Témoignage d’Abu Amir, le 13 novembre 2024 – L’escalade israélienne se poursuit à Gaza : bombardements, déplacements et destructions massives dans le cadre d’une crise humanitaire étouffante

Bombardements, déplacements et destructions

La guerre israélienne contre la bande de Gaza est entrée dans son 404e jour consécutif aujourd’hui, mercredi, alors que les forces d’occupation israéliennes continuent de commettre des violations graves et des crimes de guerre contre les civils et les personnes déplacées dans différentes zones de la bande.

Ces événements surviennent alors que les zones nord de la bande de Gaza sont le théâtre d’une escalade sans précédent de la part de l’armée israélienne, qui a intensifié ses opérations visant à forcer les personnes déplacées à migrer vers le sud sous la menace des armes, tout en menant une politique systématique de destruction des infrastructures et des équipements publics dans ces zones.

Dans le cadre des opérations de déplacement, des rapports indiquent qu’une force militaire israélienne a pris d’assaut des zones résidentielles dans la ville de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, et a proféré des menaces directes à l’encontre des personnes déplacées présentes dans les abris et les maisons environnantes, et les a forcées à se déplacer vers le sud en passant par la rue Salah al-Din, ce qui a provoqué un déplacement massif de la population. Les forces ont également incendié l’école Mahdia al- Shawa, qui constituait un refuge pour des centaines de familles déplacées, ajoutant une nouvelle tragédie à la vie de ceux qui fuyaient les bombardements en cours.

Les bombardements ne se sont pas arrêtés à Beit Hanoun, puisque l’artillerie israélienne a ciblé intensivement d’autres zones telles que Jabalia et Beit Lahia, où ces zones ont été soumises à des bombardements continus qui ont détruit des dizaines de bâtiments résidentiels dans le camp de Jabalia, laissant des familles entières sans abri, et ajoutant de nouvelles victimes parmi les martyrs et les blessés. La souffrance humanitaire s’accroît avec l’interruption forcée des services de défense civile dans toutes les zones du nord de la bande de Gaza pour le vingt-deuxième jour, les équipes de secours ne pouvant pas atteindre les blessés ou les personnes piégées sous les décombres parce que tout ce qui semble vivant est ciblé tous les jours par les Israéliens.

Des dizaines de milliers de Palestiniens du nord de la bande de Gaza ont été privés des besoins les plus élémentaires de la vie humaine, en raison de l’interruption des services médicaux et du manque d’équipement médical nécessaire pour sauver des vies. Les hôpitaux du nord, qui fonctionnent sous un siège étouffant, manquent de fournitures médicales de base car les forces d’occupation empêchent l’aide de leur parvenir, ce qui a exacerbé la situation humanitaire dans la région.

Au cours des dernières heures, 11 personnes ont été tuées à la suite des bombardements israéliens sur diverses zones de la bande de Gaza, ce qui porte le nombre de morts à un niveau stupéfiant depuis le début de l’agression.

En ce qui concerne les plans militaires israéliens, le journal israélien Haaretz a cité des sources de sécurité selon lesquelles le gouvernement israélien peut éviter de parler de ses véritables intentions au public, mais les forces militaires continuent de mettre en œuvre des plans visant à vider systématiquement le nord de la bande de Gaza de ses habitants et à détruire massivement les maisons à Jabalia.

Les nouvelles indiquent que l’armée reçoit des ordres directs pour évacuer les habitants des villes et des villages du nord de la bande de Gaza, dans le cadre d’un plan visant à modifier la composition démographique de Gaza et à établir des colonies israéliennes dans le nord, ce qui suscite de vives inquiétudes au niveau international et humanitaire. Pour sa part, la coordinatrice humanitaire des Nations unies a déclaré que la situation dans la bande de Gaza avait atteint un stade catastrophique, puisqu’on estime que 70 % des bâtiments résidentiels de la bande ont été complètement détruits et que les corps de familles palestiniennes entières restent coincés dans les décombres de ces bâtiments, tandis qu’Israël refuse d’autoriser les équipements de secours à récupérer les corps ou à aider les blessés.

