Soutenons le peuple palestinien dans sa lutte pour la plénitude de ses droits.

Soutenons le peuple palestinien dans sa lutte pour la plénitude de ses droits.

En 63 ans et plus de catastrophe (Naqba), le peuple palestinien vit dépossession, expulsions, discriminations, épuration ethnique… et a payé de dizaines de milliers de morts sa résistance à l’établissement d’un Etat colonial sur le territoire de la Palestine historique.

Bénéficiant d’une totale impunité de la part d’une communauté internationale qui ne fait rien pour obtenir que s’applique là le droit international et les résolutions des Nations Unies, Israël est engagé dans une annexion totale. Oslo n’a jamais initié un processus de paix, mais le gouvernement israélien découpe la Cisjordanie en plusieurs Bantoustans enfermés derrière un Mur de la honte, et inflige à la bande de Gaza un blocus meurtrier.

Aujourd’hui, l’Autorité Palestinienne de Ramallah, forte du soutien de nombreuses organisations de la société civile palestinienne, se propose de déposer à l’ONU par le biais de l’OLP, qui y a un statut d’observateur, une demande d’admission de l’Etat de Palestine comme 194° Etat membre, dans les frontières de la ligne d’armistice de 1949 (« les frontières d’avant 1967 ») avec Jérusalem Est pour capitale. Cette demande a le soutien de la grande majorité des Etats membres, et les sociétés civiles européennes soutiennent ce droit du peuple palestinien à un Etat. Mais elle doit passer par l’accord préalable du Conseil de Sécurité, où le gouvernement américain a annoncé qu’il exercerait son droit de veto, bien que celui-ci soit illégal.

Colère et inquiétude du gouvernement Netanyahou, qui craint qu’une telle reconnaissance le gène un tant soit peu dans la poursuite de ses projets de colonisation.

L’Union Juive Française pour la Paix soutient la demande palestinienne, considérant, avec le Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens qu’une telle admission serait un signe important envoyé
– aux Palestiniens du monde entier sur la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien,
– à la société israélienne que ses gouvernements isolent de plus en plus,
– aux gouvernements européens et états-uniens qui continuent de soutenir le régime israélien.

L’UJFP entend cependant aussi les objections formulées par des groupes palestiniens ou par des analyses issues de plusieurs branches des mouvements de solidarité européens.

Non seulement au lendemain d’un vote d’admission tout resterait à dé-faire: l’occupation, la colonisation, l’annexion de Jérusalem Est, l’accaparement des ressources, et en ce sens la Palestine à l’ONU n’est pas la « mère des batailles», mais divers pièges pourraient même transformer cette avancée en recul. Le diable se cache dans les détails.

Le principal piège a déjà été souligné par plusieurs voix palestiniennes et d’éminents juristes : la reconnaissance de l’Etat, «en l’état», ferait passer la représentation du peuple palestinien, dans les instances internationales, de l’OLP à l’Autorité palestinienne, qui n’a vocation à représenter que la Cisjordanie et ses habitants, mais ni les réfugiés, ni les exilés, ni les Palestiniens dits de 48 citoyens d’Israël.. ni même aujourd’hui ceux de Gaza.

Cette perte de la représentation nationale au profit d’une gouvernance locale, à l’image de l’éclatement spatial et politique des Palestiniens pourrait s’avérer catastrophique. Il s’agirait d’un glissement du droit à l’autodétermination du peuple déraciné et colonisé, vers la question de sa souveraineté sur une terre occupée et morcelée.

Cette perte de l’organe historique majeur de la représentation de tous les Palestiniens où qu’ils se trouvent dans le monde risque de se traduire ultérieurement, même si des négociations s’engageaient sous de meilleurs augures avec un soutien international plus fort, et même si l’Etat de Palestine reconnu et ainsi délimité, parvenait à obtenir une véritable souveraineté sur le territoire de Cisjordanie – Jérusalem Est inclus -, par la négligence ou l’occultation des droits des Palestiniens, et particulièrement le «droit au retour des Palestiniens dans leurs foyers» tel qu’il est inscrit dans la résolution 194 de l’ONU.

Enfin la reconnaissance de cet Etat de Palestine ne signifierait-elle pas de fait un retour aux termes du plan de partage de 1947 entre l’«Etat juif» et la Palestine, alors que 64 ans plus tard les fondements mêmes de toutes les démocraties refusent l’Apartheid et les discriminations entre citoyens ? La communauté internationale ne doit-elle pas exiger qu’Israël renonce aux discriminations légales contre 20% de ses citoyens – les Palestiniens – , en devenant un Etat de tous ses citoyens ? A cet égard, il est significatif que la première exigence du gouvernement israélien opposé à cette démarche de Mahmoud Abbas a bien été que soit reconnue par l’AP la nature juive de l’Etat.

L’UJFP considère que le rôle du mouvement de solidarité dont elle fait partie est de:
– lutter contre la fragmentation de l’espace et du peuple palestiniens,
– soutenir l’ensemble du peuple palestinien afin qu’il puisse exercer pleinement son droit à l’autodétermination, et tous ses droits,
– lutter contre l’impunité d’Israël notamment par l’outil efficace que représente la Campagne de Boycott Désinvestissement et Sanctions contre le régime de l’Apartheid israélien.

L’UJFP appelle tous ses membres et sympathisants à participer aux manifestations des 20 et 21 septembre à Paris et dans un grand nombre de villes de France en soutien au peuple palestinien et à ses droits, en particulier dans le contexte des menaces de la violente répression que Israël, l’armée, les colons organisent contre les manifestations attendues dans les Territoires Occupés Palestiniens.
Paris le 17 septembre 2011, le Bureau national