Dans un coin de ce monde, où les enfants naissent pour se retrouver au cœur du feu et du blocus, au lieu d’un havre de vie, les enfants de la bande de Gaza vivent sous le poids d’une réalité qui ne ressemble à aucune autre sur terre. Ici, l’enfance n’est pas une saison d’innocence et de jeu, mais une page sanglante écrite dans le besoin, la perte et la privation. Ces petits ne connaissent rien des jardins, des terrains de jeux ou des vacances d’été ; leur quotidien n’a rien de commun avec celui des enfants ailleurs. Ce que vivent les enfants de Gaza est une version douloureuse de l’existence, privée de tout ce qui définit l’enfance : nourriture suffisante, eau potable, foyer sûr, éducation stable, soins médicaux, et même un simple vêtement digne d’un petit corps qui grandit parmi les ruines ou sous les tentes des camps de déplacés disséminés partout.
Dans chaque recoin de la bande de Gaza, un enfant au regard grand et profond porte en lui une fatigue qui dépasse largement son âge. Et parmi les lieux les plus poignants se trouve le camp Al-Baraka pour orphelins à Mawasi Khan Younès, un camp fermé réservé aux femmes et aux enfants ayant perdu leur soutien familial — ceux qui ont dit adieu à leurs pères, tués, disparus ou emprisonnés. Ce n’est pas seulement un lieu d’accueil, mais une blessure ouverte dans le corps de l’enfance gazaouie, résumant la souffrance d’une génération entière qui grandit sans main protectrice ni étreinte paternelle.
Dans ce camp, la douleur des mères ne s’arrête pas à la perte, mais s’étend à tous les aspects du quotidien. Chaque mère lutte contre la douleur et l’impuissance, chaque jour apporte des questions angoissantes : Comment vais-je habiller mon enfant ? Comment le réchauffer en hiver ? Comment lui offrir un peu de joie en cet été de pénurie ? Alors que la chaleur estivale s’intensifie, les appels des mères se sont élevés, exprimant un besoin sincère pour un droit fondamental de l’enfance : un vêtement propre, neuf, qui protège leurs enfants du soleil brûlant, un instant de bonheur bien mérité.
Parce que la voix de la justice ne peut rester sans réponse, les équipes de l’UJFP ont répondu, ainsi est née une initiative porteuse d’espoir et de joie pour ces cœurs éprouvés. Ces derniers jours, les équipes sur le terrain se sont rendues au camp Al-Baraka, chargées de 250 vêtements d’été qu’elles ont distribués aux enfants orphelins. Ce n’était pas simplement une distribution de biens matériels, mais un moment profondément humain, qui a changé la teinte d’une journée grise pour des enfants sans soutien, et pour des mères à bout de force.


Les sourires dessinés sur les visages des mères ont été le plus beau des messages de remerciement. Dans cette initiative, elles ont vu une forme de justice, une lueur qui atténue un peu la cruauté du quotidien, une dose de réconfort, même éphémère. Quant aux enfants, ils semblaient transportés dans un autre monde, courant joyeusement dans leurs nouveaux habits, échangeant regards complices et rires, comme s’ils avaient, ne serait-ce qu’un instant, oublié où ils se trouvaient. Ce vêtement neuf leur avait rendu un sentiment volé : la dignité, l’inclusion, l’estime de soi.
Nombreuses sont les mères qui ont exprimé leur gratitude à l’équipe à travers des messages émouvants, pleins de reconnaissance envers ceux et celles qui ont contribué à redonner le sourire à leurs enfants. Des mots sincères, trempés de larmes, traduisant le sentiment que quelqu’un, quelque part, pense encore à elles, entend leurs appels, et répond sans délai. « Je n’aurais jamais imaginé voir une telle joie dans les yeux de mon enfant, c’est comme si vous lui aviez redonné vie avec un simple vêtement » « Vous êtes ceux qui restent avec nous quand tous les autres nous abandonnent. »
Cette action humanitaire ne peut être réduite à des chiffres ou des images. Elle est le témoignage vivant que l’humanité peut encore briller dans des lieux où toute forme de vie semble suffoquer. Les équipes ont prouvé que se tenir aux côtés des enfants de Gaza ne nécessite ni tapage ni projecteurs, mais bien des actes sincères, une réactivité exemplaire et un profond sens du devoir.
Ce dont les enfants de Gaza ont besoin ne se limite pas à une bouchée de pain ou à un vêtement pour l’été ou l’hiver. Ils ont besoin d’une vie entière, d’une existence digne comme celle que tout autre enfant a droit de vivre. Ce qu’a accompli UJFP est aussi un rappel que la plaie est encore béante, et que les enfants de Gaza méritent plus qu’une simple initiative : ils méritent une véritable justice, une humanité pleine, et la possibilité de vivre comme tous les autres enfants du monde. Car l’enfance n’est pas un crime. Et parce qu’un sourire, comme celui dessiné par un vêtement neuf, devrait être un droit fondamental — non une exception rare.
Photos et vidéos ICI
(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)