Les tueries de Charlie Hebdo et de la porte de Vincennes ne doivent pas nous empêcher de réfléchir. Bien au contraire, elles ont ouvert une période de questionnements et de doutes chez des millions d’entre nous, auxquels il faut apporter des réponses, quand bien même celles-ci ne sont pas dans l’air du temps et ne sont pas consensuelles, afin d’éviter que d’autres n’imposent leurs réponses guerrières, sécuritaires et racistes. Ce qui suit est une tentative de réponse, incomplète, à certains de ces questionnements, mais aussi la formulation de pistes de travail et d’action ; d’où un ton que d’aucuns trouveront peut-être parfois un peu prescripteur, mais qui révèle avant tout une préoccupation : agir pour ne pas subir.
J.S, le 19 janvier 2015
Les assassins ne sont pas des irresponsables
Au sujet des tueries elles-mêmes, deux discours apparemment opposés se font face, qui ont toutefois un point commun : celui de déresponsabiliser les assassins. Le premier de ces discours est celui qui domine chez les élites politico-médiatiques : les tueurs sont des « fous », des « monstres », des « barbares », et rien ne peut expliquer rationnellement leurs actes. Le second discours vient de certains acteurs antiracistes et/ou anti-impérialistes : les tueurs sont le produit des politiques, intérieures et extérieures, de la France, et l’on peut comprendre (sans les justifier) les tueries comme une conséquence de ces politiques.