Un dialogue entre Emmanuel Lévyne et Abraham Serfaty (1970)

L’antisionisme est sans doute la tradition politique émancipatrice la plus caricaturée et la plus stigmatisée de nos jours, y compris sous un langage prétendument révolutionnaire. Dans ce texte extrêmement dense paru en janvier 1970 dans la revue Tsedek n°101 pages 7 à 12, Abraham Serfaty engageait un dialogue avec Emmanuel Lévyne, kabbaliste antisioniste de renom. Contrairement aux idées reçues, Serfaty montre que la perspective d’une Palestine démocratique et laïque, sur les frontières de 1948, n’implique en rien le reniement des traditions culturelles et religieuses, qu’elles soient juives ou musulmanes. Au contraire, fier de son héritage judéo-arabe, Serfaty souligne combien la révolution socialiste au Moyen-Orient nécessite une réappropriation des héritages messianiques, cultuels et éthiques communs aux « peuples du Livre ». Aux antipodes d’un marxisme-léninisme étriqué, Serfaty voit dans la lutte palestinienne un épanouissement possible de valeurs communautaires et religieuses, qui pourraient réenchanter un mouvement ouvrier occidental embourbé dans « les eaux glacées du calcul égoïste ». Cette contribution inestimable est un témoignage saisissant des tentatives communistes arabes de penser une théologie de la libération, qui combine résistance à l’impérialisme et hégémonie multiconfessionnelle.

NDLR : l’introduction et les notes sont d’Emmanuel Lévyne directeur de publication de la revue Tsedek

LETTRE D’INTRODUCTION A UN DOSSIER

Issy les Moulineaux le 26.5.69
M. Abraham SERFATY RABAT Maroc

Cher Frère et Ami,

Je regrette de ne pas vous avoir rencontré, mais votre lettre m’a fait bien plaisir. Cela faisait longtemps que je voulais entrer en contact avec des coreligionnaires des pays arabes. Pourquoi ne répondaient-ils pas à mon action qui allait tout à fait dans le sens de leurs intérêts immédiats, contrairement à l’action des sionistes qui veulent leur perte et cherchent à détruire leurs communautés qui ont été florissantes ? Il faut avoir beaucoup, de patience et tout ce que l’on espère finit par arriver, surtout quand on croit encore au Messie- c’est en cela que consiste la foi juive.
Toute la documentation que vous pourrez m’envoyer m’intéressera, et je la ferai circuler parmi nos amis.

Votre conception d’une Palestine arabe unifiée et démocratique m’intéresse beaucoup. Je pense également que les Juifs et les Arabes sont destinés à s’associer pour élaborer une conception plus humaine et plus spirituelle du socialisme. Israël n’a nul besoin d’avoir un Etat à lui, il doit féconder ceux des autres ne serait-ce que par sa simple présence. Mais tant qu’il existera un Etat juif en Palestine, il nous sera difficile de gagner la confiance des Arabes, qui nous tiendront pour suspects. C’est pourquoi il nous faut d’abord diriger notre lutte contre l’idéologie sioniste, et si elle est victorieuse, elle épargnera beaucoup de sang arabe et juif. L’Etat sioniste est une bombe qui risque de tous nous faire sauter, il faut la désamorcer en montrant aux masses juives que le sionisme va contre leurs intérêts et qu’il les utilise comme chair à canon pour servir les intérêts du capitalisme. Si nous réussissons nous-mêmes à abolir notre Etat, quel exemple pour le monde, nous apparaîtrons comme un peuple révolutionnaire modèle. Notre mission est de prouver qu’il est possible à une nation de s’émanciper de l’Etat et du Territoire et de se mondialiser …

E. LEVYNE


LETTRE D’UN FRERE JUIF DU MAROC

Rabat, le 25 Juin 1969
M.Emmanuel Lévyne.

Cher Frère,
Même si nous ne sommes pas d’accord sur tout, nous sommes frères, frères dans la lutte antisioniste, dans l’angoisse profonde que juin 67 a fait éclater en nous de voir le judaïsme auquel, croyants ou incroyants, nous ne pouvons pas dénier les valeurs qu’il a apportées à l’humanité, les valeurs dont nous avons été nourris, de voir le judaïsme sombrer dans cette monstrueuse entreprise qu’est le sionisme, j’ajouterai que le cri et l’angoisse de ce juif algérien (Roger Benhaim) déraciné me sont d’autant plus sensibles que j’ai fait ma vie de ce même rêve de fraternité humaine, ici, dans ce monde arabe qui reste le sien, malgré son exil.

