Situation apocalyptique dans le nord de Gaza
Abu Amir nous transmet ces informations le 18 octobre, sur Jabalia et le nord de Gaza.
Le blocus de 14 jours s’est aggravé et le génocide dans le nord de la bande de Gaza continue, rendant la vie encore plus difficile pour les habitants. Les conditions de vie des citoyens sont devenues plus difficiles, leurs souffrances se sont aggravées, et la crise s’est intensifiée en raison de l’encerclement et du siège étouffant du nord en général, et du camp de Jabalia en particulier.
L’artiste Mahasen Al-Khateb, assassinée dans la nuit du 18 octobre dans un bombardement israélien à Jabalia. Un de ses derniers dessins : “Nous brûlons.”
Les forces d’occupation ont tué près de 400 Palestiniens au cours des deux dernières semaines dans ces zones, tandis que les corps de nombreux morts gisent toujours dans les rues et que les habitants manquent d’eau, de nourriture et de soins.
Ce chiffre concerne les corps qui sont arrivés dans les hôpitaux (Kamal Adwan, Al-Awda et Al-Indonesi), mais un grand nombre de morts gisent toujours dans les rues, en particulier dans les zones d’Abu Sharkh et d’Al-Qassasib et au centre du camp de Jabalia, ainsi que dans la zone de Bir Al-Naja et aux alentours de la Défense civile et de l’école Faisal, ces zones où les machines de l’occupation pénètrent.
Les cadavres d’un père et de son petit enfant découverts dans les ruines de Jabalia, octobre 2024
L’armée israélienne a détruit des quartiers résidentiels et des infrastructures, a rasé des zones entières en utilisant de nouveaux moyens tels que des robots et des barils explosifs.
Depuis deux semaines, les citoyens sont privés d’eau, de nourriture et de tout type de soins, le siège est devenu plus sévère, les meurtres et les tirs se sont multipliés, la situation devient plus dure et s’aggrave d’heure en heure.
Malheureusement, les équipes de la Défense civile ne peuvent pas entrer dans ces zones en raison du danger extrême, car l’armée israélienne bombarde toute équipe de la Défense civile ou d’ambulance qui tente de pénétrer dans ces zones. La zone du gouvernorat du nord de la bande de Gaza s’étend sur environ 61 kilomètres, dont une grande partie est vide au nord de Beit Hanoun et Beit Lahia, et les zones les plus peuplées sont le camp de Jabalia, la ville de Jabalia et les environs du projet Beit Lahia.
L’armée israélienne a détruit plus de 80 % des habitations, des infrastructures, des puits d’eau et des biens de première nécessité depuis le début de la guerre. Avec cette opération, l’occupation achève la destruction de tous les biens de première nécessité.
Ce qui distingue cette nouvelle opération dans le nord, c’est l’utilisation par l’occupation du système de bombardement utilisant des robots et des barils explosifs. L’occupation fait exploser des blocs entiers en plaçant des machines blindés qui fonctionnent automatiquement sans élément humain comme des “robots”, à l’intérieur desquels se trouve une très grande quantité d’explosifs, avançant parmi les bâtiments résidentiels puis procédant à leur détonation à distance pour détruire un bloc résidentiel entier et pas seulement un ou plusieurs bâtiments, ils détruisent également les infrastructures. Un robot peut transporter environ 5 tonnes d’explosifs, provoquant des destructions massives. Les barils explosifs sont placés sous des immeubles et des quartiers résidentiels par des machines blindées et des bulldozers géants de type D-9, puis ils sont également placés et déclenchés à distance, provoquant des effondrements massifs et tuant de nombreuses personnes dans les bâtiments ciblés et leurs environs.
Au cours des premiers jours de l’agression actuelle, il y avait des indications selon lesquelles des citoyens ont essayé de traverser le rond-point d’Abou Sharkh pour se rendre soit à la ville de Jabalia soit à la ville de Gaza, mais ils ont été pris pour cible par des balles d’avions quadricoptères. Des obus d’artillerie sont également tombés sur le rond-point et un grand nombre de personnes ont été tuées. Il semblerait que des corps gisent toujours à l’entrée de la ville de Jabalia, et qu’ils ne soient pas accessibles.
