Sur la menace stratégique que fait peser la Cour Pénale Internationale contre l’État israélien selon Benjamin Netanyahou

logo UJFP

Au cours du discours de politique générale du nouveau gouvernement israélien à la Knesset, Benjamin Netanyahou a affirmé :

La lutte contre l’enquête de la CPI pour crimes de guerre – qui est une menace stratégique rare – mobilisera les efforts du gouvernement israélien afin d’empêcher de telles investigations. Ce sera l’une des cinq priorités dans l’agenda gouvernemental pour les semaines et les mois à venir.

Estimant qu’il s’agit là d’une menace stratégique pour l’État d’Israël, pour les soldats de l’armée, pour les commandants, pour les ministres, pour les gouvernements. Et bientôt, ce sera une menace pour les Juifs du monde entier ! Vieille stratégie, bien rodée, de tous gouvernements successifs israéliens. Il a par ailleurs fustigé la CPI pour ses persécutions à l’égard d’Israël, pour ses accusations exagérées et absurdes.

Nous sommes prévenus :

Netanyahou ré-actualise la fameuse déclaration du 28 mai 2015 du président israélien Reuven Rivlin à propos de la campagne internationale BDS qu’il avait alors qualifiée de « menace stratégique de premier ordre ».

Qui dit « stratégie » dit état d’urgence, unité nationale, mobilisation générale, un état de guerre permanente contre toutes celles et tous ceux qui osent porter un regard critique sur les pratiques criminelles israéliennes.

Guerre contre le Droit International, guerre contre toutes celles et ceux épris de justice de par le monde. Guerre contre le peuple palestinien toujours.

Le crime de la CPI est en effet impardonnable :

Madame Fatou Bensouda – Procureure de la CPI – vient de confirmer que celle-ci est habilitée à instruire une enquête sur les crimes de guerre commis par Israël en Palestine occupée.

Ce qui signifie – en ce qui concerne les crimes de guerre – que seule l’enquête de la CPI déterminera, si nécessaire, la requalification de certains de ces crimes de guerre, en crimes contre l’humanité. Crimes, souvenons-nous, alors imprescriptibles.

Nous devons nous rappeler également que seuls l’apartheid et le génocide sont définis dans le Statut de Rome comme étant des crimes contre l’Humanité.

Benjamin Netanyahou feint d’ignorer que les crimes de guerre évoqués sont des actes de guerre commis collectivement, en exécution d’une politique d’État déterminée, au nom et pour le compte de l’État, ici l’État Israélien.

Et que, à l’inverse de ses déclarations, ces actes de guerre impliquent, dans l’ordre des responsabilités pénales internationales : la responsabilité personnelle des chefs d’État, des membres des gouvernements, des parlementaires et celle des chefs militaires.

Ce sont eux – et eux seuls – qui portent l’entière responsabilité de la criminalisation générale de pans entiers de la société israélienne (voir la récente déclaration de B. Netanyahou à la suite de la mort du soldat Amit Ben Figel au cours d’une opération militaire près de Jénine en Cisjordanie occupée.

Celui-ci a dit que ce soldat avait été tué par un être humain méprisable et que le long bras d’Israël atteindra ce terroriste et lui réglera son compte.

Benjamin Netanyahou nous rappelle ainsi que, dans tout crime contre l’Humanité, un homme n’est plus l’égal d’un autre homme. L’homme est alors égal à zéro.

Ce sont eux et eux seuls – à tous les échelons – qui sont les donneurs d’ordres de ces actions criminelles généralisées perpétrées en Palestine occupée, à Gaza principalement, victime d’un blocus inhumain depuis le 6 juin 2007. Blocus qui, en Droit international, est un acte de guerre clairement identifié, illégal au regard de la IVème Convention de Genève portant sur les responsabilités de la puissance occupante et la protection des populations qu’elle maintient sous occupation.

Nous le savons :

Tous les criminels de guerre n’ont comme seul objectif que de masquer leurs crimes, de clamer leur innocence, de dénoncer la persécution dont ils seraient les victimes.

Rien de neuf donc dans les déclarations de Netanyahou si ce n’est l’illustration de cette persévérance observée par tous les grands criminels de guerre à refuser d’assumer leurs responsabilités.

La sanction est due aux victimes, elle rétablit le droit.

Les victimes sont alors reconnues publiquement comme ayant été offensées, humiliées. Leur dignité, attachée à leur qualité morale, en tant que personne humaine, est ainsi rétablie.

Ce sont ces exigences politiques et morales que réclament les Palestiniens, où qu’ils soient aujourd’hui.

Une exigence de justice, une exigence de liberté, une exigence de droit à choisir librement leur avenir.

Exigences formulées très précisément dans leur Appel de juillet 2005 à la société civile mondiale à pratiquer la campagne BDS tant qu’Israël persistera à violer le Droit international, le Droit Humanitaire, toutes les Résolutions de l’ONU.

Exigences que nous – membres de l’UJFP – partageons totalement. C’est pourquoi :

  • Nous formulons l’espoir que Madame Fatou Bensouda – Procureure de la CPI – reçoive rapidement l’approbation des juges de la Chambre préliminaire de la CPI pour engager son enquête.
  • Nous appelons toutes les forces progressistes et éprises de justice et de paix de notre pays – sans distinction de religion, de lieu de vie – à rejoindre la Campagne nationale BDS – Boycott, Désinvestissements et Sanctions – à amplifier cette campagne (autre menace stratégique majeure pour B. Netanyahou et ses complices !) jusqu’à ce qu’Israël cesse d’opprimer le peuple palestinien et de nier ses droits fondamentaux.

Unis, nous sommes les plus forts !

La Commission Palestine-Israël, pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 23 mai 2020.