Le débat sur l’anthropocène est en train de quitter le pré carré des géologues et des écologistes militants pour faire surface dans la presse généraliste, et le cosmopolitisme que nous devons à la culture juive diasporique peut nous aider à la compréhension du monde.
La Terre est entrée dans une ère où les modifications principales l’affectant sont liées à l’activité humaine, et ses modifications sont lourdes de menaces. Le choix discuté de la date du début de l’anthropocène (la révolution industrielle ? La première explosion nucléaire?) est finalement anecdotique
Il ne faut pas imaginer la fin de la planète : elle survivrait à la disparition de l’Humanité, même si, au moins un temps, il n’y aurait plus d’espèce pour en avoir conscience et en rendre compte.
Mais il ne faut pas imaginer la fin de l’Humanité comme un feu d’artifice final et joyeux.
Si rien n’est fait pour enrayer les tendances lourdes des évolutions en cours, cette fin interviendrait dans un monde de guerres et de souffrances, qui a déjà commencé pour beaucoup.
Disons que la pérennité de la possibilité pour l’Humanité de continuer à vivre sur cette planète avant d’être capable de migrer sur une autre n’est pas assurée.
Les menaces sont connues et multiples :menaces sur l’alimentation, sur la reproduction humaine, sur la biodiversité , sur la santé humaine, et donc pas seulement le dérèglement climatique, la réduction des terres émergées alors que se poursuivrait un temps l’augmentation significative de la démographie humaine, sans parler des effets possibles de catastrophes prévisibles ou imprévisibles (nucléaire, tremblements de terre,…).
Quelle politique dans un tel contexte ?
Le camp des néoconservateurs (dont le gouvernement français) va dans un sens : radicalité de la remise en cause des acquis sociaux (cf le traitement punitif imposé à la Grèce), radicalité du développement de l’appareil numérique répressif et exigence du contrôle social, gouvernance au service des puissants au nom de l’identité, glissement des « couches moyennes » vers une pauvreté précarisée, poursuite de la recherche du profit maximum « tout de suite maintenant »…
Donc guerre permanente au « terrorisme », aux migrants, mais aussi et en fait aux pauvres, quand les jeux ne leur suffisent pas.
Une alternative encore possible ?
Peut-être que l’enchaînement en cours conduisant à la catastrophe finale est engagé de façon irrémédiable, mais rien ne nous le prouve. Le catastrophisme peut être une forme de démission.
Cependant, s’il y a un espoir, il ne peut être que dans le choix de ruptures radicales sur beaucoup d’aspects de l’existence.
Combinaison indispensable des initiatives locales et de la réflexion globale pour des interventions au niveau local comme global.
La solution heureuse ne peut être que dans une perspective égalitaire et coopérative, de consommation modeste et de temps libre.
Que vient faire la Palestine là dedans ?
Certes, nous n’avons pas besoin de replacer Israël Palestine dans ce contexte pour justifier l’attention particulière que nous accordons à ce sujet :
- pas de crime en notre nom, au nom des Juifs du monde entier qui pour le sionisme et le CRIF devraient obligatoirement se ranger derrière le terrorisme d’Etat israélien
- pas de complicité de crime en notre nom, par un Etat français continuant plus que jamais à couvrir les crimes d’Israël et à contribuer à lui assurer l’impunité.
A ceux qui nous disent : pourquoi cet acharnement sur ce seul conflit, n’est-ce pas là une preuve d’une tentation antisémite ? Nous pouvons et devons répondre que c’est faux : à titre personnel comme parfois à titre collectif nous dénonçons tous les crimes et toutes les discriminations dans le monde (à commencer par ici même) . De plus, le « conflit » Israël Palestine est le premier dossier sur lequel l’ONU s’est penché avec le succès que l’on sait.
Je voudrais aujourd’hui insister sur le fait que cette terre est le microcosme des dérèglements du monde :
* concentré des rapports Nord Sud : surconsommation d’énergie et d’eau à Tel Aviv, dénuement des Palestiniens du Neguev et de Gaza ; spéculation immobilière sur la côte et destruction des villages et des maisons par l’armée israélienne ; accès des Israéliens Juifs au monde entier et enfermement des Palestiniens ; les eaux usées des colonies peuvent se déverser sur les villages en dessous, etc
* concentré de la domination et de ses méthodes de violence froides et chaudes : tester les armes à Gaza devient argument de vente à l’export ; technologie du Mur, du barbelé, du drone de surveillance et du drone tueur, de la surveillance électronique,…
* concentré de l’irresponsabilité environnementale : les technologies les plus sophistiquées pour économiser les énergies fossiles et l’eau sont mises au point en même temps qu’explose la consommation de climatiseurs et des métaux lourds qui s’accumulent dans la mer et dans la nappe phréatique. Et chacun sait que l’évacuation des colonies de Gaza par Sharon en 2006 n’obéissait pas qu’à des objectifs de sécurité et au besoin de faire un coup politique : il devenait impossible de continuer la culture intensive des fleurs coupées pour le marché d’Amsterdam quand la nappe phréatique appauvrie est envahie par l’eau de mer.
Malheureusement, nous risquons de devoir nous passer de Nicolas Hulot Superman pour expliquer cette idée simple : il en était encore récemment à prendre le KKL, le Fonds national juif qui « judaïse » les terres en expulsant leurs habitants palestiniens, pour une association écologique.
André