Témoignage d’Abu Amir, le 21 mars 2025 – Persister dans les actions de soutien vital pour la population gazaouie

Gaza, 21 mars 2025, témoignage d’Abu Amir

Deux ateliers de soutien psychologique pour les femmes dans les camps d’Al-Isra et Al-Suwaidi

Dans le cadre de ses efforts continus pour répondre aux besoins psychologiques urgents des femmes dans la bande de Gaza, les équipes de UJFP ont organisé cette semaine deux ateliers complets de soutien psychologique, destinés aux femmes affectées par la guerre en cours. Ces ateliers s’inscrivent dans un programme global visant à renforcer la résilience psychologique des femmes et à les aider à faire face aux conditions de vie et humanitaires difficiles.

Gaza, 21 mars 2025, témoignage d'Abu Amir. soutien psychologique pour les femmes
Gaza, 21 mars 2025, témoignage d'Abu Amir. soutien psychologique pour les femmes2

Le premier atelier a eu lieu dans le camp d’Al-Isra au centre de la ville de Gaza, tandis que le second s’est déroulé dans le camp d’Al-Suwaidi à Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza. Chaque atelier a réuni 30 participantes, ce qui reflète le besoin croissant pour ce type d’activités psychologiques et l’enthousiasme des femmes à y participer, en raison de l’environnement sûr qu’elles offrent pour l’expression émotionnelle et la libération du stress.

Dans le contexte de guerre, le soutien psychologique n’est pas un luxe mais une nécessité urgente, permettant aux femmes de retrouver leur équilibre mental et social et d’améliorer leur capacité à prendre soin de leur famille.

Les deux ateliers ont abordé plusieurs axes complémentaires, parmi lesquels :

  • L’importance de l’expression des émotions
    La première session de chaque atelier a débuté par une discussion sur l’importance d’exprimer ses émotions, soulignant que la répression émotionnelle aggrave la détresse psychologique. Les participantes ont été invitées à écrire leurs émotions anonymement, puis une lecture collective de ces écrits a été suivie d’un échange, favorisant une prise de conscience partagée de sentiments similaires de peur, d’anxiété et de tristesse.
  • Comprendre le traumatisme psychologique
    Les psychologues ont présenté une explication simple et illustrée du traumatisme psychologique, en évoquant ses symptômes : troubles du sommeil, anxiété constante, crises de larmes, difficulté de concentration. Elles ont également clarifié la différence entre stress normal et troubles nécessitant un suivi spécialisé.
  • Exercices pratiques de gestion du stress
    Plusieurs techniques ont été enseignées, telles que la respiration profonde, la méditation de pleine conscience, ainsi que des activités artistiques comme le dessin expressif, qui ont suscité une forte interaction de la part des participantes.
  • Résilience et adaptation psychologique
    Une partie des ateliers a été dédiée au développement de la résilience, à travers des stratégies telles que le maintien d’une routine quotidienne, le renforcement des liens familiaux, la participation communautaire, et la préservation de l’espoir.
  • Comment accompagner les enfants en situation de crise
    Les intervenantes ont approfondi le rôle des mères dans la stabilité psychologique de leurs enfants pendant les périodes de guerre. Des conseils pratiques ont été donnés pour rassurer les enfants, expliquer les événements selon leur âge, et utiliser les activités domestiques comme outils de soutien psychologique.
Gaza, 21 mars 2025, témoignage d'Abu Amir. Atelier pour les femmes

Témoignages recueillis lors des deux ateliers marqués par une forte interaction des participantes avec les animatrices et entre elles.

  • Question : « Je sens que j’ai perdu le goût de la vie après la perte de ma maison et de plusieurs membres de ma famille. Comment puis-je recommencer ? »
    Réponse de la psychologue : « Le deuil est l’une des sources les plus profondes du traumatisme. On ne peut pas avancer sans reconnaître d’abord la douleur. Il faut diviser ses journées en petites étapes, retrouver un certain contrôle, et surtout, ne pas hésiter à demander du soutien autour de soi. »
  • Question : « Mon fils parle de moins en moins et semble toujours perdu dans ses pensées. Est-ce un signe de danger ? »
    Réponse : « Oui, cela peut être un signe précoce d’un traumatisme. Il est important de l’observer avec douceur, l’impliquer dans des activités de groupe, et éviter toute pression à parler. Le jeu ou le dessin peuvent être des moyens efficaces pour l’aider à exprimer ses émotions. »
  • Question : « Je me sens coupable de ne pas avoir pu protéger mes enfants pendant les bombardements. Est-ce un sentiment normal ? »
    Réponse : « Le sentiment de culpabilité est fréquent chez les mères après une catastrophe. Mais il faut se rappeler que vous n’êtes pas responsable de ce qui s’est passé, ni de ce que vous n’avez pas pu contrôler. Reconnaître ce sentiment est le premier pas vers la guérison. Il faut apprendre à se pardonner et se concentrer sur ce que vous pouvez faire aujourd’hui. »

Les équipes poursuivent leurs activités dans le nord et le centre de la bande de Gaza, affirmant leur engagement à atteindre toutes les femmes dans les zones touchées, à travers des ateliers de soutien psychologique centrés sur l’autonomisation, la guérison et le développement de compétences face aux crises. L’équipe a constaté une augmentation notable du nombre de femmes demandant à participer, signe d’une prise de conscience accrue de l’importance de la santé mentale dans ce contexte difficile. Les deux ateliers menés dans les camps d’Al-Isra et d’Al-Suwaidi ont constitué un modèle réussi d’intervention communautaire, démontrant que la création d’un espace sûr pour l’expression, l’écoute et l’apprentissage peut être la première étape vers la reconstruction psychologique.

Lien photos et vidéos   – en regardant les vidéos on entend le bruit des avions ou drones israéliens !

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

Abu Amir témoigne de la vie à Gaza depuis Novembre 2023 : consulter tous ses témoignages

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