Aucune aide alimentaire ou médicale n’est parvenue dans les zones du nord, pas même de l’eau potable, et les gens survivent dans des conditions terribles. Il y a environ 200 000 personnes vivant dans le gouvernorat de Gaza-Nord, et on observe des signes de famine réelle, en particulier parmi les personnes âgées et les enfants, en raison du manque de nourriture, d’eau et de soins.
L’un des défis les plus importants auxquels est confrontée la bande de Gaza en général est que la Défense civile est assiégée depuis avant la guerre et qu’elle est empêchée de moderniser son équipement. Avec le début de la guerre, l’occupation a détruit toutes les capacités, équipements, centres et mécanismes dont disposait la Défense civile. La Défense civile gère ses affaires avec beaucoup de difficultés et des méthodes primitives afin de continuer à fournir des services aux citoyens pour éteindre les incendies qui se sont déclarés, extraire les victimes sous les décombres, secourir les blessés et rester en service.
Est-il raisonnable que la Défense civile n’ait pas encore reçu de véhicule, d’équipement ou de carburant de remplacement, bien qu’elle soit une institution de secours civile ? »
Compte rendu hebdomadaire des activités de l’équipe d’Abu Amir
1) Travail humanitaire
Depuis le début de la guerre, les agriculteurs de la région orientale de Khan Yunis ont été déplacés, contraints de fuir en raison des conditions difficiles qui leur ont été imposées à cause de la guerre. Le voyage de déplacement a été amer et ardu, car ces agriculteurs ont été contraints de quitter leurs terres et leurs maisons pour se diriger vers des écoles-abris à l’ouest de la ville de Khan Yunis. Au cours de ce voyage, ils ont fait face à de nombreuses difficultés, notamment le manque de ressources et la difficulté d’obtenir un abri sûr.
Avec leurs déplacements continus d’un endroit à un autre, les équipes de l’UJFP étaient à leurs côtés à chaque instant, apportant une assistance à ces agriculteurs et leur fournissant ce dont ils avaient besoin pendant leur déplacement.
Dès les premiers instants de leur arrivée dans la région de Mawasi de Khan Yunis, de la nourriture et des boissons leur ont été fournies d’urgence pour assurer leur survie. Les efforts humanitaires ont continué à répondre aux besoins de base jusqu’à l’établissement du camp d’Al-Fajr, où les équipes de l’UJFP ont joué un rôle essentiel dans l’établissement de ce camp et la fourniture des tentes nécessaires pour abriter les familles déplacées.
Depuis le premier jour, les équipes ont travaillé à la distribution de tentes de manière organisée pour assurer à chaque famille un abri pour les protéger des conditions climatiques difficiles. Les efforts ne se sont pas limités à la fourniture d’abris, mais un plan global a été élaboré pour assurer l’approvisionnement en eau potable de ces familles, en plus de fournir d’autres produits de première nécessité.
Un programme spécial a également été mis en place pour nourrir les personnes déplacées dans le camp, où des repas quotidiens sont distribués aux familles pour s’assurer qu’elles reçoivent la nutrition nécessaire. Au fil du temps, le nombre de familles dans le camp a augmenté pour atteindre environ 1.800 familles, et les équipes de l’UJFP continuent de leur apporter un soutien quotidien, en leur fournissant de la nourriture et d’autres aides humanitaires.
Le travail humanitaire fourni par les équipes reflète l’étendue de leur engagement envers ces agriculteurs et leur soutien dans cette épreuve difficile. La relation étroite que l’UJFP entretient avec les agriculteurs vise à soutenir ces familles afin qu’elles puissent reprendre une vie normale et retrouver leur stabilité. L’approvisionnement en nourriture et en produits de première nécessité des familles du camp joue un rôle important dans le maintien de la sécurité et de l’ordre au sein du camp.
Malgré les grands défis auxquels ces familles sont confrontées, il n’y a eu aucun signe de violence ou de chaos à l’intérieur du camp, grâce aux efforts continus pour assurer un environnement sûr et stable, contrairement à ce qui peut se produire dans d’autres camps souffrant de conflits internes.
