Témoignage d’Abu Amir le 11 novembre (suite) : pillage du peu d’aide alimentaire qui entre, sous l’oeil complice de l’armée israélienne

Détérioration de la situation humanitaire à Gaza : poursuite des massacres et du pillage de l’aide humanitaire dans le silence de la communauté internationale.

Au 401e jour de la guerre israélienne, la bande de Gaza est le théâtre d’une escalade militaire sans précédent, les forces israéliennes d’occupation continuant à bombarder intensivement les zones résidentielles, en particulier dans la partie nord de la bande, faisant des morts et des blessés et détruisant largement les habitations et les infrastructures. Le porte-parole de la défense civile à Gaza a indiqué que les forces d’occupation bombardent les maisons et leurs habitants, ce qui rend extrêmement difficile le sauvetage des personnes piégées sous les décombres et entraîne la mort de nombreuses personnes en raison de l’incapacité des équipes de secours à les atteindre.

Bombardement du camp de Nuseirat : escalade de la violence, mouvements militaires intensifs

Les forces d’occupation poursuivent leurs attaques sur différentes zones de la bande de Gaza. Le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, a subi des tirs d’artillerie intensifs ciblant les zones nord-ouest du camp. Depuis l’aube aujourd’hui, les véhicules de l’armée israélienne ont avancé et pris position sur la colline de Nuwairi sur la plage ; ils ont bombardé des dizaines de maisons dans la région, tuant et blessant de nombreux civils. Les bombardements ont été accompagnés de tirs nourris provenant d’avions quadricoptères qui volaient à basse altitude et ont empêché de nombreux résidents de s’échapper de la zone assiégée.

Les familles qui sont restées piégées dans ces zones sont confrontées à une situation tragique, et des appels ont été lancés à la Croix-Rouge pour qu’elle intervienne d’urgence et leur permette de quitter les lieux. Dans ce climat de violence, plusieurs familles ont fui en quête de sécurité, laissant derrière elles leurs maisons et leurs biens. Mohammed Hosni Muharab, chef de l’unité ambulancière de l’hôpital Al-Awda à Nuseirat, a confirmé que les équipes ambulancières courent un grand danger en transportant les blessés des zones ciblées. Les équipes ont pu évacuer 24 blessés, alors qu’il y a encore un certain nombre de personnes disparues sous les décombres.

Le pillage de l’aide humanitaire sous l’œil de l’armée israélienne : une réalité amère

Fait sans précédent et dangereux, l’armée d’occupation israélienne a permis à des bandes armées palestiniennes d’imposer des taxes aux camions d’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza. Selon un rapport publié par le journal Haaretz, des hommes armés appartenant à deux clans bien connus de Rafah arrêtent les camions d’aide humanitaire à des points de contrôle temporaires et menacent les chauffeurs pour obtenir des sommes allant jusqu’à 15 000 shekels en frais de transit, ce qui entrave l’acheminement de l’aide vitale à la population touchée.

Le rapport indique que l’armée israélienne ferme les yeux sur ces pratiques et empêche même la police locale de Gaza d’intervenir pour tenter d’empêcher les hommes armés de prendre le contrôle des camions, en prenant pour cible les policiers qui tentent d’affronter ces gangs. Plusieurs camions ont été arrêtés et attaqués, tandis que l’aide est retenue dans des entrepôts contrôlés par les gangs. Le rapport confirme que certaines organisations humanitaires ont été contraintes de payer des tributs par le biais d’un intermédiaire palestinien pour s’assurer que l’aide leur parvienne.

Rôle de l’armée israélienne dans la complication de la crise humanitaire : le silence face au vol

Les organisations humanitaires confirment que l’armée d’occupation n’intervient délibérément pas pour protéger les convois d’aide et les empêche d’emprunter des itinéraires alternatifs plus sûrs, ce qui exacerbe la crise et affaiblit la capacité des organisations internationales à fournir de l’aide compte tenu des problèmes de sécurité persistants. Un haut fonctionnaire de l’une des organisations internationales a évoqué une scène douloureuse : « J’ai vu un char israélien se tenir à quelques mètres d’un Palestinien armé qui terrorisait les automobilistes et leur extorquait de l’argent. »

Ces conditions aggravent les souffrances de la population, car l’aide humanitaire reste bloquée et fait l’objet de pratiques d’extorsion qui font de son acheminement vers les bénéficiaires un défi quotidien, compte tenu de l’effondrement complet de l’ordre civil. Selon le rapport, la zone où les camions passent par Kerem Shalom a été classée comme « zone à haut risque » sur les cartes de l’ONU, ce qui reflète l’ampleur de la détérioration de la sécurité dont souffre le secteur.

Craintes d’une famine imminente : pénuries alimentaires croissantes

Avec la poursuite du blocus de la bande de Gaza et la restriction de la circulation des marchandises aux points de passage, la situation humanitaire s’aggrave de jour en jour. Les camions ne pouvant atteindre leur destination et étant pillés, la crise alimentaire s’est aggravée et les craintes d’une famine imminente se sont accrues. Le nombre de personnes déplacées augmente au fur et à mesure de cette escalade, et les besoins de base tels que la nourriture, l’eau et les médicaments se raréfient, menaçant d’une catastrophe humanitaire.

Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza est une violation flagrante de du droit humanitaire, car des milliers de familles sont privées de leur droit fondamental à la sécurité alimentaire et à la sécurité personnelle, et l’aide humanitaire, qui est une bouée de sauvetage pour les personnes déplacées, est systématiquement pillée avec la complicité de l’armée d’occupation. Ces conditions catastrophiques exigent une intervention internationale urgente pour protéger les civils et acheminer l’aide sans entrave ni menace, car le temps presse et le silence sur ces pratiques conduira à une tragédie plus profonde dans les jours à venir.

L’escalade sans précédent et les menaces destructrices dont Gaza est témoin aujourd’hui exigent des efforts mondiaux urgents qui ne se limitent pas à de simples déclarations de condamnation. La communauté internationale doit agir pour mettre fin à cette guerre et à ce ciblage brutal, fournir des couloirs sûrs pour l’aide humanitaire et faire pression sur Israël pour qu’il cesse sa collusion avec les gangs qui volent l’aide et augmentent les souffrances de la population de Gaza.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s sur les sites d’AlterMidi et ISM France)

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