Voici le texte lu, vendredi soir 15 mars 2019 devant la PAF par un des Maraudeurs pour le Collectif Tous Migrants.
Aujourd’hui 15 mars 2019, UNE GRANDE MARAUDE SOLIDAIRE se déroule à Montgenèvre, à l’appel de Tous Migrants soutenue par de nombreuses associations, collectifs nationaux et locaux.
Cette action est un appel déterminé face à une situation frontalière qui ne cesse de s’aggraver, malgré les multiples alertes lancées sans relâche aux autorités, malgré le décompte morbide des morts et blessés par gelures et chutes.
Nous constatons que les migrants subissent :
– Des refoulements illégaux à la frontière
– Des traques à l’homme dans la montagne
– Des violences policières verbales et physiques
– Des contrôles au faciès, des attitudes et propos racistes et des pratiques humiliantes
– Des destructions de papiers d’identité et des pratiques de faux en écriture publique
– Des vols d’argent et de téléphone
– Des délaissements en situation de vulnérabilité (maladies, grossesse, état d’épuisement, hypothermie…)
Nous constatons que les solidaires subissent :
– Des intimidations, harcèlements, amendes, arrestations et peines d’emprisonnement
– La fermeture de lieux de répit et de mise à l’abri
– L’acharnement dans les contrôles d’identité et de véhicule lors des manifestations
– Des atteintes à leurs vies privées (films, photos, mises sur écoute, divulgation de faits privés au cours des procès…)
Nous rappelons que :
– Refouler à la frontière des mineurs isolés et toute personne souhaitant demander la protection de la France est une violation des droits fondamentaux énoncés dans les traités internationaux signés par la France
– Militariser la frontière pour rejeter les personnes exilées les poussent à passer par la montagne et à mettre leurs vies en danger
– Traquer des êtres humains dans la montagne constitue une pratique abominable et criminelle
– Empêcher les aidants de porter secours en les intimidant ou en les condamnant pénalement, c’est mettre impunément des vies en danger ; c’est vouloir contraindre les citoyens d’accepter sans réagir un drame humanitaire et une répression d’Etat illégale et criminelle.
Nul ne peut aujourd’hui ignorer la situation répressive et dangereuse à la frontière.
Nul ne peut accepter de rester témoin passif de ce drame humanitaire qui se joue chaque nuit à la frontière.
Nul ne peut dormir tranquillement tant que l’Etat traquera des hommes à nos portes, et au delà, abandonnera des hommes à la mer, laissera des êtres humains se faire torturer en pactisant avec des dictatures.
Nul ne veut que l’Histoire se répète (racisme, génocide, enfermement, travail forcé, torture, répression de la population…).
Nul ne peut accepter la mort de Tamimou,
Nul ne peut accepter les morts de Blessing, Mohamed et Alpha,
Nul ne peut accepter les traumatismes subis par Mamadou, Ibrahim, et tous les autres.
Face à un Etat hors-la-loi qui met délibérément en jeu la vie de personnes en les rejetant, les maraudes et la mise à l’abri des personnes exilées s’imposent à nous pour préserver notre humanité.
La protection inconditionnelle des vies est la base de notre humanité.
Le 15 mars, journée internationale contre les violences policières, et tous les autres jours de l’année, soyons tous maraudeurs. Offrons un sourire, un café, du réconfort, une mise à l’abri à ces personnes qui frappent à notre porte pour échapper au pire. Ouvrons les yeux face à l’injustice. Refusons d’être complice de la barbarie. Comportons nous de manière humaine. Que le regard de nos enfants et le respect de notre propre dignité nous motivent pour agir. Et que la chaleur de l’entraide et la force de la solidarité nous donne le courage nécessaire.
Les montagnes qu’ensemble nous parviendrons à renverser ne sont pas celles que nous aimons mais ces politiques barbares qui veulent les utiliser comme des murailles dressés contre d’autres êtres humains, jusqu’à y semer la mort.