Dans les camps de déplacés, où les conditions de vie les plus élémentaires font défaut, les femmes endurent une réalité qui dépasse les limites de la patience. L’intimité disparaît dans les tentes exiguës, et les mères deviennent prisonnières de pressions quotidiennes qui s’accumulent comme des fardeaux sur leurs âmes. La souffrance ne réside pas seulement dans la rareté des ressources médicales, la contamination de l’eau et la malnutrition, mais aussi dans la perte de cet espace privé qui permet à la femme de respirer et de libérer ses émotions refoulées.
C’est dans cette obscurité qu’est intervenue l’équipe de l’UJFP pour allumer une bougie d’espoir en organisant un atelier intitulé « Faire face aux crises sanitaires des mères et des enfants ». Cet atelier n’a pas seulement consisté à fournir un soutien sanitaire, mais il a également offert un exutoire psychologique et un espace de partage et de solidarité.
L’atelier a réuni vingt femmes – des mères, des femmes enceintes et des mères allaitantes – dans le camp Al-Amal, à Deir al-Balah. L’objectif principal était de leur permettre de devenir la première ligne de défense pour la santé de leurs familles dans des conditions de vie extrêmement difficiles. L’accent a été mis sur l’importance des soins préventifs, ainsi que sur des méthodes pratiques pour gérer les maladies courantes telles que la diarrhée, la fièvre et la déshydratation. Des conseils ont également été donnés pour maintenir l’hygiène personnelle et exploiter les ressources disponibles de manière sûre.
Une grande partie de l’atelier a été consacrée au soutien psychologique, avec des activités interactives qui ont profondément marqué les participantes. Dès le début, chaque mère a été invitée à partager une information de santé qu’elle connaissait. Ce moment a instauré un climat de confiance et a démontré que chaque femme détient une expérience précieuse susceptible de sauver des vies. Ensuite, la séance « La pharmacie d’urgence dans le camp » a fourni des outils pratiques pour utiliser correctement les aides médicales et les remèdes maison sécurisés. Cela a suscité l’admiration de nombreuses participantes, notamment une grand-mère qui a exprimé sa gratitude et son intention de mettre ces conseils en pratique avec ses petits-enfants et de les partager avec ses voisines.
L’activité la plus marquante a été « La voix de mon enfant », où les mères ont appris, grâce à des images et des jeux de rôle, à reconnaître les signes de danger chez les enfants, tels que la léthargie et la déshydratation. Pour certaines, la prise de conscience fut brutale : ce qu’elles pensaient être une simple fatigue pouvait en réalité indiquer un danger mortel.
Sur le plan psychologique, une séance intitulée « Moments de calme » a permis aux mères d’apprendre des techniques de relaxation par la respiration profonde et l’écoute de musique apaisante. Ce fut un moment décisif qui a fait couler des larmes chez plusieurs participantes après de longs mois d’oppression émotionnelle. L’une d’elles a déclaré, d’une voix tremblante : « Je n’ai pas eu une seule minute pour moi depuis des mois. Ce moment m’a redonné le sentiment d’être humaine. »
Ces instants ont révélé l’ampleur du besoin en soutien psychologique des femmes vivant dans les camps, où la majorité subit une oppression intérieure due au manque d’intimité, sans exutoire à leurs peurs et inquiétudes, sauf dans ce genre d’ateliers.
Les témoignages des participantes ont illustré la profondeur de l’impact : une jeune mère a affirmé que la santé de ses enfants commence par le soin qu’elle apporte à elle-même ; les conseils sur la nutrition ont rassuré une femme enceinte et lui ont rendu espoir ; tandis qu’une vieille dame a souligné que les instructions simples concernant la gestion de la diarrhée et de la déshydratation pouvaient sauver des vies.
À la fin de l’atelier, un message clair s’est imposé : la santé de la mère n’est pas un luxe, mais le fondement de la résilience face aux crises. La session a permis de transmettre aux femmes des compétences pratiques, de renforcer entre elles un sentiment d’appartenance et de solidarité, et de confirmer que le soin apporté à la santé physique et psychologique des femmes n’est pas une activité secondaire, mais bien la pierre angulaire de la protection de la famille et de la société.
Ainsi, les ateliers de soutien psychologique ne sont pas un luxe dans la vie des femmes réfugiées, mais une nécessité vitale. Ils leur donnent la force de continuer, un espace pour se libérer, et la certitude qu’elles ne sont pas seules dans la bataille du quotidien. Et ainsi, entre la douleur des tentes et le bruit des souffrances, une nouvelle voix s’élève avec force : « La santé de la famille commence par la conscience de la mère, et la conscience de la mère a besoin de soins et de soutien continus. »
Photos et vidéos ICI
(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)