Témoignage de Gaza : Abu Amir, le 14 mars par téléphone et par Whatsapp

Abu Amir fait à la fois, dans ce qui suit, un point factuel et un point politique.

Le point sur les denrée alimentaires

Il existe dans chaque zone de la bande de Gaza un bureau de distribution des denrées qui reçoit des marchandises et qui les revend. Le problème est que toutes les denrées ne sont pas vendues au prix réel et que beaucoup sont vendues au marché noir.

Abu Amir essaie de tout acheter au prix réel.

Pour les poulets, le prix réel est de 25 shekels (7 euros) par poulet mais ça monte à 50, voire 70 shekels au marché noir.

Pour les bonbonnes de gaz indispensables, le prix réel est de 80 shekels par bonbonne (22 euros) et ça monte à 200 shekels au marché noir. Abu Amir a besoin de 100 à 200 bonbonnes pour pouvoir nourrir les paysans et leurs familles. Il y a des papiers à remplir pour obtenir ces bonbonnes.

L’équipe médicale qui était venue dans le camp n’est pas revenue. Il y a bien un médecin dans un bâtiment voisin (là où ils cuisent la nourriture) mais pas de visite régulière. Abu Amir demande un renouvellement du passage d’un médecin.

Enfin, Abu Amir cherche à s’appuyer sur des associations solides. Ils ont pu construire un troisième bloc de sanitaires (WC-douches).

Nouvelles de Gaza (Abu Amir)

L’occupant israélien continue d’intensifier ses attaques contre la bande de Gaza alors que le mois de Ramadan entre dans son troisième jour, sachant que le mois de Ramadan est un mois sacré et un mois de culte pour les musulmans en général et pour les habitants de la bande de Gaza en particulier. Mais l’occupant manque de respect pour ces rituels, qui sont pratiqués par plus d’un milliard de musulmans, et ceci au mépris du droit international.

Un résumé des derniers développements sur le terrain dans les dernières heures du troisième jour du Ramadan (https://t.me/btfseel) :

5 martyrs et blessés suite au bombardement par l’occupant du siège de distribution de l’aide de l’UNRWA,  » L’entrepôt « , dans le centre de Rafah.

Deux martyrs et un blessé dans un bombardement israélien qui a visé une voiture civile à proximité de la salle du Palais de la Reine à Khirbet Al-Adas à Rafah, au sud de la bande de Gaza. Les deux martyrs sont Nidal Musa Sheikh Al-Eid (Al-Zamili) et Muhammad Abu Hassoun.

Le corps du martyr Ali Khalil Ahmed Obaid, 48 ans, a été transféré de la ville de Hamad dans le gouvernorat de Khan Yunis à l’hôpital Al-Najjar à Rafah.

Les corps de 17 martyrs ont été transférés ce matin depuis la ville de Hamad au Nord-Ouest de Khan Yunis jusqu’à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir Al-Balah après un attaque ciblée effectuée par l’occupant.

L’occupant tire des bombes fumigènes à l’est de Jabalia, au nord de la bande de Gaza.

Destruction des panneaux solaires au-dessus de l’hôpital baptiste de Gaza.

Un troisième véhicule civil a été ciblé aujourd’hui à Rafah. Il y a un certain nombre de martyrs et de blessés.

21 martyrs sont arrivés au complexe médical Al-Shifa depuis ce matin en raison des bombardements de l’occupant sur les maisons des citoyens dans la ville de Gaza.

Un site d’information israélien a rapporté qu’avec la coopération de 80 pays, 100 camions transportant 2 000 tonnes d’aide sont acheminés aujourd’hui dans la bande de Gaza par le point de passage de Rafah.

L’armée jordanienne a annoncé qu’elle avait effectué 7 nouveaux débarquements d’aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza aujourd’hui, avec la participation de l’Égypte, des États-Unis et de la Belgique.

