Dans une surenchère grave et continue, l’armée israélienne a étendu ses opérations militaires dans la bande de Gaza, ciblant diverses zones au sud, au nord et à l’est. La ville de Rafah a été isolée de Khan Younès suite à une incursion terrestre intense, tandis que les opérations militaires se sont intensifiées dans les quartiers de Choujaïya, Beit Hanoun, Beit Lahia et à l’est du quartier Tuffah, soumis à des bombardements aériens et terrestres incessants. Parallèlement, le ministère palestinien de la Santé continue d’annoncer, presque à chaque instant, la mort d’un ou plusieurs civils, majoritairement des enfants et des femmes, dans un tableau qui reflète l’ampleur de la tragédie vécue par les habitants de Gaza.
Dans ce contexte catastrophique, le ministre israélien des Affaires étrangères a déclaré que la proposition de Donald Trump concernant le transfert de la population de Gaza « n’est pas morte », affirmant que « la migration volontaire » ne constitue pas un déplacement forcé. Une déclaration alarmante qui révèle les véritables intentions de la politique israélienne envers Gaza, notamment avec la poursuite quotidienne des ordres d’évacuation forcée émis par les forces israéliennes. Ces ordres ont provoqué des vagues successives de déplacements ayant touché près de 1,9 million de Palestiniens, dont des dizaines de milliers d’enfants, selon l’UNRWA.
L’agence onusienne a souligné que la pénurie de denrées alimentaires représente désormais l’un des plus grands défis pour les familles déplacées, notant que l’élargissement des opérations militaires, associé aux ordres d’évacuation, entrave la fourniture des services humanitaires vitaux. Entre le 18 et le 23 mars, l’effondrement du cessez-le-feu a entraîné une nouvelle vague de déplacements, impliquant plus de 142 000 personnes. La souffrance s’aggrave également avec la raréfaction de l’eau potable, la municipalité de Gaza ayant annoncé l’arrêt de la conduite d’eau Mekorot, qui assure 70 % de l’approvisionnement en eau pour les habitants de la ville et les personnes déplacées.
Sur le plan politique, une chaîne de diffusion israélienne a rapporté que l’Égypte avait proposé une nouvelle initiative de « compromis » pour rapprocher les points de vue entre le Hamas et Israël. Des informations circulent également sur un possible accord pour la libération de cinq prisonniers israéliens détenus à Gaza, en échange d’une trêve de cinquante jours. Toutefois, la direction politique israélienne estime qu’une pression militaire accrue pourrait pousser le Hamas à changer de position face aux différentes propositions, ce qui justifie l’intensification actuelle des opérations.
[Une vidéo filmée et publiée par Nour à Gaza montre les corps des personnes ciblées projetés dans les airs lors d’un bombardement]
Dans un autre volet, le journal israélien Yediot Aharonot a révélé que la vidéo publiée par The New York Times, montrant la mort de 15 secouristes à Rafah il y a deux semaines, contredit totalement la version de l’armée israélienne, qui affirme que les véhicules médicaux s’étaient approchés sans signaux lumineux ou avertissements. Des médias israéliens comme Walla, Haaretz, Yediot Aharonot et Maariv ont également diffusé des séquences filmées par l’un des secouristes avant qu’il ne soit tué par les forces israéliennes, révélant un ciblage délibéré des équipes médicales.
Le Comité international de la Croix-Rouge a, de son côté, affirmé que la vidéo confirme qu’« il n’existe aucun lieu sûr à Gaza », et que le meurtre des travailleurs humanitaires à Rafah s’inscrit dans une série d’attaques systématiques contre les équipes de secours. Il a également souligné que sa capacité à se déplacer dans différentes zones de Gaza est presque totalement paralysée, ajoutant que les équipes de la Défense civile tuées à Rafah étaient engagées dans une mission humanitaire.
Des observateurs estiment que l’armée israélienne a franchi toutes les lignes rouges : assassinats d’enfants et de femmes, exécutions de personnel médical, bombardements de sièges des Nations unies, destruction de quartiers entiers. Et cette offensive ne s’arrête pas là – elle ne fait que s’intensifier jour après jour.
Dans un nouveau crime, l’armée israélienne a ciblé hier deux enfants dans la région de Khuza’a alors qu’ils faisaient la queue pour obtenir de l’eau potable. Aujourd’hui, un drone a visé quatre travailleurs de la station de traitement de l’eau de l’UJFP à Abu Taïma, alors qu’ils tentaient de fournir de l’eau aux habitants. Il s’agit de : Mahmoud Abed al-Nasser Abu Taima et Jihad Aziz Abu Taima, qui ont été grièvement blessés et transférés à l’Hôpital européen de Khan Younès pour y être opérés et Osama Aziz Abu Taima et Mahmoud Aziz Abu Taima, plus légèrement touchés. Les trois blessés portant le nom Aziz sont frères.
Ce qui est particulièrement frappant, c’est que les zones ciblées, comme Abu Taïma et Khuza’a, sont classées comme « zones d’évacuation » ou « zones rouges ». Pourtant, la majorité des habitants refusent de partir malgré les dangers, préférant mourir chez eux plutôt que d’affronter une nouvelle épreuve de déplacement, de misère et d’exil sous les tentes.
La situation à Gaza, décrite à travers les faits, les témoignages et les images, ne tolère plus un langage diplomatique aseptisé. Il s’agit d’une catastrophe humanitaire à part entière, d’un génocide méthodique d’un peuple dont les seules armes sont la résilience, l’attachement à la terre, et la dignité de mourir debout.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)