Ce noble travail humanitaire réalisé par l’UJFP souligne son profond engagement à aider les agriculteurs ; il renforce les liens de confiance et de coopération entre elle et les agriculteurs. »
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2) Programme éducatif à KhanYounis et Deir al Balah
Les centres éducatifs créés par l’UJFP à Khan Younis et Deir al-Balah depuis le début de la guerre sont considérés comme des initiatives vitales qui ont contribué à améliorer la vie des enfants qui ont souffert des conditions de déplacement et de guerre. Ces centres jouent un rôle fondamental en offrant un environnement sûr et stable aux enfants qui ont été privés d’une vie normale, en particulier des opportunités éducatives et récréatives qui font partie intégrante de leur enfance. Depuis l’ouverture de ces centres, les enfants y affluent régulièrement, où ils ont pu participer à des programmes éducatifs intégrés visant à combler le vide éducatif laissé par la guerre.
Ces centres proposent des programmes qui aident à améliorer les capacités de développement des compétences personnelles et sociales des enfants, associés aux programmes éducatifs. Ils se concentrent également sur l’organisation de diverses activités récréatives, qui sont un exutoire pour les enfants et les aident à surmonter le traumatisme psychologique auquel ils ont été exposés en raison de la guerre et du déplacement.
L’une des caractéristiques les plus importantes de ces centres est de fournir un environnement sûr et stable dans lequel les enfants se sentent à l’aise ; ce qui leur manque à l’extérieur, en particulier à la lumière des conditions difficiles à l’intérieur des camps de déplacés. L’aspect sécuritaire offert par ces centres est un attrait majeur pour les familles qui souhaitent que leurs enfants aient des opportunités éducatives et récréatives sans craindre les risques auxquels ils peuvent être confrontés en dehors des camps.
Les activités éducatives comprennent des cours dans des matières de base telles que les mathématiques, l’arabe et l’anglais, en plus de cours de développement dans des domaines tels que les arts et le dessin, qui aident les enfants à s’exprimer de manière créative. Les activités récréatives proposées par les centres ne sont pas moins importantes que les aspects éducatifs. Grâce aux jeux et aux sports de groupe, les enfants sont en mesure de reconstruire des relations sociales saines avec leurs pairs. Ce type d’activité permet de soulager le stress et la pression psychologique résultant des situations difficiles qu’ils ont traversées.
Ces centres travaillent constamment à l’amélioration des services qu’ils fournissent, en suivant les besoins des enfants et en s’efforçant de fournir davantage de programmes adaptés à leur âge et à leurs besoins psychologiques et éducatifs. En raison de la diversité des activités proposées au sein de ces centres, les enfants continuent d’y affluer régulièrement, ce qui reflète leur succès.
La création de ces centres éducatifs reflète notre profond engagement à soutenir les enfants et les communautés touchées par la guerre. Grâce à ces efforts, ces centres éducatifs contribuent à construire une nouvelle génération qui jouit de la connaissance et de l’espoir, et s’efforcent de donner aux enfants la possibilité d’une stabilité psychologique et sociales malgré les circonstances difficiles. »
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3) Soutien psychologique pour les femmes
Ces ateliers s’inscrivent dans le cadre de l’aide aux femmes et aux filles pour surmonter les défis quotidiens auxquels elles sont confrontées, qui entravent leur croissance psychologique et sociale, tout en s’efforçant d’éliminer les effets négatifs résultant des guerres et des déplacements. Offrir un environnement sûr qui permet aux femmes d’exprimer leurs sentiments et leurs expériences sans crainte de jugement ou de critique.
Les ateliers de soutien psychologique offrent un lieu sûr où les femmes peuvent interagir librement et parler de leurs problèmes et de leurs pressions psychologiques. Grâce à ces séances, la santé mentale des femmes est améliorée et les effets du traumatisme auquel elles ont été exposées sont atténués.
