Dans le cadre des efforts continus déployés par les équipes de l’UJPF pour offrir un soutien psychologique et social aux personnes déplacées dans le nord de Gaza, un atelier de soutien psychologique de qualité pour les femmes de la ville de Gaza -a été organisé cette semaine sous le titre : « Notre voix, notre force : raconter les récits de résilience et construire une communauté solidaire ». Il s’est tenu dans le camp « Al-Isra », qui abrite un grand nombre de femmes déplacées. Trente femmes de différents âges ont participé à cet atelier, toutes portant en elles des histoires douloureuses, mais aussi empreintes de force, de volonté et de recherche d’une lueur d’espoir au bout du tunnel.
Dès les premiers instants de la séance, l’équipe organisatrice a clairement montré son souci de créer un environnement sûr et rassurant, permettant aux participantes de s’exprimer librement et en toute sécurité. La rencontre a commencé par une introduction de bienvenue, soulignant les principes de confidentialité et de respect mutuel, tout en insistant sur le fait que « chaque voix a de la valeur » et qu’« il n’y a pas de petite histoire lorsqu’il s’agit de survie et de résilience ». On pouvait lire dans les regards des femmes une prudence encore présente, mais aussi une soif profonde de faire entendre leurs voix.
L’activité intitulée « Mon histoire de résilience en un mot » a permis de briser la glace d’une manière émotionnelle. Il a été demandé à chaque femme de choisir un mot qui résume son expérience de résilience, puis d’expliquer son choix. L’une d’elles a dit « racines », expliquant que sa stabilité face à la tempête venait de ses racines dans la terre et auprès des siens. Une autre a choisi « lumière », affirmant que, malgré toute l’obscurité, elle voyait encore une lueur d’espoir à travers la fenêtre de sa tente. Cette activité, bien que simple en apparence, a réussi à créer une vague de connexion émotionnelle entre les femmes, où les mots et les regards se sont enlacés dans un rare moment de vérité.

L’atelier s’est poursuivi avec l’activité des « petits cercles de récit », où les participantes ont été réparties en groupes de trois à quatre femmes. Une question centrale leur a été posée : « Quel a été ton plus grand défi et comment y as-tu fait face ? ». Les femmes se sont assises en petits cercles, et cette disposition a ouvert les portes de la mémoire. L’une a raconté une nuit sans nourriture, chantant à ses enfants pour les endormir sans qu’ils ne sentent la faim. Une autre a évoqué la perte de son frère et son long silence, jusqu’à ce qu’elle commence à lui écrire de petits messages qu’elle cachait chaque soir sous son oreiller. Une jeune femme a déclaré : « Je ne suis pas une enfant pour pleurer, ni une adulte pour tout supporter. Mais je me souviens avoir marché des heures sous le soleil brûlant pour chercher de l’eau pour ma mère. Et quand j’ai rempli le bidon, je me suis sentie comme une héroïne. »
Ensuite, ce fut le moment des « histoires inspirantes », où certaines participantes ont été invitées à partager leurs récits avec l’ensemble du groupe. Avec sincérité, mais une voix tremblante, l’une d’elles a dit : « Je préférais le silence. Je ne voulais pas me souvenir. Mais entendre les autres parler de planter des graines dans les tentes, d’aligner des cailloux, d’enterrer la peur en chantant, cela m’a bouleversée. J’ai décidé de faire quelque chose de simple : rassembler des pierres et les disposer joliment devant ma tente. » Lorsqu’elle a terminé son récit, un silence s’est installé, suivi d’un long applaudissement, qui n’était pas seulement une ovation, mais une reconnaissance de son existence et de sa force.
Dans l’activité du « mur commun de résilience », un grand morceau de tissu a été placé au centre de la salle, et chaque femme a été invitée à écrire un mot ou dessiner un symbole représentant son histoire personnelle ou la résilience collective du groupe. L’une a écrit le mot « vivre », une autre a dessiné un soleil se levant derrière les nuages, tandis qu’une fillette a dessiné des gouttes d’eau arrosant une fleur. À la fin de l’activité, une fresque colorée de symboles et de mots a vu le jour, exprimant en langage artistique ce que les mots ne pouvaient parfois dire.
L’atelier s’est conclu par une chaleureuse séance finale, durant laquelle l’équipe a réaffirmé que le simple fait de s’écouter les unes les autres est une forme de résistance. L’une des participantes a déclaré : « Quand j’ai raconté mon histoire, j’ai eu l’impression de renaître. Je me suis vue à travers les yeux des autres et j’ai découvert que j’étais plus forte que je ne le pensais. » À ce moment-là, l’atelier ne ressemblait plus seulement à une séance de soutien psychologique, mais à un moment collectif de reconstruction de soi sur une base de partage et de solidarité.
Cet atelier a démontré que raconter son histoire n’est pas uniquement un moyen de libérer ses émotions, mais bien un processus de guérison et de transformation. À travers le partage de récits, un profond sentiment d’unité et d’appartenance est né, construisant de nouveaux ponts entre des femmes unies par la douleur, mais qui sont reparties avec des graines d’espoir semées dans leurs cœurs. Chaque voix s’est transformée en une petite flamme, et réunies, ces flammes ont illuminé l’espace d’une lumière chaleureuse dont tout le monde a besoin en ces temps difficiles.
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(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)