Nous tous, juifs antisionistes dans le monde, nous devons effectivement contribuer à l’œuvre révolutionnaire contre l’Etat sioniste, contribuer ainsi à l’effort des révolutionnaires arabes pour ne pas tomber dans le piège du racisme, contribuer ainsi à ce que cette œuvre soit vraiment révolutionnaire, et pour le monde arabe, et comme apport à la lutte de toute l’humanité pour déraciner les formes d’oppression millénaire qui trouvent leur apogée dans l’agonie impérialiste.

Comme vous le dites, la vérité antisioniste se clarifiera, pour les juifs qui ont été mystifiés et trompés par le sionisme, de la libre confrontation, s’appuyant sur l’action pratique, de tous ceux qui, par des chemins divers, accèdent à la prise de conscience du crime contre le judaïsme et contre toute l’humanité qu’est le sionisme.

C’est pourquoi, je me dois de reprendre certaines de vos critiques concernant le socialisme et développer, comme vous m’y invitez, le concept de Palestine laïque, unifiée et démocratique, partie du monde arabe.

1/ Peut-on, concernant le socialisme, placer sur le même plan la réalisation concrète du socialisme dans le monde depuis cinquante ans avec ses imperfections humaines, et le monde pourri de l’impérialisme ? Faire cela serait rejoindre les sionistes qui actuellement organisent en grand une campagne antisoviétique sur les « juifs du silence » et convoquent à Londres une conférence à cette fin.

Alors que, tout de même, c’est bien le socialisme qui a mis fin aux pogromes en Russie, et les sacrifices des peuples d’Union Soviétique qui ont été le principal facteur d’écrasement du nazisme. Si le racisme ne s’efface que lentement des structures culturelles où il a été enraciné, les observateurs objectifs rapportent les changements radicaux connus sur ce plan en Union Soviétique, tel le reportage publié en mai par le journal « Le Monde », qui pourtant ne manque pas une occasion d’antisoviétisme, reportage sur les Républiques Musulmanes d’Asie Centrale, leur développement économique et culturel, la disparition de toute discrimination raciale ou religieuse, et la fraternité entre juifs et musulmans .

Bien sûr, le dépérissement même de l’Etat, lié aux changements profonds des structures culturelles enracinées par des siècles d’injustice, changements entrepris par la Révolution Soviétique et auxquels la Révolution chinoise, le combat des Vietnamiens, l’effort des Cubains, font de nouveaux apports, cet objectif est une œuvre qui demandera des générations. Il demande le déracinement des structures économiques d’exploitation de’ l’homme par l’homme, et, comme préalable, la liquidation, à l’échelle mondiale, de l’impérialisme, facteur permanent d’agression et de corruption.

En ce qui nous concerne, nous ne pouvons pas plus, dans cette lutte contre le sionisme, ignorer les liens de celui-ci avec l’impérialisme, que l’unité de la lutte antisioniste et anti-impérialiste avec les forces du socialisme dans le monde.
Dans cette unité, nous devons garder notre autonomie de jugement et de conduite, Et effectivement, l’œuvre révolutionnaire qui peut être accomplie dans le monde arabe avec la participation de juifs antisionistes pourra être un exemple pour le monde dans le déracinement du racisme et un apport spécifique important dans la construction d’une société juste assurant l’épanouissement humain.

Pour cela nous devons approfondir le sens de cette contribution en tant que juifs antisionistes.

2/ Je pense, pour ma part, que cette contribution à la révolution dans le monde, à la révolution arabe plus spécifiquement, n’est pas en tant que « peuple juif ». Elle est dans notre propre dépassement, pas seulement de « l’Etat juif », mais aussi de la conception d’une communauté culturelle au-dessus et au-delà des communautés nationales. Une telle conception, qui mène au concept de « peuple juif » et au sentiment de « supériorité juive », nourrit le sionisme. Elle est contraire au développement historique de l’humanité.