Israël fait également obstacle à l’arrivée de l’aide humanitaire urgente dont ont besoin des dizaines de milliers d’habitants du nord de la bande de Gaza, ce qui ne fait qu’exacerber la crise humanitaire et la transforme en une catastrophe permanente sous les yeux du monde entier.

La poursuite de cette situation menace d’avoir de graves conséquences humanitaires, car les civils sont confrontés quotidiennement à des conditions tragiques en raison de la politique actuelle de siège, de bombardement et de déplacement. Avec l’escalade, il est impératif que la communauté internationale prenne des mesures sérieuses pour mettre fin à ces violations graves et fournir une protection aux civils piégés dans cette agression qui continue à faire des victimes et à détruire les infrastructures dans la bande de Gaza.

Israël mène une course contre la montre pour mettre fin au mandat de l’UNRWA et liquider la question des réfugiés palestiniens

La région est témoin d’une action israélienne intensive visant à mettre fin au rôle de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), dans le but évident de liquider la question des réfugiés palestiniens et de les priver de leur statut juridique de réfugiés internationalement reconnus. Israël a récemment commencé à prendre des mesures concrètes pour marginaliser le rôle de l’UNRWA dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et même en Israël. Cette marginalisation passe par une stratégie qui vise à « accélérer la fin du mandat de l’UNRWA et à transférer ses pouvoirs à d’autres organisations internationales », ce qui menace de mettre un terme définitif à la présence de l’UNRWA dans la région, en ignorant les résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies qui stipulent la nécessité de poursuivre le rôle de l’UNRWA jusqu’à ce qu’une solution juste et durable soit trouvée à la question des réfugiés.

L’un des outils les plus importants qu’Israël utilise pour atteindre cet objectif est la publication par la Knesset israélienne d’une série de nouvelles lois, qui sont récemment entrées en vigueur, dans le but d’empêcher toute initiative des Nations unies ou de la communauté internationale visant à contester ces lois devant la Cour internationale de justice. Cette législation israélienne cherche à imposer une nouvelle réalité juridique et politique qui empêche toute intervention internationale dans la question des réfugiés, ce qui montre clairement l’insistance d’Israël à imposer des politiques qui effaceraient le droit au retour et oblitéreraient l’identité des réfugiés palestiniens.

Ces politiques sont également évidentes dans le ciblage des employés et des installations de l’UNRWA à l’intérieur de la bande de Gaza, où certaines installations de l’agence ont été attaquées et restreintes, reflétant une partie d’un plan plus large visant à mettre fin au travail de l’UNRWA dans la région. Les observateurs signalent que ces mesures sont prises dans un silence international évident, ce qui donne à Israël une audace croissante pour poursuivre ses attaques contre l’UNRWA, sans craindre de devoir rendre des comptes ou de subir une véritable pression internationale pour mettre fin à ce ciblage systématique.

Malgré ces mesures, les lois israéliennes qui cherchent à abolir le rôle de l’UNRWA au niveau local ne peuvent pas annuler légalement les obligations et les accords internationaux qui garantissent la protection du travail de l’UNRWA et assurent le droit des réfugiés à bénéficier de ses services. En tant que puissance occupante, Israël est légalement tenu de respecter le mandat et l’immunité internationale de l’UNRWA, qui sont essentiels pour garantir la fourniture d’une assistance et de services humanitaires de base à des millions de réfugiés palestiniens.

La communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, doit relever un défi majeur en assumant sa responsabilité de protéger l’UNRWA des tentatives de marginalisation israéliennes et de lui permettre d’accomplir son devoir humanitaire, conformément aux résolutions de l’ONU. La responsabilité internationale dans ce contexte ne se limite pas à un soutien financier ou à des discours de soutien, mais doit inclure une action diplomatique et juridique pour faire pression sur Israël afin qu’il respecte ses obligations internationales et empêche toute mesure unilatérale qui démantèlerait l’UNRWA ou priverait les réfugiés palestiniens des droits qui leur sont reconnus.

Au moment où certains membres des Nations Unies ne s’opposent pas aux politiques israéliennes contre l’UNRWA, Israël trouve dans cet échec une occasion de renforcer son plan de démantèlement de l’UNRWA, qui ouvre la porte aux « partenariats alternatifs » qu’Israël cherche à imposer comme alternative à l’UNRWA, pour fournir des services aux réfugiés directement ou par l’intermédiaire d’autres organisations, ce qui signifie pratiquement l’élimination du statut des réfugiés palestiniens et la marginalisation de leurs droits.

