Témoignage d’Abu Amir, le 20 mars 2025 – Expansion des opérations militaires et aggravation des déplacements

Ces dernières heures ont été marquées par une escalade militaire importante dans le nord de la bande de Gaza, où l’armée israélienne a élargi ses opérations terrestres et repris le contrôle de plusieurs zones dont elle s’était retirée avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Cette avancée militaire a entraîné une nouvelle vague de déplacements massifs, en particulier depuis la région de Beit Hanoun, où la majorité des familles ont été contraintes de fuir vers l’ouest de Gaza-ville à la recherche d’un abri sûr. De même, les quartiers situés à l’est de Gaza-ville ont connu un exode similaire vers l’ouest, en raison de l’intensification des bombardements et de l’extension des opérations militaires.

De plus, l’armée israélienne a complètement fermé la route Salah al-Din et en a pris le contrôle total, avec un déploiement massif de véhicules militaires dans la zone, rendant la circulation des civils encore plus difficile et coupant les axes d’approvisionnement entre le nord et le sud de la bande de Gaza. En revanche, la route Al-Rashid reste partiellement ouverte, mais fonctionne uniquement dans une seule direction, du nord vers le sud, ce qui incarne le maintien du contrôle militaire israélien sur les principaux axes du territoire.

Dans le sud de la bande de Gaza, les opérations militaires ont également conduit à des déplacements massifs dans les zones agricoles. Plus de 50 % des agriculteurs de Khuza’a, Abu Taima et Abasan ont été contraints d’abandonner leurs terres et de se réfugier dans la région d’Al-Mawasi à Khan Younès. Ce déplacement fait suite à une série de bombardements intensifs ce matin, utilisant ce que l’armée israélienne appelle des « ceintures de feu » , une stratégie visant à créer des zones tampons par des frappes répétées sur les terres agricoles et les habitations avoisinantes. Actuellement, les agriculteurs tentent de réorganiser leurs conditions de vie en installant de nouvelles tentes dans la région d’Al-Mawasi, dans un contexte humanitaire extrêmement difficile.

Sur le plan politique, le mouvement Hamas a annoncé être prêt à conclure un grand accord d’échange d’otages, mais à une seule condition : un passage immédiat à la deuxième phase des négociations, impliquant un retrait complet de l’armée israélienne de toutes les zones de la bande de Gaza, ce qui signifierait la fin de la guerre.

Toutefois, Israël ne semble pas disposé à accepter cette exigence et continue d’exercer une pression maximale sur le Hamas par une escalade militaire et des frappes ciblant les infrastructures civiles, ce qui démontre sa volonté d’imposer ses propres conditions dans toute négociation future.

Sur le terrain, l’aviation israélienne a mené plus de 20 frappes la nuit dernière, visant différentes régions de la bande de Gaza. Selon les rapports médicaux, le bilan des victimes palestiniennes au cours des 50 dernières heures dépasse les 710 morts et plus de 900 blessés, une tragédie qui illustre l’ampleur de la destruction causée par l’escalade israélienne en cours.

Il semble que l’équilibre des forces dans les négociations se soit inversé au détriment du Hamas, Israël étant désormais en position de force pour imposer ses conditions. L’armée israélienne sait parfaitement comment faire pression sur le Hamas en ciblant les civils et en menaçant d’étendre ses opérations militaires, une stratégie qui s’est avérée efficace à plusieurs reprises. Les opérations militaires actuelles poursuivent deux objectifs principaux : le premier est d’augmenter la pression sur le Hamas pour le contraindre à faire des concessions, et le second est d’aggraver la souffrance des civils, ajoutant ainsi une pression interne supplémentaire sur le mouvement.

Dans cette situation dramatique, la détresse des civils ne cesse de s’aggraver. Les déplacements massifs et la perte de vastes zones du territoire fragilisent encore davantage le moral des habitants de Gaza. À chaque nouvelle offensive, leurs options deviennent de plus en plus limitées, amplifiant ainsi un climat de désespoir et d’incertitude quant à l’avenir.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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