L’apport, sans doute spécifique, de la « question juive » dans le monde européen, et aujourd’hui, de façon aiguë, dans le monde arabe, est de ne pouvoir être dépassée et résolue que dans le dépassement et la révolution de l’ensemble des contradictions sociales qui aliènent l’homme.

L’étape historique que nous vivons n’est pas, comme le prétendent certains, d’effacement des spécificités nationales, mais celle de leur épanouissement au sein des ensembles nationaux qui font sauter les chaînes du capitalisme et de l’impérialisme et préparent ainsi un monde fraternel, par un dialogue sur un pied d’égalité entre les diverses cultures.

Notre contribution spécifique, en tant que juifs, à la construction de ces ensembles nationaux sur des bases révolutionnaires n’est pas en tant que « peuple juif » extérieur à ces communautés et s’y plaquant, mais en assumant notre double qualité de national et de juif par l’intégration de celle-ci à celle-là dans la participation active à cette construction. Cette intégration ne signifie pas l’effacement, mais effectivement, comme vous l’écrivez, « le renouvellement de nos valeurs traditionnelles essentielles, leur réexpression moderne. »

Ce qui permettra l’unité de ce monde humain à construire, et dont les prémisses émergent des luttes révolutionnaires, sera l’épanouissement des hommes dans leurs diversités nationales. Le judaïsme doit, pour rester fidèle à ses valeurs essentielles, en assurer la réexpression dans ces diversités nationales.

L’une des spécificités de la révolution arabe est justement de demander, par sa nature même, cette réexpression. La fausse solution de la « question juive » est dans ce que Marx dénonçait sous le terme de  » Etat politique  » dans l’étude qu’il y a consacrée. Cet Etat est celui de la démocratie bourgeoise, où l’homme est désintégré. Les valeurs essentielles du judaïsme, comme de l’islam, expriment l’aspiration des sociétés communautaires rurales à l’épanouissement de l’Homme total.

La société européenne qui a subi -le plus profondément, dans ce que l’on appelle la « Culture Occidentale », l’emprise du capitalisme, a désincarné cette essence
C’est ce que Marx justement dénonce sous le terme de  » juif réel  » dans la société capitaliste européenne par opposition au  » juif du sabbat « , dans la deuxième partie de sa « Question Juive » que certains auteurs, de mauvaise foi présentent comme un pamphlet antisémite 1. S’il faut critiquer ces déformations .de la religion, par les exploiteurs de l’humanité, une fausse conception du socialisme est de croire qu’il faut lutter contre ce que Marx appelait « l’esprit des temps sans esprit » (la religion) pour assurer cet épanouissement humain, alors que celui-ci précise, dans cette même étude : « l’esprit religieux ne saurait être réellement séculaire. En effet qu’est-il sinon la forme nullement séculaire d’un développement de l’esprit humain ? L’esprit religieux ne peut être réalisé que si le degré de développement de l’esprit humain, dont il est l’expression, se manifeste et se constitue dans sa forme séculaire. »
En quoi ceci diffère-t-il de l’idéal judaïque et islamique de la réalisation sur cette terre du Royaume de Dieu.

La société arabe contemporaine, dans sa restructuration révolutionnaire, incluant celle d’une culture nouvelle émergeant de l’acquis culturel antérieur, pourra assurer la « réexpression moderne » de cet épanouissement humain que des structures communautaires qui ont marqué cet acquis culturel permettent, au contraire ..de la Société et de la culture bourgeoises . ‘

S. Goiten a écrit ceci du passé commun judéo-musulman dans le monde arabe  » L’islam est fait de la chair et des os du judaïsme. Il est pour ainsi dire une refon¬te et un élargissement de celui-ci, exactement comme la langue arabe est très étroitement apparentée à la langue hébraïque. Le judaïsme a pu par conséquent puiser dans cette civilisation ambiante, et en même temps préserver son indépendance et son intégrité beaucoup plus facilement que dans la société hellénistique d’Alexandrie ou dans le monde moderne … jamais le judaïsme ne s’est trouvé dans des relations si étroites et dans un état de symbiose si fécond que dans la civilisation médiévale de l’islam arabe. » 2

Ce passé était encore vivant dans la vie quotidienne des communautés juives dans le monde arabe jusqu’à l’éclatement de ces communautés, sous l’emprise sioniste. Quel meilleur symbole que celui de la fête de Mimouna qui est traditionnellement, au Maroc, une fête d’amitié et de fraternité judéo-musulmane. Les premiers pains marquant la fin de Pessah étaient et sont encore offerts par les musulmans à leurs frères juifs, ce geste populaire marquant mieux que toute étude, la réexpression concrète du contenu de fraternité humaine biblique du pays de Canaan et le rejet de ses origines tribalistes et racistes. .

