Témoignage d’Abu Amir, le 21 octobre 2024 : dans un contexte inhumain, ses équipes continuent de travailler… Une boussole !

Programme de soutien psychologique pour les hommes

Les hommes sont souvent considérés comme les soutiens de famille, mais dans les circonstances actuelles de la guerre, leur capacité à répondre aux besoins de leur famille est devenue extrêmement limitée, ce qui exacerbe leur souffrance psychologique et augmente leur sentiment d’impuissance et de pression psychologique.

L’impact de la guerre sur les hommes va au-delà des dimensions physiques ; beaucoup ont perdu leur famille ou en ont été séparés pendant le déplacement, ce qui accentue les sentiments de solitude et de chagrin. Cette séparation forcée de leurs proches ajoute une dimension psychologique encore plus dure, car ils se retrouvent dans un environnement étranger et instable, sans aucun moyen d’assurer la sécurité et la protection de leur famille.

Ces hommes souffrent d’une pauvreté extrême et d’un chômage croissant, car les opportunités d’emploi sont au plus bas en raison de la destruction des infrastructures et du manque de stabilité économique ; la fourniture des nécessités les plus élémentaires de la vie est très difficile.

Dans ces circonstances, les sentiments de frustration et d’impuissance s’accumulent et se transforment souvent en formes de violence domestique ou de violence entre hommes eux-mêmes. Ces hommes se retrouvent piégés dans un cycle de frustration et d’incapacité à exprimer leurs sentiments ; les crises psychologiques sont exacerbées et les tensions au sein de la famille et de la société augmentent.

En réponse à ces défis, le programme de soutien psychologique aux hommes a été lancé avec le soutien de l’UJFP, il y a plus de six mois, dans le but de fournir un espace sûr aux hommes pour exprimer leurs sentiments et faire face au profond impact psychologique de la guerre. Le programme ciblait les hommes de Deir al-Balah et des camps environnants, en leur fournissant un soutien psychosocial par le biais de séances thérapeutiques et de diverses activités visant à améliorer la santé mentale des hommes et des jeunes.

Cette semaine, le programme a été proposé dans le camp d’Al-Quds au nord de Deir al-Balah, où un grand nombre d’hommes et de jeunes hommes ont participé à des séances de soutien. Les activités comprenaient des exercices sportifs, des jeux récréatifs et des dialogues ouverts qui ont permis aux hommes d’exprimer librement leurs sentiments et leurs pensées.

Au cours de l’atelier, certains jeunes ont parlé de la situation catastrophique dans laquelle ils vivent, expliquant comment le vide les fait se sentir désespérés et perdus. D’autres ont indiqué que leur vie semble bloquée sans aucune réalisation notable, car les guerres successives leur ont volé des années de vie, augmentant leur sentiment de frustration et d’impuissance. Quant aux hommes plus âgés, ils ont exprimé la profonde douleur qu’ils ressentent en raison de leur incapacité à assurer les besoins fondamentaux de leur famille. Ils ont décrit le sentiment de « mourir mille fois par jour » en voyant leurs enfants souffrir de la faim et de la pauvreté, sans pouvoir changer la réalité. Certains ont exprimé leur perte d’espoir que la guerre se termine bientôt, tout en soulignant les défis à venir qui augmenteront leurs souffrances pendant l’hiver à venir, qui devrait être beaucoup plus difficile que le précédent.

De nombreuses personnes déplacées dans les camps vivaient auparavant à Rafah, mais ont été forcées de déménager à Deir al-Balah en raison de la guerre actuelle. Elles souffrent d’une grave pénurie de vêtements d’hiver, de couvertures et de tentes adaptées, ce qui laisse présager une véritable catastrophe à l’approche de l’hiver. La détérioration des infrastructures dans les camps complique les chances d’amélioration des conditions de vie, car les services d’évacuation de l’eau ou de chauffage des tentes sont insuffisants, ce qui augmente le risque de maladies et de froid intense.

Le programme vise également à sensibiliser les hommes aux questions sanitaires et sociales et à leur permettre de développer des stratégies pour faire face aux circonstances difficiles. En leur offrant cet espace sûr, les hommes sont en mesure de nouer des relations positives, ce qui contribue à améliorer leur santé mentale et à réduire les tensions au sein de la famille et de la communauté. En fin de compte, le besoin de programmes de soutien psychologique reste urgent et pressant alors que la guerre continue et que les conditions de vie se détériorent. Fournir un soutien psychologique aux hommes améliore non seulement leur état psychologique, mais contribue également à créer un environnement plus stable et plus pacifique au sein de la société dans son ensemble. Ces programmes représentent une lueur d’espoir qui aide à renforcer la résilience psychologique des hommes, leur permettant de mieux faire face aux défis, ce qui augmente les chances de rétablir la stabilité de la communauté à l’avenir.

(Voir aussi les chroniques postées par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s sur les sites d’AlterMidi et ISM France)


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