Sur le statut de Jérusalem, une réponse complaisante et offshore

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Le gouvernement a répondu à la question posée par la France Insoumise sur le statut de Jérusalem :

Les autorités françaises ont exprimé, à plusieurs reprises, leur réprobation de la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y transférer leur ambassade. Cette décision unilatérale est contraire au droit international et ne contribue pas à la recherche de la paix, ainsi que l’a rappelé le Président de la République lors de son intervention devant l’Assemblée générale des Nations unies le 25 septembre dernier. La position de la France concernant Jérusalem est claire et constante : le statut de Jérusalem ne pourra être déterminé que dans le cadre d’un accord de paix librement négocié entre les parties, avec l’appui de la communauté internationale. Au titre de ce futur accord, la ville a vocation à accueillir la capitale de deux États, Israël et la Palestine. En l’absence d’accord, la France, comme l’ensemble de ses partenaires de l’Union européenne, ne reconnaît aucune souveraineté sur Jérusalem. La France s’inquiète par ailleurs de l’avancée de la politique de colonisation israélienne, en Cisjordanie comme à Jérusalem. La colonisation, sous toutes ses formes, est illégale au regard du droit international comme l’a réaffirmé la résolution 2334 du Conseil de sécurité, elle contribue à aviver les tensions sur le terrain et nuit aux perspectives de paix. La France restera pleinement engagée en faveur de la reprise des négociations en vue de mettre en œuvre la solution des deux États sur le terrain, qui est la seule capable d’assurer une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.

Cette réponse appelle quelques commentaires de notre part : tout d’abord  la « réprobation » d’un gouvernement prétendument attaché au respect du droit international nous semble très insuffisante au regard de  la validation apportée par les États-Unis à l’annexion de Jérusalem occupée. Cette validation s’accompagne sur le terrain d’arrestations quotidiennes, d’expulsions de dizaines de familles, de confiscation de leurs biens et de destructions de quartiers entiers de Jérusalem, ce que partout ailleurs le droit international et les États qualifient d’épuration ethnique.

Il est donc temps de prendre la mesure de ce que signifie la « réprobation » du gouvernement français. Si les mots ont un sens c’est une condamnation ferme que nous attendons du gouvernement français et une attitude active dans la défense du droit international et celle des droits humains menacés par Israël.

Pour le reste, le gouvernement rappelle sa constante position : pour deux États et Jérusalem capitale partagée. C’est dans ce cadre uniquement qu’il veut se situer. Une position « offshore » qui ignore la réalité du terrain et le contexte politique : le « deal du siècle » que Trump et son administration cherchent à imposer aux représentants palestiniens ; un deal qui efface totalement la perspective d’un État palestinien, la remplace par une solution économique.

Cette référence constante à une solution à deux États par l’exécutif français est purement formelle. Elle se veut fidèle à la décision initiale de l’ONU (et déjà injuste) en 1947, puis aux Accords d’Oslo signés par les Palestiniens en position de faiblesse, ce qui supposait pour avoir un sens quelconque que les États-Unis qui en étaient le parrain en assurent l’après-vente.

Or :
– à la question des réfugiés, laissée en suspens, l’État israélien répond par un refus absolu de toute possibilité d’accorder le droit au retour prévu par les résolutions de l’ONU.
– à la question du statut de Jérusalem, laissée en suspens, l’État israélien a répondu par la judaïsation forcée de Jérusalem-Est, illégalement annexée depuis 1980. L’aval de Trump à cette annexion est une étape de plus vers la normalisation de l’illégalité.

La réalité mise en place pendant même le processus d’Oslo et depuis, est celle d’un Apartheid explicite sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique, avec 600 000 colons en Cisjordanie et Jérusalem, des lois organisant une citoyenneté de seconde zone pour les Palestiniens d’Israël, et le siège de la population de Gaza. Un apartheid explicite, officialisé par la loi de 2018 sur l’état nation du peuple juif dont la Capitale voudrait être Jérusalem.

Dans ces conditions, parler d’une solution à deux États sans en définir le contenu relève de l’incantation, voire de la complaisance.

La Coordination nationale de l’UJFP, le 16 juillet 2019