Voilà ce que signifie pour moi, et j’en suis convaincu, pour les révolutionnai¬res arabes conscients, quelle que soit leur origine religieuse, l’objectif d’un « Etat Palestinien Indépendant et démocratique » dont tous les citoyens, quelle que soit leur confession, jouiront de droits égaux, cet « Etat », partie de la Patrie arabe « devant contribuer activement à l’édification d’une société arabe progressiste et unifiée »‘ (Programme de El-Fath)

Je montre, dans la deuxième partie de mon étude sur « Culture et Progrès scientifique » qu’une telle conception, redonnant vie au contenu humain et progressiste de la culture arabe pour la projeter dans la construction de l’avenir, est en même temps autrement plus porteuse de progrès, y compris scientifique, que celle du monde capitaliste et de sa « Culture Occidentale » décadente.

Cher frère, j’ai déjà été trop long. Je joins à la présente lettre quelques documents sur la lutte .antisioniste au Maroc. Vous remarquerez que jusqu’à la période récente, elle était restée sporadique et sans suite, j’en analyse quelques raisons dans une étude qui paraîtra dans quelques mois 3. Il est sûr que maintenant, nous appuyant sur un objectif déjà clarifié pour le monde arabe, cette lutte ne doit plus s’arrêter mais se développer.

Cher frère, ce n’est que l’amorce d’un combat commun. Nous devons ici organiser l’information antisioniste dans une communauté juive de plus en plus dépersonnalisée sous des influences conjuguées de la colonisation et du sionisme. La connaissance d’efforts comme les vôtres, comme ceux de tous les juifs antisionistes dans le monde, est un élément essentiel pour notre effort.

Je vous salue fraternellement
Abraham SERFATY



Note-s
  1. (1) Dans une autre lettre, Abraham SERFATY nous écrit au sujet de ce passage :
    « Vous en comprendrez l’importance puisque c’est bien par opposition à l’essence du judaïsme, celle du sabbat, que Marx a critiqué le « juif réel « , de même qu’il a critiqué la réalité prise par la religion en général, par opposition à son essence.
    En ce temps où le courant révolutionnaire court le risque, du fait du sionisme, d’être influencé par le racisme anti-juif, il est important de ne pas laisser subsister de telles ambiguïtés. Ici, j’ai vu de jeunes étudiants prendre référence d’un ouvrage destiné aux lycéens de philosophie et écrit par un monsieur qui se prétend marxiste, Henri Lefebvre, ouvrage intitulé « Pour connaître la pensée de Marx », où ce monsieur entretient, dans un passage consacré à ce texte de Marx, de telles insanités. »
    Ce fameux texte de Marx sur « La Question Juive » et aussi et surtout le texte moins connu de Bruno Bauer auquel il répondait, nous aurons l’occasion d’en reparler. Car ils constituent une critique impitoyablement objective et difficilement réfutable de la société juive : l’essence du judaïsme étant la séparation du peuple juif du reste de l’humanité – l’existence privilégiée, égoïste, la même que celle de la bourgeoisie – comment ce peuple juif peut-il se plaindre d’être traité différemment ? Le juif et le bourgeois ont des affinités essentielles : ils sont des êtres élus, favorisés, privilégiés, supérieurs : le juif est un bourgeois spirituel comme le bourgeois est un juif social, et finalement le juif et le bourgeois devaient finir par se fondre en un même être et à s’identifier comme cela se produit de nos jours : « le juif, écrit Marx, qui se trouve placé comme un membre particulier dans la société bourgeoise, ne fait que figurer de façon spéciale le judaïsme de la société bourgeoise ».

