Témoignage d’Abu Amir, le 4 août 2025 – Réalité au-delà du supportable

Abu Amir 31 7 25 Atelier psy femmes 1 IMG 4642 Témoignage d’Abu Amir, le 4 août 2025 – Réalité au-delà du supportable

Au cœur de la bande de Gaza assiégée, où la destruction s’étend à perte de vue, où les sons des bombardements se mêlent aux gémissements de la faim et aux pleurs des enfants, les femmes vivent une réalité au-delà du supportable. Une réalité qui les oblige à être le pilier de la famille, le dernier rempart pour leurs enfants, dans un contexte d’insécurité, d’absence de ressources et de famine silencieuse qui fauche les vies. Entre des murs délabrés ou des tentes qui ne protègent ni du froid hivernal ni de la chaleur estivale, les femmes luttent pour préserver les restes de la vie. Et au milieu de cette tragédie, le soutien psychologique demeure la seule bouée de sauvetage pouvant leur tendre la main pour qu’elles restent debout.

Dans cet esprit, les équipes de l’UJFP ont poursuivi leurs efforts soutenus pour offrir un accompagnement psychologique et une sensibilisation, à travers l’organisation d’une session spéciale intitulée « Notre conscience, notre bouclier : la force de la communauté en temps de crise pour les femmes de Gaza », ciblant trente femmes déplacées dans le camp d’Al-Isra, au centre de la ville de Gaza. Cette session n’était pas une simple rencontre passagère, mais un espace sûr, tel une petite oasis au milieu du désert de la peur et du deuil, où les femmes pouvaient exprimer leur douleur et trouver une écoute sans jugement ni condamnation.

La session a débuté par une introduction chaleureuse intitulée « La voix de la communauté », où il a été demandé à chaque participante de choisir un mot ou une expression incarnant la solidarité. Les réponses variaient entre « Main dans la main », « Ensemble, plus fortes », et « L’espoir est en nous », comme une tentative collective d’évoquer la force au cœur de l’impuissance. Ensuite, l’activité « Les fils du tissu communautaire » a révélé que chaque femme, malgré ses blessures, représentait un fil de ce tissu social déchiré, et que l’union de ces fils pouvait former une nouvelle étoffe de résilience.

Abu Amir 31 7 25 Atelier psy femmes 2 IMG 4644 Témoignage d’Abu Amir, le 4 août 2025 – Réalité au-delà du supportable

La session a été ponctuée d’activités de soutien psychologique fondées sur des méthodes scientifiques, aidant les participantes à se libérer de la pression mentale. Des exercices de respiration profonde ont été réalisés au son d’une musique apaisante, calmant les cœurs tremblants et permettant aux femmes de retrouver quelques rares instants de sérénité. Des exercices de relaxation par contraction et relâchement progressif des muscles ont également été menés, méthode éprouvée pour réduire la tension physique accumulée à cause de la peur constante. À cela se sont ajoutées des activités de dessin thérapeutique, où les femmes ont exprimé leurs émotions sur papier à l’aide de couleurs : l’une d’elles a dessiné un soleil se levant derrière des ruines, une autre une main partageant du pain entre des enfants.

Les histoires des femmes lors de cette session ont été le miroir d’une réalité douloureuse. Une femme dans la cinquantaine a parlé d’une voix tremblante du moment où elle a perdu sa maison dans un bombardement nocturne, se retrouvant dans la rue avec ses cinq enfants, en quête d’un morceau de pain ou d’un toit. Elle a dit en essuyant ses larmes :

« Je pensais que le pire de la guerre était le bombardement, mais j’ai découvert que la faim est plus cruelle… voir ses enfants dormir affamés et être incapable de les nourrir, cela tue l’âme lentement. »

Quant à une jeune femme dans la vingtaine, elle a raconté son expérience du déplacement, passant d’un quartier à l’autre avec un nourrisson sur l’épaule et un petit sac contenant ce qui restait de sa vie. Elle a dit :

« Je n’ai plus rien, sauf mes petits rêves… me réveiller un jour sans entendre les bombes et les avions, voir mes enfants jouer sans peur. »

Elle a ajouté que cette session a été le premier endroit depuis des mois où elle a pu rire, ne serait-ce qu’un instant, en participant à une activité de groupe d’échange de blagues simples, comme moyen d’alléger le fardeau psychologique.

Lors de l’activité « Message de conscience », les participantes ont discuté de moyens concrets pour faire face aux crises, comme l’obtention d’eau par des méthodes alternatives, la préparation de repas simples avec les rares ingrédients disponibles, et l’importance de diffuser des informations fiables pour contrer les rumeurs qui accroissent la peur. L’activité « Des mains qui bâtissent » a inspiré les femmes à concevoir de petits projets pour soutenir la communauté, comme visiter les familles les plus vulnérables ou organiser des sessions de jeux pour les enfants afin d’atténuer leurs traumatismes.

Le moment le plus émouvant a été la clôture, quand les femmes se sont mises en cercle, se tenant la main, récitant des prières pour leur patrie, certaines d’une voix tremblante, d’autres en retenant leurs larmes. Elles ont alors senti qu’elles n’étaient pas seules dans ce combat, et que la solidarité entre elles était l’arme capable de faire face à la brutalité de la vie.

Les femmes de Gaza se précipitent pour assister à ce type d’ateliers, car elles y trouvent un véritable exutoire face à la pression quotidienne, un lieu où elles peuvent parler librement de leurs problèmes sans peur. Le simple fait que quelqu’un les écoute attentivement constitue en soi un acte de guérison. Au milieu de la misère, de la faim et de la pauvreté, beaucoup de femmes n’ont plus que leurs mots, et ces sessions leur offrent un espace pour les dire, pour transformer la douleur en force, les larmes en détermination.

Cette expérience a prouvé que le soutien psychologique n’est pas un luxe en temps de guerre, mais bien la dernière ligne de défense qui préserve la santé mentale et spirituelle.

À chaque récit de douleur partagé, à chaque main tendue pour consoler, à chaque souffle profond pris malgré la fumée des bombardements, naît une petite étincelle d’espoir… cet espoir qui peut faire la différence entre l’effondrement et la persévérance.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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