La stratégie de Netanyahou de refuser tout cessez-le-feu et de parier sur l’élection de Trump s’est révélée gagnante et semble porter ses fruits.
Trump est bien décidé à peser de tout son poids dans les affaires proche et moyen-orientales. Ce poids-là vise à faire pencher décisivement la balance du côté d’Israël et, plus encore, du côté des projets portés par la droite et l’extrême droite israéliennes : expulser les Gazaouis de chez eux, les transporter comme des troupeaux en Jordanie et en Égypte et « construire un paradis » à Gaza, après avoir tout déblayé. Pas de considération pour les Gazaouis, pas de considération pour le patrimoine multiculturel de Gaza, pas de considération pour les États souverains de Jordanie ou d’Égypte : le fric, le fric et le fascisme. Tout s’achète ! Même si pour le moment, la Jordanie et l’Égypte ont opposé une fin de non-recevoir aux propositions de Trump.
En dépit de l’émergence d’un mouvement décolonial important, le colonialisme fait un retour retentissant avec Trump ; ses derniers propos sont ceux d’un pur colonialisme, doublé d’un affairisme et d’un suprématisme décomplexés, qui laissent augurer le pire.
Le Trump de 2025 porte l’idéologie de ces chrétiens évangéliques sionistes qui ont, en partie, fait son élection ; il déclare vouloir « prendre le contrôle de la bande de Gaza » ; son objectif : faire de Gaza « la Côte d’Azur du Moyen-Orient » et Netanyahou acquiesce. Après l’utilisation de la Bible pour justifier la colonisation des Palestiniens par les Juifs sionistes, Trump l’évangélique ne fait pas de détour pour annoncer son projet qui bénéficierait à des colons, qu’ils soient juifs ou non. Il est sûr de lui et comme tout suprémaciste, dénie tout rôle au droit international.
Les États-Unis, les fournisseurs de bombe, sont les véritables agents de la politique impérialiste au Moyen-Orient.
En Israël, la majorité des Israéliens soutiennent Netanyahou et adhèrent à l’idée « d’éradication du Hamas ». La critique de Netanyahou, en plus des accusations récurrentes de corruption, ne concerne que son incapacité à faire libérer les « otages ». Les Israéliens sont pour la reprise de la guerre après la libération de toutes les personnes encore détenues à Gaza.
Dans le même temps, la répression et la poursuite de la colonisation se développent à un rythme soutenu en Cisjordanie.
Les voix israéliennes critiques de la politique de leur pays, qui dénoncent le génocide commis à Gaza, sont attaquées par le gouvernement israélien et prennent le risque de perdre leur travail, ou même de subir un emprisonnement, quand ils ne choisissent pas de quitter Israël. Il n’empêche que de courageux jeunes (refuzniks) continuent à refuser de servir dans cette armée-là.
Il en est de même des médias indépendants. Le cas d’Haaretz est exemplaire à cet égard. Les autorités accusent Haaretz de porter atteinte « à la légitimité de l’État d’Israël et à son droit à l’autodéfense », ainsi que de « soutenir le terrorisme ». Cette action s’inscrit dans une tendance plus générale rappelant la période maccarthyste aux États-Unis : répression contre les médias critiques, incluant des attaques contre d’autres organes de presse et des projets de loi visant à fermer des chaînes publiques de télévision. Aucune image de Gaza n’a été diffusée sur les chaînes israéliennes et la chaîne Al Jazeera qui fournissait ces images, a été interdite de diffusion, avec fermeture de ses bureaux.
Surfant sur la droitisation des opinions, favorisée par des médias et réseaux sociaux contrôlés par des milliardaires illibéraux, Trump et Milei oeuvrent au démantèlement du dispositif du droit international et des agences de coopération internationale, créés au lendemain de la deuxième guerre mondiale, ce qui tôt ou tard atteindra tous les peuples du monde et pas seulement les Palestiniens.
L’expression d’une parole juive antisioniste et décoloniale est nécessaire pour résister à « l »après » tel que le dessine Trump, c’est-à-dire sans tenir compte des Palestiniens et de leur droit à l’autodétermination.
L’UJFP préconise une alliance de toutes les forces de soutien au peuple palestinien, pour que la France et l’Union européenne se positionnent et sanctionnent l’État d’Israël, pour faire contrepoids aux délires coloniaux tant de Netanyhaou que de Trump.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 7 février 2025