Témoignage d’Abu Amir, le 20 février 2025 – Qu’en est il de la deuxième phase de l’accord à Gaza ?

Des camions transportant des maisons mobiles sont alignés du côté égyptien du poste-frontière de Rafah avec la bande de Gaza le 13 février 2025. Israël a déclaré le 14 février que les engins lourds nécessaires pour nettoyer les débris de guerre et les bulldozers alignés au poste-frontière de Rafah entre l’Égypte et Gaza ne seraient pas autorisés à passer par Rafah. (Photo AFP)

Israël conditionne la deuxième phase de l’accord au désarmement du Hamas et à son éloignement de la bande de Gaza

Dans un développement récent, Israël a conditionné le passage à la deuxième phase de l’accord à des exigences que le Hamas considère comme inacceptables, notamment le désarmement de la résistance et l’éloignement du Hamas de la bande de Gaza. Le mouvement a affirmé que ces demandes relèvent de la « guerre psychologique absurde », insistant sur le fait que la résistance ne quittera pas Gaza et que son désarmement est hors de question. Il a également souligné que toute disposition concernant l’avenir de la bande de Gaza doit être décidée uniquement par un consensus palestinien, sans ingérence extérieure.

Par ailleurs, des responsables du gouvernement de Benjamín Netanyahou ont déclaré qu’il existe de profondes divergences entre les deux parties et que parvenir à la deuxième phase de l’accord semble quasiment impossible. Ces responsables ont précisé qu’Israël ne fera aucune concession sur ses demandes et que la seule option envisageable est la prolongation de la première phase (A) de l’accord, en intégrant davantage d’otages israéliens dans la liste humanitaire.

Dans le même contexte, une délégation israélienne de négociation est partie aujourd’hui pour Le Caire afin de discuter des détails de la première phase du cessez-le-feu. Un responsable israélien a révélé que les négociations porteront sur l’introduction de maisons mobiles dans la bande de Gaza, précisant que l’occupation est prête à faire entrer 300 unités résidentielles à ce stade. Toutefois, ce nombre reste largement insuffisant pour répondre aux besoins d’un seul camp de réfugiés, parmi les nombreux camps dispersés à travers le territoire, où des centaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge après la destruction de leurs maisons.

Situation humanitaire catastrophique : Gaza sous le poids de la guerre, du froid et de la faim

La souffrance des habitants de Gaza se poursuit dans un contexte de crise humanitaire catastrophique. Avec les destructions massives des infrastructures et l’effondrement des services essentiels, la vie devient de plus en plus difficile pour des centaines de milliers de citoyens.

Dans ce cadre, de grandes quantités de carburant ont été acheminées vers la centrale électrique située au centre de la bande de Gaza, permettant à la compagnie d’électricité de commencer la réparation de certaines lignes qui n’ont pas été complètement détruites. Cependant, l’ampleur des dégâts sur le réseau électrique est immense, rendant le rétablissement de l’électricité dans les foyers un travail de longue haleine qui pourrait prendre des années.

Simultanément, une puissante dépression météorologique a frappé Gaza dans la nuit d’hier, aggravant davantage les souffrances des habitants, en particulier ceux qui vivent dans des camps de déplacés et des tentes de fortune. Les fortes pluies et vents violents ont inondé ces abris précaires, transformant le sol en marécage de boue, rendant la vie insupportable, aggravée par le froid glacial et l’absence totale de moyens de chauffage.

Face à cette catastrophe, la colère des citoyens est montée d’un cran, notamment parmi ceux qui sont retournés dans leurs quartiers dévastés du nord et du sud de la bande de Gaza. Ils n’ont trouvé que des ruines, confrontés à une réalité encore plus cruelle : aucun abri, pas d’eau potable, et des rues toujours bloquées par les décombres qui rendent les déplacements extrêmement pénibles.

Avec l’accumulation des crises, la détresse des habitants ne cesse de croître. Les fortes pluies et le froid mordant ont contribué à une dégradation rapide des conditions sanitaires, provoquant la propagation de maladies dans un environnement privé des besoins les plus élémentaires pour la survie.

