Tenir les deux bouts

Il est des situations où il ne peut pas y avoir de « mais ». Absolument rien ne pouvait justifier le choix de kidnapper une mère avec ses deux enfants, ni de mettre en scène le retour de leurs corps. Et ce peu importe l’identité du groupe à l’origine de leur rapte, ou qu’ils aient été tués par un bombardement israélien. Ces éléments restent inaudibles précisément parce qu’ils paraissent introduire un « mais » là où il ne peut pas y en avoir. Tergiverser sur ces principes élémentaires d’humanité c’est tomber dans le piège déshumanisant du colonialisme.

Et le « mais » n’est pas plus acceptable face à cette autre réalité qui fait que « tenir les deux bouts » ça ne peut pas être « renvoyer dos à dos ». Un État a considéré sciemment que le sort des Bibas, et de centaines d’autres personnes tuées ou kidnappées le 7 octobre 2023, rendait légitime l’écrasement complet et sans limite de tout un peuple, dont il s’emploie depuis des decennies à nier les droits et à faire disparaître par tous les moyens possibles. Des milliers de familles palestiniennes ont ete decimées ces quinze derniers mois, au point où ne sommes pas encore capable d’estimer le nombre de victimes, et sans que vous ne connaissiez leur nom. Des centaines d’enfants palestiniens se sont retrouvés emprisonnés sans charge ni preuves, et ce bien avant le 7 octobre 2023, sans que vous ne connaissiez leur histoire. Il ne peut pas y avoir de « mais ».

Parmi d’autres intellectuels palestiniens, l’ambassadeur de la Palestine à l’ONU, Majed Bamya, écrit sur X : « Il y a deux attitudes possibles lorsqu’on entend parler du sort des enfants palestiniens de Gaza ou des enfants de Bibas. Oublier qu’il s’agit d’enfants et se concentrer sur le récit politique que l’on essaie de faire passer, avec des arguments déconnectés de toute humanité. Ou bien se souvenir qu’il s’agit d’enfants et ressentir une tristesse absolue, sans nuance, sans équivoque, et au lieu de trouver d’autres raisons pour que d’autres enfants soient tués, reconnaître que nous avons tous le devoir sacré de mettre fin à toutes ces souffrances et à tous ces maux. Une fois pour toutes. Pour que tous les enfants puissent vivre et grandir dans un avenir où ils jouiront de la liberté, de la dignité et de la sécurité. »

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