Ces ateliers reflètent le rôle de l’UJFP dans le soutien aux femmes déplacées, car ils offrent un espace de communication et de soutien dont beaucoup manquent dans leur vie quotidienne. Sous le siège imposé et la fermeture des points de passage, les abris et les organisations humanitaires sont confrontés à des défis majeurs pour répondre aux besoins de base, notamment la nourriture et les soins de santé. La situation s’est aggravée avec l’augmentation du nombre de personnes déplacées pendant la guerre, ce qui a entraîné une détérioration des conditions économiques et une pression accrue sur les femmes qui se retrouvent souvent obligées d’assumer des responsabilités supplémentaires.
En raison de l’absence ou des blessures des hommes en raison du déplacement ou des affrontements, les femmes assument la charge de la gestion et du soutien de la famille, ce qui renforce leur rôle de leadership au sein de la famille.
Au cours des six dernières semaines, le programme de soutien psychologique aux femmes mis en place par l’UJFP est entré dans sa deuxième semaine du sixième mois. Au cours de cette période, quatre séances de soutien psychologique ont été menées, auxquelles ont participé 43 femmes. Ces femmes sont venues échapper aux pressions actuelles et rechercher des moments de réconfort et de bonheur psychologiques, se sensibiliser aux questions liées à la santé mentale et au rôle des femmes dans la famille et la société.
Les séances comprenaient une discussion sur le thème du leadership féminin. L’une des sessions a porté sur le rôle des femmes en tant que leaders au sein de la famille et sur la manière dont elles peuvent équilibrer leurs rôles familiaux et communautaires. Des stratégies ont été présentées pour aider les femmes à prendre des décisions quotidiennes et à résoudre les problèmes au sein de la famille et de la communauté. Des exemples de réussite de femmes leaders issues de contextes similaires ont également été évoqués, ce qui a donné aux femmes participantes l’occasion de discuter des défis auxquels elles sont confrontées et de la manière de les surmonter.
En plus du soutien psychologique, des ateliers de sensibilisation à la santé ont été organisés dans le cadre du programme Octobre rose, mettant l’accent sur l’importance du dépistage précoce du cancer du sein. Cet atelier s’est déroulé à un moment critique, compte tenu de la détérioration du système de santé dans la bande de Gaza en raison de la guerre et du manque de médicaments et de soins de santé nécessaires. Les femmes déplacées ont assisté à un atelier de sensibilisation présenté par un médecin spécialiste, qui a parlé du cancer du sein, des moyens de le prévenir et de l’importance d’un dépistage régulier. Les participantes ont été encouragées à apprendre à réaliser l’auto-examen et à partager leurs expériences face aux défis de santé.
Au cours de la session, l’histoire d’une femme atteinte d’un cancer du sein a été mise en évidence, car elle a parlé de son expérience avec la maladie et des difficultés auxquelles elle a été confrontée face au manque de traitement dû au blocus et à la fermeture des points de passage. Son histoire a suscité des sentiments de soutien et de solidarité de la part des participantes, créant un environnement de soutien et d’encouragement. Ce type de soutien renforce les liens communautaires entre les femmes et renforce leur sentiment de cohésion face aux crises.
L’atelier a également abordé les problèmes de santé auxquels sont confrontées les femmes face à la guerre, notamment le manque de soins de santé, la difficulté d’accès aux services de grossesse et d’accouchement et le risque accru de propagation de maladies infectieuses dans un environnement de vie malsain. En outre, l’importance d’une bonne nutrition et d’une sensibilisation à la santé a été soulignée, en particulier pour les femmes enceintes et allaitantes.
A la fin de la séance, les femmes ont exprimé leur profonde gratitude à l’animatrice et au médecin pour les précieuses informations reçues, et ont souligné la grande importance de ces ateliers au vu des circonstances difficiles dans lesquelles elles vivent. Ces ateliers constituent une étape importante dans la promotion de la santé mentale et physique des femmes déplacées, et contribuent à leur permettre de mieux faire face aux défis, que ce soit au niveau personnel ou sociétal. »
Photos et vidéos ICI.
(Voir aussi les chroniques postées par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s sur les sites d’AlterMidi et ISM France)