    « Le Juif s’est émancipé d’une manière juive, non seulement en se rendant maitre du marché financier, mais parce que, grâce à lui et par lui, l’argent est devenu une puissance mondiale, et l’esprit pratique juif l’esprit pratique des peuples chrétiens. Les Juifs se sont émancipés dans la mesure même où les chrétiens sont devenus juifs. »

    « Le besoin pratique, l’égoïsme est le principe de la société bourgeoise ». C’est aussi « la base de la religion juive ». (« La question Juive », pages 50-52)

    C’est pourquoi, de ce point de vue, on ne voit pas comment on peut détruire la société bourgeoise sans se heurter à la société juive, autrement dit comment on peut être révolutionnaire sans paraître « antisémite » ?

    Mais Dieu, Moïse et les Prophètes, la Tora apparaissaient eux-mêmes comme des « antisémites » quand ils fulminaient contre le peuple juif qui adorait le veau d’or et le menaçaient d’extermination.

    On peut aussi défendre le point de vue que la différenciation est un principe de vie et de création que le peuple juif est chargé d’incarner, de personnifier et de sauvegarder, et que son assimilation et sa disparition signifieraient la destruction de l’élément qualitatif de la vie, le règne de la quantité et de l’homme unidimensionnel.
    Mais comme le fait remarquer Abraham Serfaty, Marx lui-même faisait une distinction entre le juif essentiel, le juif du sabbat, et le juif réel. Il est évident que les juifs représentatifs, les juifs auxquels le monde a affaire, ce ne sont pas les juifs essentiels, les juifs du sabbat, les juifs mystiques, les juifs aux psaumes, dont l’existence détachée de toute préoccupation contingente ne pose pas de problèmes sociaux et politiques, mais les juifs réels ce sont les Rothschild, les Dassault, les Bleunstein-Blanchet, les Lévitan, les commerçants de la rue du Caire ou du faubourg Saint-Antoine, et encore plus Ben-Gourion, Moché Dayan, Golda Mèïr et tout ce qui est israélien. Le judaïsme et les juifs réels ce sont bien eux. Ces juifs bourgeois, par l’effet de leur nature religieuse, sont infiniment plus bourgeois que les bourgeois non juifs : les défauts et les vices bourgeois se manifestent en eux avec une force mystique qui les rend absolus : c’est ce que nous voyons plus particulièrement avec l’Etat d’Israël créé par la bourgeoisie internationale enjuivée : tout Etat est un instrument d’exploitation et de domination mais infiniment plus l’Etat d’Israël – Etat absolu – Etat Dieu – : tout lui est permis et on n’ose rien lui refuser, le monde entier doit se plier à ses exigences, mais par là même il provoque infiniment plus la révolte et la haine de ses victimes, autrement dit l’antisémitisme … qu’il se proposait d’éliminer !

    La tradition mystique juive, la Kabbale, établit également la distinction entre les juifs essentiels – le véritable Israël, peuple de pauvres, doux et pacifiques, sans aucune ambition terrestre, tout occupés à l’étude et à la pratique de la Tora, comme les Netourei Karta – et les juifs apparents – le faux Israël, le  »Erev Rav » , société de riches et de repus, méchants et violents, conquérants et dominateurs, maîtres et dirigeants de la Communauté juive, appelés à disparaître à la fin des temps .
    Comme le dit le Zohar, la Bible de la Kabbale, il y a Israël et il y a Israël.

    []

  2. S. Goiten, « Juifs et Arabes », Editions de Minuit.
    Etude remarquable sur le passé commun des Juifs et des Arabes malgré une conclusion marquée d’aliénation à l’Occident. []
  3. Cette étude vient de paraître dans le dernier numéro spécial de la revue « Souffles » (4 avenue Pasteur, Rabat, Maroc) « Pour la Révolution Palestinienne » sous le titre « Le Judaïsme Marocain et le Sionisme ». Dans ce même numéro, il y a une autre étude de ce même auteur « L’Etat d’Israël est-il une nation ? ». Dans une note biographique, il est indiqué qu’Abraham Serfaty est « né en 1926 à. Casablanca. Ingénieur des Mines. Professeur à l’Ecole Mohammedia- d’ingénieurs, de Rabat. Milite dans le mouvement national depuis 1944. »[]
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