Conditions météorologiques dégradées
Ce mois d’octobre a été marqué par un changement significatif du climat, qui est passé du chaud au froid, et l’impact sur la santé de la population de la bande de Gaza a été important, avec une augmentation des cas de grippe et de rhume dans tous les groupes d’âge, en particulier chez les enfants. Ce changement climatique intervient à un moment délicat, car les personnes déplacées vivant dans des tentes délabrées souffrent d’un froid intense la nuit, ce qui accroît leurs souffrances et menace leur santé, notamment en raison de l’absence de chauffage et de couvertures suffisantes pour faire face à cette froideur.
Des camps de tentes totalement inadéquats pour supporter la saison froide
De nombreux médecins et personnels de santé ont confirmé que ce changement soudain de climat a entraîné une augmentation du nombre de cas de maladies saisonnières, telles que la grippe et le rhume. Les enfants, en raison de leur faible immunité, ont été les plus touchés ; les cliniques de soins primaires ont enregistré une augmentation du nombre de cas d’infections, ce qui a accru la pression sur le système de santé effondré de la bande de Gaza.
L’état de santé des personnes déplacées s’aggrave en raison du blocus imposé à Gaza, qui entrave l’arrivée des médicaments essentiels et des fournitures médicales. Les établissements de santé souffrent d’une grave pénurie de médicaments, notamment d’antiviraux et d’analgésiques nécessaires pour traiter les symptômes du rhume et de la grippe. Les établissements médicaux souffrent également d’une pénurie de médecins et d’infirmières, et la fourniture de soins médicaux adéquats aux personnes touchées est rendue plus difficile. Cette situation complique la tâche des équipes médicales qui s’efforcent de faire face aux nombreux cas de maladies parmi les personnes déplacées dans les camps.
Les conditions de vie des personnes déplacées dans les camps sont les plus sévères en cette période de froid. Les tentes délabrées les exposent aux vents froids de l’hiver, sans barrière pour les protéger des fuites d’eau ou des basses températures, d’où l’augmentation du risque de contracter des maladies. Les personnes déplacées ne disposent pas de vêtements d’hiver suffisants, de couvertures épaisses et de moyens de chauffage de base, ce qui les rend plus vulnérables aux rhumes et aux grippes. De nombreuses familles ont évoqué la difficulté de garder leurs enfants au chaud la nuit ; ils ont des quintes de toux et des fièvres difficiles à traiter sans médicaments.
Par ailleurs, les enfants déplacés dans les camps rencontrent des difficultés supplémentaires dans la lutte contre les maladies en raison de la malnutrition et du manque d’hygiène, car les camps ne disposent pas d’installations sanitaires adéquates, et la probabilité de transmission des maladies entre eux augmente. Les familles vivent dans un environnement surpeuplé favorisant la propagation rapide des virus entre les membres de la famille. De nombreuses familles ont déclaré avoir dû recourir à des moyens de chauffage primitifs, comme allumer des feux devant les tentes, avec une augmentation du risque de brûlures ou d’étouffement.
Les travailleurs humanitaires indiquent que le plus grand défi consiste à fournir des quantités suffisantes de médicaments essentiels et de soins de santé aux enfants et aux personnes âgées, qui sont les plus vulnérables à la maladie. Ils craignent que la situation empire à l’approche de l’hiver et entraîne une augmentation du nombre de personnes infectées, alourdissant le fardeau des établissements de santé qui souffrent d’une grave pénurie de tout.
Les responsables de la santé ont indiqué qu’il était urgent d’ouvrir des couloirs humanitaires pour acheminer des médicaments et des fournitures médicales, surtout si l’on s’attend à une détérioration des conditions météorologiques dans les semaines à venir. Ils soulignent également qu’il est absolument nécessaire de fournir une aide urgente aux personnes déplacées, comme des couvertures, des vêtements d’hiver et des moyens de chauffage sûres, afin d’éviter une nouvelle catastrophe humanitaire.
Dans ces circonstances, les personnes déplacées et les enfants en particulier restent en danger, avec une augmentation attendue des cas de maladie à mesure que les températures continuent de chuter ; une intervention urgente des agences humanitaires internationales pour fournir l’assistance nécessaire est vitale. Le changement climatique rapide du mois d’octobre est un avertissement précoce de ce qui pourrait se produire pendant les mois d’hiver plus froids ; il faut une réponse rapide et efficace pour éviter de nouvelles tragédies humanitaires dans la bande de Gaza.
Personnes souffrant de difficultés psychiques et psychiatriques dans le labyrinthe de la guerre
Alors que la guerre fait rage dans la bande de Gaza et que son impact sur divers aspects de la vie s’aggrave, la situation humanitaire est devenue de plus en plus complexe, augmentant les souffrances des personnes déplacées et de la population de la bande en général. Dans ces conditions difficiles, une question importante est apparue qui nécessite une attention urgente : la situation des patients atteints de maladies mentales dans la bande de Gaza. Ces patients souffrent particulièrement des conditions tragiques qui se sont aggravées avec la durée de la guerre, car il n’y a plus de lieu adapté pour les traiter ou les recevoir.