La décision de la Knesset israélienne de restreindre le travail de l’UNRWA constitue une menace existentielle pour l’UNRWA, car cette décision ne se limite pas à saper le travail d’une institution internationale, mais affecte les droits fondamentaux des Palestiniens. Si Israël parvient à démanteler l’UNRWA, il s’agira d’une étape préliminaire vers la fin du droit des Palestiniens à l’autodétermination et la liquidation complète de la question des réfugiés, ce qui renforcera l’agenda de l’occupation et sapera toutes les chances de parvenir à une solution juste et globale du conflit. Cette situation exige une intervention internationale urgente, car sans un soutien efficace et clair à l’UNRWA, des millions de réfugiés palestiniens continueront à être confrontés à un avenir incertain dans le cadre d’une politique israélienne délibérée visant à mettre fin à leur droit au retour et à liquider leur cause.

Israël entre l’illusion de la paix et la réalité de l’agression : un appel à la société israélienne pour qu’elle pousse au changement

Combien de temps le peuple israélien continuera-t-il à se soumettre aux politiques extrémistes de son gouvernement, qui opprime sans relâche tous les peuples et les individus qui l’entourent ?

Combien de temps ce peuple restera-t-il passif face à un gouvernement qui s’engage dans des guerres futiles sans autre objectif clair que la destruction et l’agression ? Le sentiment constant de stress que ressent la société israélienne n’est rien d’autre que le résultat inévitable d’une entité fondée dès le départ sur des bases fausses et injustes, puisqu’Israël a été établi sur les terres palestiniennes à travers les catastrophes et les souffrances d’un peuple qui avait tous les droits sur cette terre. Même si le monde reconnaît aujourd’hui l’existence de cette entité, les peuples ne l’ignorent pas. Le monde a pris conscience de la vérité historique de l’établissement d’Israël sur les terres palestiniennes, à la lumière de ses tentatives permanentes d’effacer l’identité et l’histoire palestiniennes par divers moyens de déplacement, de colonisation et de modification des repères historiques. Malgré toutes ses violations, Israël, par le biais de son alliance étroite avec les États-Unis, s’efforce d’imposer une politique de normalisation avec les pays arabes sous le prétexte de la paix, du développement et de la coopération économique dans la région. Mais ce ne sont que des appels creux, car on ne peut pas parler de « paix » tant qu’Israël continue de tuer et de détruire tout ce qui est palestinien, libanais et syrien, et tant qu’il n’hésite pas à prendre pour cible des civils, y compris des enfants et des femmes, sans aucune pitié, commettant d’horribles massacres sous les yeux du monde entier.

Quelle paix peut être construite sur des bombardements, des génocides et des violations continues des lois et des normes internationales les plus élémentaires ? Ce qu’Israël fait subir aux peuples de la région est très éloigné du concept de paix. Il s’agit plutôt d’un chemin qui ne mène qu’à la destruction et qui plante la haine et la colère dans l’âme des générations, non seulement en Palestine et dans les pays voisins, mais aussi dans l’âme des fils de la société israélienne elle-même, qui souffriront des effets de cette politique oppressive à l’avenir.

Le peuple israélien doit comprendre que la haine, les meurtres et la destruction que son gouvernement sème finiront par porter leurs fruits. La haine ne fait qu’engendrer plus de haine, et la destruction laissera une génération chargée de sentiments hostiles, ce qui affectera la sécurité et la stabilité de la société israélienne elle-même. C’est pourquoi la société israélienne doit assumer sa responsabilité et faire pression sur son gouvernement extrémiste pour qu’il mette fin à cette effusion de sang et qu’il recherche de véritables moyens de coexistence entre les peuples israélien et palestinien.

Il n’y a pas d’autre solution, l’histoire nous a appris que les peuples qui ont appris à vivre ensemble sont ceux qui ont atteint la stabilité et le développement. Nous devons essayer de trouver une solution pacifique, nous ne perdrons rien à essayer la coexistence, nous pouvons réussir là où d’autres ont échoué.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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