Les organisations internationales présentes à Gaza ont indiqué que les largages d’aide humanitaire ne répondaient pas aux besoins de la bande de Gaza et ne permettaient pas de nourrir et de soigner 2,3 millions de personnes vivant dans une situation catastrophique. Ces organisations internationales signalent que certains des pays qui ont effectué des largages d’aide fournissent également des armes à Israël, et qu’ils doivent cesser et imposer un cessez-le-feu immédiat et acheminer l’aide sans restrictions.

Le journal israélien “Haaretz” a rapporté que de nombreuses déclarations internationales condamnant les actions honteuses de l’occupant ont commencé à apparaître récemment. La position la plus claire est celle de l’Afrique du Sud, qui a déclaré par l’intermédiaire de son Ministre des Affaires Étrangères : « nous arrêterons nos citoyens qui servent dans l’armée israélienne s’ils retournent en Afrique du Sud ».

Un fonctionnaire américain a déclaré que l’opération militaire israélienne à Rafah conduirait probablement les États-Unis à autoriser le dépôt d’une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat, ce qui signifierait un changement de la position américaine à l’égard d’Israël sur le plan international.

« Je ne veux pas qu’ils prennent la Palestine ». C’est le message d’une Américaine, Debra Drole, après avoir été blessée par un bombardement israélien à Gaza :

Une citoyenne américaine de 65 ans vivant dans la bande de Gaza a été sauvée dans les décombres de sa maison détruite par l’occupant israélien dans la ville de Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza

Elle souffre de blessures dans diverses parties de son corps et de blessures au visage à la suite du bombardement qui a détruit sa maison. Les ambulanciers et les habitants du quartier ont pu l’extraire des décombres. Elle a été transportée à l’hôpital et a indiqué en pleurant qu’elle essayait d’appeler à l’aide en arabe parce que les ambulanciers ne comprenaient probablement pas son anglais.

Lors de son sauvetage, Debra a envoyé un message disant qu’elle elle refuse de quitter la bande de Gaza car elle n’a pas l’intention d’abandonner la Palestine à l’occupant israélien.


En tant qu’Américaine vivant à Gaza, je crois que tous les Arabes devraient être ici pour aider, comme je le suis maintenant. L’occupant veut que tout le monde parte. Je reste parce que je ne veux pas qu’ils prennent la Palestine.


L’analyse du chercheur Azzam Abu Al-Adas

Politiquement, Israël a échoué de façon claire et nette. Même s’il prétend l’inverse. Israël ne peut rien obtenir par la guerre tant qu’il ne prend pas de décisions politiques décisives. L’occupant essaie de concilier des contradictions impossibles. Il veut poursuivre cette guerre quel qu’en soit le prix et en même temps il veut libérer ses détenus sans compensation. Il essaie d’affirmer qu’il est victorieux, mais il se noie davantage dans la boue de l’échec.

L’isolement que connaît l’occupant est sans précédent. Quand Israël a été fondé, il l’a été sur l’oppression. Il lui fallait de la compassion pour qu’on lui donne un État.

Mais avec la tournure de la guerre actuelle, l’occupant fait voir à l’Occident qu’il n’est qu’une entité fasciste agressive. Toutes les forces qui manifestent contre Israël en Occident sont les forces qui restaurent le droit en Europe.

Israël a perdu l’opinion publique internationale. Le soutien de l’Occident à son égard est devenu une question controversée et non plus une évidence. C’est ce qui inquiète la direction sioniste.

Sur la construction du port (Abu Amir)

Quant au corridor maritime qui doit être établi au centre de la bande de Gaza sous le prétexte d’apporter de l’aide, il y a plein de camions qui attendent la coordination de l’occupant pour entrer et commencer la construction du port. Les choses sont encore mystérieuses et aucune information n’est publiée à ce sujet, mais bientôt le brouillard se dissipera et la vision deviendra claire.

Voici les photos que j’ai prises ce matin.

Et la vidéo