Extraction des corps sous les décombres après des mois de bombardements

La tragédie humanitaire ne cesse de s’aggraver avec la découverte continuelle de corps sous les ruines depuis plusieurs mois, conséquence des bombardements israéliens qui ont détruit les équipements de la défense civile dédiés au déblaiement des gravats.

Les familles endeuillées vivent toujours sous le choc, plongées dans une souffrance incommensurable, entourées de scènes de désolation et de destruction. Beaucoup subissent de graves traumatismes psychologiques, incapables de retrouver et d’inhumer dignement leurs proches laissés sous les décombres de leurs maisons détruites.

Après d’intenses efforts diplomatiques, l’entrée de deux bulldozers égyptiens spécialisés dans l’évacuation des débris et l’aménagement des routes a finalement été autorisée. Ces engins entameront leurs opérations dans le nord de la bande de Gaza, visant à dégager les ruines et récupérer les corps encore ensevelis sous les bâtiments détruits.

Cette avancée, bien que tardive, constitue un soulagement partiel pour les habitants qui espèrent enfin offrir à leurs proches un enterrement digne. Cependant, les besoins en équipements restent énormes, alors que les souffrances des familles continuent de croître jour après jour.

Poursuite des violations israéliennes et obstruction à l’entrée de l’aide humanitaire

Malgré l’accord de cessez-le-feu, l’armée israélienne a continué de violer ses propres engagements à plusieurs reprises cette semaine, entraînant la mort de plusieurs civils et les blessures d’autres dans différentes zones de la bande de Gaza. Ces violations répétées suscitent des inquiétudes croissantes quant à un possible effondrement de l’accord, d’autant plus qu’Israël maintient une position rigide, poursuivant ses attaques ciblées sur certaines zones.

Par ailleurs, Israël continue d’entraver l’évacuation des patients et des blessés nécessitant des soins médicaux à l’étranger. Les autorités israéliennes ont reporté le départ de dizaines de malades et de leurs accompagnateurs, ce qui a aggravé leur état de santé et mis leur vie en danger.

Cette obstruction ne se limite pas aux patients : le passage de Kerem Shalom a également été soumis à des restrictions strictes sur l’acheminement de l’aide humanitaire. Israël n’a permis l’entrée que de 180 camions sur les 600 convenus, soit à peine 30 % du volume attendu au cours des deux derniers jours, selon le bureau des médias gouvernemental de Gaza. Cette réduction drastique des approvisionnements a exacerbé la crise alimentaire et la pénurie des biens essentiels, rendant la situation encore plus insoutenable pour les habitants de la bande de Gaza.

Le bilan de l’agression israélienne s’alourdit alors que le blocus et les crimes se poursuivent : depuis le 7 octobre 2023, 48 271 morts et 111 693 blessés, faisant de cette attaque l’une des plus meurtrières contre des civils dans l’histoire contemporaine. Ces chiffres accablants illustrent l’ampleur de la tragédie que vivent les Palestiniens de Gaza, confrontés à une guerre d’extermination systématique dont le but est d’anéantir toute forme de vie dans le territoire assiégé.

Israël a transformé la bande de Gaza en la plus grande prison à ciel ouvert au monde, soumettant ses habitants à un blocus implacable depuis 18 ans. Cette situation a engendré une détérioration sans précédent des conditions humanitaires, plongeant près de deux millions de déplacés – sur une population totale de 2,4 millions d’habitants – dans des conditions catastrophiques, avec un manque délibéré de nourriture, d’eau et de médicaments. Malgré les appels internationaux incessants, Israël continue de pratiquer une politique de famine et de privation à l’égard des civils, perpétuant ainsi des crimes d’une ampleur inouïe contre une population sans défense.

Alors que les efforts diplomatiques se poursuivent pour tenter d’aboutir à un accord global qui soulagerait les souffrances des habitants de Gaza, l’intransigeance d’Israël bloque toute avancée significative. Entre bombardements, siège et déplacements forcés, Gaza demeure une plaie ouverte au cœur du monde, où ses habitants endurent une guerre impitoyable sous le regard passif de la communauté internationale.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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