Avant le déclenchement de la guerre, il n’y avait qu’un seul hôpital psychiatrique dans la bande de Gaza, spécialisé dans l’accueil et le traitement des malades mentaux, avec un hébergement prévu pour les cas qui présentent un danger pour la société ou ceux qui nécessitent des soins à long terme. Cependant, comme la guerre dure depuis plus d’un an et que les personnes déplacées se sont déplacées à plusieurs reprises d’une zone à l’autre, la situation s’est considérablement détériorée. Les patients atteints de troubles mentaux sont devenus sans-abri, et leurs familles n’ont pas été en mesure de leur fournir les soins nécessaires compte tenu de la détérioration des conditions de vie, ce qui a conduit à leur dissémination notable dans les rues de la ville, dans un tableau qui reflète les conditions difficiles dans lesquelles vivent ces patients et leurs familles.
Les familles sont incapables de contrôler les personnes atteintes de maladies mentales, en raison du manque d’infrastructures de santé appropriées et de l’incapacité de les garder ou de les surveiller dans des tentes surpeuplées et délabrées. J’ai rencontré un psychiatre dans la région de Nuseirat, qui m’a expliqué en détail la souffrance des familles face à leurs malades. Le médecin a expliqué que les médicaments nécessaires pour traiter les patients atteints de maladies mentales ne sont plus suffisamment disponibles, ce qui a accru leur souffrance et celle de leurs familles. Il a souligné qu’ils ont essayé à plusieurs reprises de préparer les médicaments localement avec l’aide des pharmaciens, mais en raison du manque de matières premières et de leur incapacité à entrer dans la bande en raison du blocus, ils n’ont pas été en mesure de continuer à fournir les traitements requis.
Interrogé sur le nombre de patients atteints de maladies mentales dans la bande, le médecin a indiqué que les chiffres sont plus élevés qu’on ne l’imaginait. En plus des patients qui ont été gardés à l’hôpital psychiatrique de Gaza, il y en a beaucoup qui recevaient un traitement et retournaient chez eux, car ce ne sont pas des cas graves. Au fur et à mesure que la guerre s’éternisait, le nombre de malades mentaux augmentait considérablement, à mesure que de nouveaux cas d’âges et de sexes différents apparaissaient, reflétant l’impact psychologique profond des horreurs de la guerre sur les habitants de la bande de Gaza.
Le médecin a ajouté que ce nouveau phénomène nécessite de tirer la sonnette d’alarme, car la guerre a laissé des effets psychologiques profonds sur la population, au-delà des limites de l’endurance humaine. Les habitants de la bande de Gaza souffrent d’une énorme pression psychologique en raison des scènes répétées de destruction, de la perte d’êtres chers et de la vie sous des bombardements constants. Le médecin a déclaré : « La guerre n’a pas seulement affecté le corps, mais aussi l’âme et l’esprit, et les gens ne peuvent pas endurer de telles horreurs pendant longtemps sans en souffrir d’effets psychologiques. »
Le psychiatre que j’ai rencontré travaille dur dans son centre de déplacés à Nuseirat, où il reçoit environ 60 cas par jour, et s’efforce de fournir un soutien et un traitement aux patients. Malgré ses grands efforts, le problème du manque de médicaments reste un obstacle majeur à un traitement efficace, ce qui rend les défis bien plus grands que sa capacité à les relever. Le médecin a souligné que de nombreux cas qu’il reçoit sont des cas graves qui nécessitent un traitement médicamenteux régulier, en plus de longues séances de thérapie, mais l’absence de médicaments rend la récupération très difficile.
La situation actuelle des patients psychiatriques reflète un autre côté sombre de la guerre dans la bande de Gaza. Avec la destruction des infrastructures de santé et la détérioration des conditions de vie, les malades mentaux se retrouvent dans un état d’incertitude, privés de soins de santé de base. Les médecins qui travaillent dans le domaine de la santé mentale, malgré leurs capacités limitées, tentent de fournir de l’aide dans des conditions difficiles et inappropriées, mais les solutions temporaires ne suffiront pas à répondre aux besoins de ces personnes. Il est nécessaire d’intervenir d’urgence pour fournir une assistance médicale et psychologique à ce type de pathologie, avec la nécessité d’ouvrir des couloirs humanitaires pour apporter les médicaments nécessaires. Le fait de retarder la fourniture du soutien nécessaire peut conduire à une exacerbation de la crise psychologique et augmenter la probabilité de problèmes sociaux plus complexes, tels qu’une augmentation de la violence ou la propagation des cas de suicide en raison du désespoir et de la perte d’espoir. La situation exige des efforts concertés aux niveaux local et international pour reconstruire le système de santé mentale à Gaza et veiller à ce que les patients reçoivent le traitement nécessaire dans un environnement sain et sûr.
(Voir aussi les chroniques postées par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s sur les sites d’AlterMidi et ISM France)