« Terroristes ! » Pendant combien de temps cette représentation des Palestiniens leur sera-t-elle attribuée ? Le livret gouvernemental des JO 2024 pour les scolaires l’entretient.

Le ministère de l’Éducation nationale diffuse à des millions d’exemplaires du primaire un livret de présentation des JO 2024. Document du gouvernement, il en a tous les caractères : valorisation de l’esprit du sport, des sports et des sportifs, de l’unité nationale.

A la page 17 du livret, le choix de cinq événements en rapport avec l’histoire des jeux ou pendant les jeux pose question. Quatre dates à valeurs humanistes sont illustrées : Owens, noir américain victorieux en 1936 à Berlin, Smith et Carlos poings levés à Mexico en 1968, le même drapeau pour les deux Corées en 2000, la reconnaissance des droits d’athlètes réfugiés en 2016.

Le livret évoque le contexte historique des Jeux, celui de Berlin en 1936 où le CIO y adoube le nazisme, alors que l’appel à boycott est lancé par de hautes personnalités. A propos du drapeau coréen, le contexte est précisé. Le livret par ailleurs ne mentionne pas du tout des actes de violence pendant les épreuves ou que les Jeux s’inscrivent dans un contexte géopolitique, pour exemple celui de la Guerre froide (Melbourne 1956, Moscou 1980).

Par ailleurs, serait-il incongru de dire aux écoliers que les JO ont été et restent parfois exaltation de la victoire du vainqueur, de la force physique, du nationalisme ? Alors que l’idéal olympique est porté haut, en gommant dans ce livret tout ce qui serait contraire à cet idéal de paix, de valeurs humanistes.

Vignettes à valeurs positives dans l’histoire des Jeux, sauf…la cinquième vignette qui porte sur les Jeux de Munich 1972 :  » Les Jeux ont parfois été le théâtre d’actes de violence. Aux JO de Munich ( 1972) des terroristes palestiniens prennent en otages des athlètes israéliens pour exiger la libération de prisonniers palestiniens détenus par Israël. L’issue de cette prise d’otages est tragique : 11 sportifs israéliens sont tués. « Même en quelques mots, les débuts de l’occupation violente et de la colonisation israélienne illégale en droit international en Palestine qui explique la prise d’otages ne sont pas rappelés. Cette violence sortirait-elle de nulle part ? Et toujours le qualificatif de « terroriste » sans contexte accolé au commando preneur d’otages.

Tout ce que Georges Pompidou précise quelques jours après : « Le terrorisme, dans la mesure où il frappe partout, aveuglément, des innocents, nous le condamnons. Mais ne nous illusionnons pas, on ne supprimera pas le terrorisme palestinien si on n’a pas une solution quelconque du problème palestinien. On ne peut pas éliminer un phénomène de cet ordre si on ne peut pas résoudre la cause profonde du phénomène. » G.POMPIDOU1. Les élèves sauront-ils qu’en représailles Israël bombarda des camps de réfugiés palestiniens (plusieurs centaines de tués) puis envahit le Liban, assassina des responsables de l’OLP ? Alors que depuis, le combat des Palestiniens pour leur Droit légitime à l’autodétermination continue, dans le contexte que nous connaissons.

Nous nous engageons à diffuser largement cette présentation plus exacte de ce que sont les JO.

26 mars 2024 GT-Éducation AFPS- UJFP- AURDIP

Le livret de présentation des JO 2024 à consulter (document du gouvernement) :


Note-s
  1. https://www.lemonde.fr/archives/article/1972/09/23/munich-on-ne-supprimera-pas-le-terrorisme-sans-resoudre-le- probleme-palestinien_2389027_1819218.html Il ajoutait dans cette interview : « Alors je constate que les combats proprement dits ont pratiquement cessé au Proche-Orient, mais que l’engrenage terrible de l’acte de terrorisme, que les autres appellent acte de résistance, forcément, a commencé, entraînant des mesures de représailles qui, à leur tour, quelles que soient leur habileté, leur efficacité, leur rapidité, provoqueront de nouveaux actes de terrorisme. Et devant cet engrenage et l’absence totale d’horizon ouvert, je suis profondément préoccupé. « , 22 septembre 1972[]