Témoignage d’Abu Amir, le 24 août 2025 – La mer, témoin de la tragédie : Les pêcheurs de Gaza face à la pauvreté et à l’arrestation

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Le matin du samedi 23 août, nous, équipes de l’UJFP en partenariat avec celles de l’organisation POD, nous sommes réunis au siège de cette dernière, dans la ville de Deir al-Balah. Le lieu a accueilli une séance de dialogue franche et douloureuse avec les pêcheurs de la région centrale de la bande de Gaza, afin de mettre en lumière leur souffrance quotidienne et de nous rapprocher davantage de leur réalité, qui devient chaque jour plus dure.

La rencontre fut comme une fenêtre ouverte sur la vie de ces pêcheurs, qui n’ont entre les mains que des filets déchirés et de petites embarcations en bois usées par le temps. Malgré cela, ils continuent de s’accrocher à la mer comme unique source de subsistance et dernier refuge d’espérance.

Les pêcheurs commencèrent à parler d’une voix empreinte de tristesse et de désarroi. L’un d’eux évoqua la situation d’avant-guerre, affirmant que la vie n’était pas digne même durant les périodes de calme relatif : le manque était permanent dans tout ce qui touchait à la pêche, des moteurs aux filets, du carburant aux outils les plus simples. Les conditions ne leur permettaient de vivre qu’au jour le jour. Il ajouta : « Si un jour nous tombons malades et ne pouvons aller en mer, cela signifie que nous passons la journée sans nourriture. Peut-être nous contentons-nous de pain et d’eau, mais malgré cela, nous nous satisfaisions du peu et remerciions Dieu pour ce que la mer nous apportait. »

Un autre pêcheur prit la parole pour dire que ce qui leur restait après la destruction du secteur de la pêche, ce sont de petites barques à rames avec lesquelles ils s’aventurent discrètement en mer pour chercher de quoi vivre. Mais l’occupation les guette, ne les laisse pas pêcher librement : elle détruit les embarcations, arrête les pêcheurs, et parfois les tue de sang-froid. Il affirma que la vie du pêcheur à Gaza n’est plus seulement une profession, mais qu’elle est devenue une confrontation ouverte avec le danger, où la mort se tient à un mètre du rivage.

Un autre pêcheur poursuivit d’une voix tremblante de douleur : « Des centaines de pêcheurs ont été tués depuis le début de la guerre, mais le plus grave, c’est l’arrestation de centaines d’autres. Le dernier incident a eu lieu la semaine dernière, lorsque l’occupation a arrêté quatorze pêcheurs d’un seul coup au large de Deir al-Balah, et jusqu’à présent nous ignorons leur sort. » Des paroles qui brisent le cœur et révèlent l’ampleur d’une tragédie qui dépasse la simple perte d’une source de subsistance, pour atteindre la menace de l’existence même.

Parmi les présents, un ancien pêcheur, membre du syndicat des pêcheurs de la région centrale, expliqua qu’il y avait environ 780 pêcheurs officiellement enregistrés au sein du syndicat, mais qu’ils n’avaient reçu pratiquement aucune aide, sauf à de très rares occasions. Il ajouta en soulignant que les pêcheurs ont besoin d’un dossier spécifique, pris en charge par les institutions compétentes, afin qu’ils soient traités directement et que les aides leur parviennent sans intermédiaires. Car la poursuite de cette négligence menace de faire disparaître le métier à sa racine et laisse des centaines de familles en proie à la faim et à la pauvreté extrême.

La rencontre était chargée d’émotion : chaque mot prononcé par les pêcheurs portait la douleur des années et un cri venu du cœur de la mer, témoin de leur tragédie. Ce sont des hommes qui ne possèdent que leur pain quotidien, qui affrontent la mer, la mort et le blocus, et qui, au final, se retrouvent assiégés de toutes parts : par l’occupation qui les poursuit, par la pauvreté qui ronge leurs corps et par la négligence qui les laisse sans soutien.

En conclusion de la séance, les pêcheurs ont lancé un appel pour que cette catégorie marginalisée soit visée par une distribution directe d’aides, afin de renforcer leur résistance et de maintenir leur présence en mer. Ils ont affirmé que la survie des pêcheurs est la survie de l’âme de Gaza, connue à travers l’histoire pour sa mer et ses pêcheurs. Ils ne demandent pas grand-chose, seulement une chance de vivre dans la dignité, de nourrir leurs enfants et de garder la mer ouverte devant eux, sans qu’elle se transforme en piège fauchant leurs vies.

La tragédie des pêcheurs de Gaza n’est pas une simple histoire passagère, mais une plaie béante dans la conscience de l’humanité. Alors que le monde est absorbé par la politique et les intérêts, ces hommes restent debout sur le rivage, affrontant la mer à mains nues, les yeux fixés sur un ciel qui ne déverse que de l’absence. Leur réalité amère exige plus que des mots : elle demande une action réelle, un geste urgent qui sauve ce qui reste de vie dans des barques épuisées par les vagues et par le blocus.

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