Union juive française pour la paix

T-shirt et grandes chaleurs antisionistes

AGor T-shirt et grandes chaleurs antisionistes

Arborant depuis longtemps des badges en l’honneur de la paix au Moyen-Orient, de l’UJFP et de la lutte des Palestiniens, j’ai de plus en plus – malgré quelques insultes – l’occasion, dans l’autobus, le métro ou les bien sympathiques bistrots parisiens, de recevoir des messages de soutien pour notre cause, et de distribuer quelques-uns de nos tracts. Ce ne sont, bien sûr, que de petits gestes individuels, mais qui montrent à des gens de toutes sortes que tous les Juifs ne sont heureusement pas sionistes.

Mais grâce à un T-shirt aux couleurs de la Palestine acheté à Bobigny en juillet 2025 lors des manifestations contre la présence de l’État d’Israël au salon du Bourget, j’ai vécu quelques grands moments de plaisir militant pendant les grandes chaleurs de cet été lors desquelles ce genre de vêtement était tout à fait adapté avec le slogan « Free Palestine » de face et de dos.

Ne serait-ce que pendant environ deux semaines du mois d’août, avec cette tenue, décorée de mes badges surmontés en plus de mon étoile à six branches, qu’il est toujours plus seyant de porter sur un collier autour du cou en plaqué or qu’en tissus jaune de mauvaise qualité sur le côté gauche de la poitrine, j’ai vécu quelques bien agréables encouragements pour notre combat, bien plus nombreux que quelques rares réactions d’hostilité, et ce, y compris dans le quartier juif près de l’Hôtel de Ville où je demeure.

Dans le courant de deux semaines aoûtiennes, et à plusieurs reprises, des jeunes, musulmans et autres, m’ont photographié en me demandant l’autorisation de mettre la photo sur les réseaux sociaux, des automobilistes m’ont klaxonné en me saluant, un couple d’Afghans m’a fait des compliments et dans un café, un serveur m’a offert une consommation gratuite. On m’a plusieurs fois salué en levant le pouce dans le métro entre Hôtel de Ville et Étoile, et à Ivry, deux jeunes d’origine algérienne m’ont offert un pot au cours duquel ils m’ont expliqué que des camarades comme nous sont ceux qui luttent réellement contre l’antisémitisme en France ! À la station de métro Châtelet de la ligne N° 7 où l’accès est situé un peu en avant de la tête du train, la conductrice m’a complimenté en voyant mes badges et m’a dit qu’elle m’attendait un instant afin que je puisse monter dans sa rame avant de démarrer. Et à la Concorde, sous un soleil radieux, une magnifique jeune fille m’a photographié en me demandant avec enthousiasme l’autorisation de m’embrasser !

Encouragé par tant de bienveillance pour une juste cause, et peut-être dans un inconscient désir d’adrénaline mêlé de relents de souvenirs de jeunesse soixante-huitarde auxquels je serai fidèle jusqu’à la fin de mes jours, je n’ai pas pu me retenir d’aller promener mon accoutrement dans le quartier juif de la rue des Rosiers. En y arrivant par la rue des Écouffes, près de Saint-Paul, j’ai reçu les encouragements de trois jeunes Israéliens opposés à la guerre, et arrivé rue des Rosiers, dans un décors typique des Aventures de Rabbi Jacob avec Louis de Funès, j’ai rencontré un jeune juif religieux qui m’a proposé de faire la prière après m’avoir demandé si ma mère était bien juive !

À cet instant, un sioniste en rage m’est tombé dessus en hurlant que je ne suis pas juif et a commencé essayer de m’agripper pour me casser la figure. Alors bien que je ne sois pas croyant, j’ai décidé de faire plaisir au jeune religieux et j’ai accédé à sa demande. Je me suis donc vite retrouvé en face du sioniste rageur avec le T-shirt et les badges « Free Palestine », le maguen-David en plaqué or, une kippa et les tifillins prêtés par le jeune religieux pour l’occasion ! Un attroupement commençait à se former quand le sioniste rageur m’a sauté dessus en essayant d’arracher les tifillins, ce qui a mis le jeune religieux en fureur et qui a ameuté ses copains religieux venus nous défendre. Au bout de quelques secondes, le sioniste hystérique hurlait « il n’est pas juif » et les religieux criait en confirmaient que je l’étais puisque ma mère l’était ! Et tout en affirmant haut et fort que la Torah enseigne aussi la paix, ils ont exprimé à mon agresseur leur intention d’appeler la police pour calmer ses ardeurs d’admirateur de la Nakba, ce qui m’a permis de faire ma prière jusqu’au bout en affirmant ma judéité, tout en restant agnostique !

Des gens de l’attroupement m’ont regardé d’un sale œil et l’un d’eux m’a même demandé de dégager de cet endroit qui est proche de mon quartier natal, mais la majorité d’entre eux est resté plutôt neutre et les jeunes religieux m’ont dit au revoir en me traitant de brave garçon. J’ai ensuite quitté la rue des Rosiers par la rue Ferdinand Duval, anciennement rue des Juifs, en rencontrant encore des jeunes coreligionnaires qui m’ont salué, et en emportant la conviction qu’un rayon de lumière, si petit soit-il, commençait peu à peu à creuser une petite brèche parmi les juifs de Paris et de son bon vieux « pletzel » !

Armand Gorintin

2/09/25

    Actualités similaires
    Défendre Gaza, c’est défendre nos droits
    Israël : résistance contre le génocide
    OUVRIR LES YEUX
    Articles de la/des catégorie.s TémoignagesLes plumes de l'UJFP
    Tous les dossiers