Soutien à Merwane Benlazar, contre l’islamophobie d’État

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Communiqué du Collectf Tsedek!

Le 9 février 2025

Depuis une semaine, une campagne médiatique abjecte cible l’humoriste Merwane Benlazar. Alimentée par l’extrême-droite et la macronie de concert sur la seule base de son apparence, cette entreprise de harcèlement raciste a fini par impliquer les plus hauts sommets de l’Etat, puisque la ministre de la culture Rachida Dati en personne a juge l’affaire suffisamment importante pour annoncer la décision elle-même : Merwane Benlazar ne fera plus de chroniques sur France 5. Nous Iui apportons tout notre soutien et nous dénonçons fermement ces pratiques racistes, énième exemple de I’islamophobie au cœur de I’Etat français.

C’est Nathalie Loiseau, députée européenne macroniste qui a fait ses armes de jeunesse dans un syndicat étudiant d’extrême-droite proche du GUD, qui a été la première à allumer la mèche sur son compte X en comparant I’apparence de Merwane Benlazar à celle d’un « islamiste » et en faisant un rapprochement douteux avec les droits des femmes. Les commentaires abjects se sont alors enchainés : chez Pascal Praud, l’avocate Lara Fatimi trouve à l’humoriste un « look salafiste » et parle d’une « étape importante de la conquête islamiste » ; la chercheuse Florence Bergeaud-Blackler, qui prétend débusquer l’influence supposée des Frères musulmans dans la moindre boucherie halal de France avec une rigueur scientifique qui n’a rien à envier celle d’un Edouard Drumont, assure quant à elle « qu’il est en mission ».

La campagne de harcèlement médiatique se propage alors jusqu’au Sénat, après une question hallucinante de la sénatrice centriste Nathalie Goulet qui s’indigne que « l’argent du contribuable » puisse « participer » à « normaliser les idées que véhicule ce personnage », ajoutant que « si l’habit ne fait pas le moine, le propos fait au moins le salafiste ». Si, jusqu’à preuve du contraire, une chronique humoristique sur le football et l’actualité ne met pas en danger la France, la mention de l’habit révèle que le véritable problème est ailleurs. Que des députées du camp présidentiel reprennent avec enthousiasme les propos de l’extrême-droite est toujours choquant, mais plus vraiment surprenant ; mais qu’une ministre en exercice se sente suffisamment légitime pour décider qui a le droit de s’exprimer sur les chaines du service public sur la seule base de critères racistes constitue une manœuvre digne des régimes les plus autoritaires.

L’atmosphère déjà irrespirable se corrode de plus en plus ; le capitalisme en crise nous prouve une fois de plus qu’il n’hésitera pas à se tourner vers le fascisme et à rendre la vie impossible aux musulman•nes pour se maintenir tant bien que mal, comme il l’a fait aux Juif•ves il y a moins d’un siècle.

Qu’il s’agisse du meurtre de Nahel Merzouk par la police, des polémiques incessantes sur le hijab ou l’abaya, de la criminalisation du soutien à la cause palestinienne couplée au soutien sans faille aux génocidaires israéliens, des « lois immigration » qui s’accumulent, jusqu’à l’éviction d’un humoriste d’une chaine publique, le climat de haine visant les musulman•nes et plus largement les Arabes en France devient chaque jour plus virulent. Face à la radicalisation du pouvoir et à une islamophobie d’Etat de plus en plus décomplexée, l’urgence est à la constitution d’un front antiraciste.

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