avec une dynamique anti-impérialiste assumée et capable de nous donner une boussole politique et d’apporter un soutien décisif à la cause palestinienne.
Le 10 avril 2019
Par Simon Assoun (UJFP).