La municipalité de Jérusalem est partenaire d’une manifestation artistique intitulée Okhaleï Shalom (les « tentes de la paix »), qui consiste en l’exposition d’une vingtaine de tentes érigées dans la ville trois fois sainte, avec le mot « paix » calligraphié sur ses toiles. À l’intérieur de chacune de ces tentes, un écran connecté à Internet diffuse en direct des messages en faveur de la paix venus du monde entier. Cette œuvre a été réalisée par Clara Halter, la plasticienne qui a signé une exposition à Hiroshima, mais aussi le « Mur de la paix » sur les Champs de Mars à Paris.
Les intentions de l’artiste sont sans doute louables, mais celles de la Ville de Jérusalem le sont un peu moins.
Il faut savoir que ce projet a également reçu le soutien de la Ville de Paris, de la Fondation Baron David de Rothschild et de la société française L’Oréal. Il ne manque plus à ce palmarès que le concours de quelques autres entreprises françaises, comme… Alstom ou Connex, par exemple. Comme on le sait, ces dernières sont en train de construire un tramway reliant la partie israélienne de la ville aux colonies annexées de Jérusalem-Est, dans la partie palestinienne occupée. Quand on connaît tous les moyens que les autorités municipales de Jérusalem sont en train de déployer pour l’achèvement du Mur dans ses faubourgs orientaux en territoire palestinien, quand on sait l’expulsion systématique de citoyens palestiniens de Jérusalem-Est depuis plusieurs années, ces « Tentes de la paix » laissent un mauvais goût dans la bouche. Et Paris n’est pas la seule ville française dans le coup. Plusieurs communes, départements et régions de l’Hexagone ont également décidé de soutenir l’événement en faisant l’acquisition d’une ou plusieurs Tentes de la Paix. Et après la clôture, les tentes seront exposées dans le cadre de manifestations locales par les collectivités françaises. Si les pouvoirs publics français veulent promouvoir la paix à Jérusalem, ils seraient mieux d’apporter leur soutien à l’association « Femmes en Noir », originaire de cette ville, qui proteste chaque semaine contre l’occupation, ainsi qu’à d’autres associations anticolonialistes de Jérusalem. Ils peuvent aussi interpeller les autorités nationales pour mettre fin à la coopération militaire franco-israélienne, pour suspendre l’Accord d’association entre l’Union européenne et Israël ou encore pour faire appliquer la décision de la Cour internationale de justice ordonnant le démantèlement du Mur en territoire palestinien, qui est en train de défigurer Jérusalem et ses environs. Michèle Sibony, membre de l’UJFP, a écrit un article dénonçant l’hypocrisie de ces « tentes de la paix ». Vous pouvez [url=http://www.ujfp.org/modules/news/visit.php?fileid=25]lire l’article de Michèle Sibony[/url] (au format pdf), avec d’autres informations sur ce projet artistique controversé.