Témoignage de Gaza : Abu Amir le 23 avril (par téléphone)

La situation dans la bande de Gaza se détériore.

À Nuseirat l’armée a rasé des quartiers entiers.

Ce matin encore nous venons d’apprendre la destruction d’un immeuble où vivent des gens que nous connaissons. Nous attendons avec anxiété des informations.

Dans le camp des paysans et de leurs familles

Depuis le retrait de WCK (World Central Kitchen), le camp est affamé. Nous nous efforçons de trouver d’autres sources de nourriture. Comme équipe UJFP, nous sommes membres de l’organisation du camp, nous en assurons même la présidence. On attend de nous que nous réglions tous les problèmes.

Un problème essentiel est celui de l’eau. La pompe du forage qui nous alimentait est grillée, et on a de sérieux problèmes avec le gaz qui permet d’actionner le générateur.
La solution serait une batterie solaire, qu’un voisin du camp accepterait d’utiliser sur son forage pour nous donner de l’eau, mais une batterie solaire, c’est très, très cher.
Il faut voir suivant la puissance, mais pour 600 watts, le prix qui était auparavant de 800 shekels (pour une batterie neuve) est maintenant de 2500 shekels pour une batterie d’occasion. Tout le monde en cherche dans toute la bande de Gaza.

Cela fait une semaine que nous n’avons pas d’eau, j’ai pu débrouiller deux jours d’eau potable, j’espère arriver à faire venir un camion la semaine prochaine pour 2 autres jours d’eau potable.

Mais le problème est entier pour l’eau des autres besoins, hygiène en particulier.

Je vais revenir vers vous sur la question de la batterie solaire, il faut d’abord que nous vérifions les spécificités techniques, pour acheter utilement s’il le faut.

Abu Amir décrit ensuite les problèmes d’argent

Grâce à la solidarité française transmise par l’UJFP, Abu Amir a de l’argent sur son compte mais il n’y a plus de cash à Gaza. Il se débrouille parce qu’on le connaît et que ses interlocuteurs lui font confiance.

Les distributeurs automatiques de billets sont assaillis par des milliers de personnes voulant retirer de l’argent.
La pénurie a provoqué l’apparition de voleurs armés qui essaient de s’emparer de l’argent liquide qu’ils peuvent trouver.
Les commerçants qui peuvent accéder au cash à partir des cartes bancaires demandent un pourcentage indigne, 25 %.
Western Union prélève aussi des sommes importantes sur les virements, ce qui n’existait pas autrefois.

Il faut dire qu’il y a vraiment pénurie de cash. Partout aux carrefours, on voit des milliers de petits vendeurs, qui vendent tout et n’importe quoi, et gardent leur monnaie sur eux en cash, sans rien ré-injecter dans le système financier.

Pour l’instant Abu Amir précise qu’il fait face, avec l’aide de personnes du camp et du Mokhtar Abu Jamal (resté au Caire depuis octobre).