Union juive française pour la paix

Témoignage d’Abu Amir, le 7 septembre 2025 – La bande de Gaza face à une tragédie sans précédent : l’histoire ne pardonnera pas le silence des lâches

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La bande de Gaza traverse en ces moments douloureux l’une des pires tragédies de l’histoire contemporaine, une tragédie où se mêlent le fracas des explosions aux gémissements des affamés, et le grondement des avions aux pleurs des enfants. Plus de deux millions de personnes vivent sous un blocus implacable depuis des années, et aujourd’hui, elles affrontent une guerre d’extermination qui décime leurs vies et transforme les détails les plus simples de leur quotidien en une bataille pour survivre. Déplacements massifs, morts et exils, faim et soif, conditions de vie qu’il n’est plus possible de qualifier autrement que comme un effondrement total des fondements de l’existence.

Le déplacement massif – Un voyage vers l’inconnu

Avec l’intensification des bombardements sur la ville de Gaza et le nord de l’enclave, des milliers de familles ont été contraintes d’abandonner leurs maisons sous le feu de la guerre. Plus de quatre-vingt-dix mille déplacés ont pris la route vers le sud et le centre, certains à pied, d’autres entassés dans des voitures surchargées, emportant ce qu’ils pouvaient : parfois une couverture pour protéger leurs enfants. À leur arrivée dans les zones décrites comme « sûres », ils se sont retrouvés au milieu de routes bondées de déplacés et de tentes éparpillées sur les trottoirs et places publiques, mais aucun lieu ne pouvait accueillir un tel afflux.

Les familles dorment au bord des routes, les enfants s’endormant dans les bras de leurs mères, couchés sur le sol glacé, tandis que les pères cherchent désespérément une gorgée d’eau ou un morceau de pain. Les rues ne sont plus des voies de circulation, elles se sont transformées en camps de fortune où la souffrance s’accumule à chaque coin. Et ici se pose la question amère : si l’armée a demandé aux habitants d’évacuer vers ces zones, pourquoi n’ont-elles pas été préalablement équipées d’infrastructures respectant la dignité humaine ?

Témoignages au cœur de la tragédie

À la plage de Nuseirat, une femme déplacée se tenait au milieu de ses enfants, le visage enfoui dans ses mains en pleurs. Quand on lui demanda : « Que vous arrive-t-il ? », elle répondit d’une voix tremblante : « J’ai fui la mort au nord, mais je ne sais pas où aller maintenant. Je suis arrivée ici avec mes enfants pour échapper aux bombardements, mais je n’ai ni abri, ni nourriture, ni destination. » Ces mots résument l’histoire de milliers de mères soudain responsables de familles entières après avoir perdu leurs maris sous les décombres ou sur les routes de l’exil.

La scène était bouleversante : de jeunes enfants se pressant autour de leur mère, leurs yeux pleins de peur et de faim, s’accrochant à elle comme à leur ultime refuge dans ce monde cruel. Non loin, un vieil homme assis au bord de la route, la tête entre les mains, incapable de se relever, murmurait qu’il avait perdu sa maison et ses enfants, il ne lui restait que deux petits-enfants qu’il ne savait pas comment nourrir ce soir-là.

De telles scènes se répètent dans chaque rue et chaque place. Des visages épuisés, des corps brisés, des cris étouffés dans les gorges. Gaza aujourd’hui n’est pas seulement une ville assiégée ; c’est un immense camp de douleur, abritant des millions d’histoires semblables à celles de cette femme et de cet homme, des histoires de chair, de sang, de perte, de peur et d’errance.

Les souffrances du quotidien

La situation dans le sud n’était déjà pas facile avant l’arrivée de milliers de déplacés. Les habitants souffraient déjà d’un manque d’espace, de ressources et de nourriture. Aujourd’hui, avec l’afflux massif des réfugiés, la vie est devenue presque impossible. L’eau potable est extrêmement rare, et les déplacés doivent patienter des heures dans de longues files pour en obtenir. Le pain est devenu un rêve rare : la production quotidienne ne suffit même pas aux habitants d’origine, à plus forte raison avec la population multipliée.

Les tentes dressées à la hâte n’offrent aucune protection contre le froid glacial ni contre la chaleur accablante. Les infrastructures sanitaires sont inexistantes, et les médicaments insuffisants. Des maladies cutanées et respiratoires se propagent dangereusement parmi les enfants, tandis que les médecins sont impuissants faute de traitements et d’équipements. C’est une souffrance multiple : faim, soif, maladie et absence totale d’espoir.

Le rôle des organisations humanitaires – L’exemple de l’UJFP

Au milieu de cette catastrophe, certaines organisations humanitaires tentent de combler les lacunes. L’UJFP distribue des repas quotidiens aux déplacés, propose des ateliers de soutien psychologique aux femmes ayant perdu leurs maris ou vivant dans un état de choc permanent. L’organisation s’efforce également de rouvrir des centres éducatifs pour éviter que les enfants ne soient privés d’instruction, et de créer des espaces sûrs pour préserver leur enfance.

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Elle distribue des vêtements, des couvertures et tout ce qu’elle peut fournir en produits de première nécessité. Mais malgré ces efforts, l’aide reste dérisoire face à l’ampleur du désastre. Nos équipes travaillent au maximum de leurs capacités, mais nous faisons face à une tragédie qui dépasse les moyens de toute organisation isolée.

Une tragédie au-delà des efforts

La situation humanitaire a atteint un niveau de folie jamais connu dans l’enclave. Deux millions d’êtres humains se trouvent au bord d’une mort lente : par la faim, par la maladie ou sous les décombres. Les contributions des organisations humanitaires sont cruciales, mais elles ne couvrent qu’une infime partie des besoins. Ce qui est requis aujourd’hui, c’est une mobilisation internationale globale, un véritable appui à ces efforts.

Cris vers la communauté internationale

Les voix des déplacés emplissent l’horizon, des cris résonnant entre les tentes et les rues bondées, formant une chorale de douleur et d’appel. Au milieu de la foule, un homme reste figé, abasourdi par l’horreur de la scène. Soudain, il déchire sa chemise de ses propres mains et crie : « Sauvez-nous ou tuez-nous d’un seul coup ! » Un cri qui transperce les cœurs avant même de fendre l’air, cri d’un homme incapable de voir ses enfants mourir de faim, ou de supporter la vue de mères s’effondrant d’épuisement et d’impuissance.

Cette scène résume toute la profondeur de la tragédie. Ce ne sont pas de simples mots, mais une explosion de douleur et de désespoir, un message adressé à un monde resté sourd, à des puissances internationales qui se contentent de déclarations creuses et froides. Pendant que des enfants meurent sous les yeux de tous, que des femmes implorent du secours, que des hommes sont déchirés par l’impuissance, le silence honteux du monde ne fait qu’aggraver le crime.

Appel ultime

Depuis Gaza déchirée, au milieu des ruines et des rues bondées de déplacés, depuis les gémissements des affamés et les pleurs des enfants, nous lançons cet appel : ô défenseurs de l’humanité, ô consciences vivantes, intensifiez vos efforts, ne laissez pas Gaza affronter seule cette mort lente. Ce qui se passe aujourd’hui est une tache indélébile sur le front de l’humanité tout entière, et l’histoire ne pardonnera pas le silence des lâches.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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