Union juive française pour la paix

Témoignage d’Abu Amir, le 11 octobre 2025 – Rapport de l’atelier de soutien psychologique et social intitulé : « Notre patrimoine, notre identité »

Abu Amir 11 10 25 Ateliers psy IMG 2200 Témoignage d'Abu Amir, le 11 octobre 2025 - Rapport de l’atelier de soutien psychologique et social intitulé : « Notre patrimoine, notre identité »

Au cœur d’une petite tente de déplacement à l’ouest de Deir al-Balah, la voix du patrimoine palestinien s’est élevée pour affirmer sa présence comme un bouclier psychologique et culturel inébranlable. Cet atelier n’était pas une simple séance passagère, mais un moment de naissance d’un espace différent : un lieu où la douleur s’est mêlée à l’espoir, transformant la tente temporaire en un forum culturel vibrant de vie. L’atelier s’inscrivait dans le cadre des efforts de l’équipe de l’UJFP pour soutenir les femmes déplacées, à travers des activités psychologiques et sociales fondées sur la puissance de l’identité et du patrimoine comme outils de résilience et sources d’énergie spirituelle.

Avec l’aggravation des conditions difficiles et la perte des foyers et des lieux sûrs, les femmes déplacées ressentent de plus en plus un sentiment d’impuissance et d’aliénation psychologique. Pourtant, le patrimoine palestinien a toujours été un rempart protégeant la mémoire collective et un pilier de résistance. L’identité n’est pas seulement liée à des murs ou à une terre physique, mais elle constitue un capital spirituel et culturel que les femmes portent dans leurs cœurs et leurs esprits et qu’elles transmettent aux générations futures. Cet atelier est venu affirmer que le patrimoine est la maison qui ne s’effondre pas, le bouclier qui ne se brise pas et la voix qui ne se tait jamais.

L’atelier a réuni 25 femmes déplacées vivant actuellement dans le camp des Amis (camp Al-Asdiqa’a) à l’ouest de Deir al-Balah. Elles sont venues portant le poids de la perte et de la nostalgie, mais aussi avec la passion de retrouver un espace leur redonnant dignité et appartenance. Le tableau était émouvant dès le début : certaines femmes portaient la robe palestinienne brodée, d’autres arboraient le keffieh palestinien, tandis qu’un groupe brandissait le drapeau palestinien aux couleurs éclatantes. On aurait dit que la séance avait commencé avant même son ouverture, transformant le lieu en une petite fête nationale où vibraient l’esprit de résistance et d’identité.

La séance a débuté par une explication sur l’importance de raviver les souvenirs comme arme psychologique contre l’aliénation. On a dit aux participantes :

« Ton histoire est ta maison qui n’a pas été détruite, et chaque mot que tu dis reconstruit un mur de la patrie. »

Les femmes se sont alors transformées en conteuses ; chacune racontait l’histoire de son village ou de sa maison, entre larmes et sourires. Des chants traditionnels palestiniens se sont élevés spontanément entre les récits, ajoutant une profondeur émotionnelle à l’atmosphère. Les participantes ont ressenti qu’elles retrouvaient leurs maisons perdues à travers leurs mots et que la mémoire collective devenait un mur de protection commun. Une femme âgée, les yeux pleins de larmes, a dit :

« Ces histoires sont plus fortes que n’importe quelle tente ; elles sont notre véritable maison. »

La femme gardienne du patrimoine – Broderie et identité

L’activité a été présentée comme une invitation à découvrir la puissance de la femme en tant que gardienne du patrimoine. On leur a dit :

« Chaque point de broderie est un témoignage de notre existence, et chaque robe est un drapeau aux couleurs de la Palestine. »

Les femmes ont commencé à exposer leurs robes brodées et à expliquer la signification des couleurs et des motifs. Certaines ont pris aiguille et fil pour broder au milieu du camp, entourées de jeunes filles désireuses d’apprendre. C’était un moment débordant de fierté, où l’aiguille et le fil se sont transformés en outils de résistance psychologique. Une jeune femme a déclaré avec enthousiasme :

« Quand j’ai pris l’aiguille, j’ai senti que je recousais mon identité. »

Le patrimoine, pont vers l’avenir – Le rôle des mères dans le camp

L’atelier s’est conclu par un volet pratique portant sur le rôle des mères dans la transmission de l’identité nationale à leurs enfants. On leur a dit :

« Vos enfants ont autant besoin d’histoires et de comptines que de pain. Ce que vous semez dans leurs cœurs aujourd’hui sera leur forteresse demain. »

Les femmes ont discuté de méthodes simples : apprendre aux enfants les noms des villes palestiniennes, chanter des comptines nationales, organiser des jeux traditionnels, et créer de petites bulles de joie dans le camp. Le débat s’est vite transformé en célébration spontanée : les femmes ont chanté, dansé la dabkeh palestinienne, et élevé leurs voix avec fierté, rejointes par les enfants. C’était une véritable déclaration collective de victoire sur la peur et le désespoir.
Une jeune mère a dit :

« Aujourd’hui, j’ai appris que la plus grande leçon à enseigner à mes enfants, c’est que notre terre est notre dignité. »

Impact psychologique et social de la séance

L’atelier a démontré que le soutien psychologique ne se limite pas aux mots thérapeutiques, mais s’étend à la réactivation du patrimoine comme abri de l’âme. Les femmes ont pu exprimer leurs émotions de manière saine, se sentir renforcées par la mémoire, productives à travers l’artisanat, et pleines d’espoir en pensant à l’avenir de leurs enfants.
La tente s’est transformée en maison symbolique plus grande que les murs détruits : une maison faite de mots, de récits et de chants.

L’atelier « Notre patrimoine, notre identité » a été bien plus qu’une séance ; ce fut un acte de résistance culturelle et psychologique à la fois. Il a redonné aux femmes déplacées force et dignité, tout en les reconnectant à leurs racines comme rempart contre l’aliénation.
Les larmes, les sourires, les chants et la broderie ont été autant de déclarations affirmant que la femme palestinienne n’est pas seulement une victime, mais une créatrice d’espoir et une gardienne d’identité.

En quittant l’atelier, les participantes portaient dans leurs cœurs une flamme d’espoir ardente, en répétant :

« Le patrimoine est notre maison indestructible, et l’identité ne disparaît pas avec la perte du lieu. »

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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