Les dirigeants israéliens pensaient avoir gagné : un rapport de force militaire totalement en leur faveur, une Palestine fragmentée, une communauté internationale complice, des dirigeants arabes exigeant des Palestiniens qu’ils renoncent à leurs droits.
L’occupant a accentué ce qu’il pratique depuis des décennies : la colonisation, l’occupation, le nettoyage ethnique, les humiliations, les destructions de maisons, les confiscations de terre, en y ajoutant ce que le suprématisme a produit : une explosion de racisme qui prend des formes d’hystérie collective dans des chasses à l’homme impitoyables.
Résister à l’oppression, ce n’est pas seulement un droit, c’est un devoir. Le droit international le dit.
Dans cette guerre, il n’y a pas des « extrémistes » des deux côtés comme certains médias le prétendent. Il y a un occupant qui pratique l’apartheid et un occupé qui résiste.
Jérusalem Est a été annexé, il y a plus de 50 ans. La « judaïsation » de la ville et la tentative d’expulser les Palestiniens de leur ville sont permanentes. Les quartiers de Silwan et de Sheikh Jarrah sont en lutte contre des colons qui les expulsent de leurs propres maisons avec l’appui de l’armée et de la « justice ». Les dernières élections israéliennes ont montré la force des partis ultra racistes en Israël. Des manifestations et des marches aux cris de « Mort aux Arabes » se sont généralisées, nous rappelant à nous, Juifs, les pogroms qui ont jalonné notre histoire.
La mosquée Al-Aqsa est pour tous les Palestiniens un symbole de leur existence, de leurs droits, de leur dignité. L’intrusion extrêmement violente de l’armée israélienne sur l’esplanade et à l’intérieur de la mosquée ont amplifié la révolte palestinienne. Ils ont renouvelé ce qu’ils ont pratiqué lors des Intifadas : se battre avec des pierres contre les fusils en espérant que l’émotion de l’opinion, face à la férocité de la répression, affaiblira l’occupant. À nous de leur donner raison en développant la solidarité.
Une phrase attribuée à Ben Gourion disait « les vieux mourront, les jeunes oublieront ». Non seulement, ils n’oublient pas, mais, malgré la division palestinienne, malgré le discrédit qui frappe l’Autorité Palestinienne, ils jouent un rôle essentiel dans la révolte actuelle.
Ce qui se passe à Gaza, prison bouclée par terre, par mer et par air, rappelle les massacres précédents de 2008, 2012, 2014 ou 2019. Dans ce petit territoire surpeuplé manquant d’eau potable et d’électricité, l’occupant détruit des immeubles et rase des quartiers. Sa propagande affirme qu’il combat les terroristes, c’est une fois de plus la population civile qui subit les destructions, les familles décimées et la violence des bombardements.
Cette fois-ci, il y a eu une riposte, prouvant à l’occupant qu’il aura à payer le prix de ce qu’il inflige aux Palestiniens.
En Israël même, les milices d’extrême droite se sont déchaînées contre les Palestiniens de 48. La télévision a filmé en direct le lynchage d’un homme considéré comme « arabe » à Bat Yam. Ces imitateurs du Ku Klux Klan ont toujours bénéficié de la plus complète impunité. Les « heurts », comme disent les médias, qui se sont propagés dans toutes les villes dites « mixtes », sont en fait un début de nettoyage ethnique voulu sans dissimulation par de nombreux partis politiques israéliens. Les Palestiniens d’Israël, voués à être des citoyens de seconde zone depuis le vote de la loi « Israël État Nation du peuple juif » ont montré leur solidarité avec ceux de Jérusalem et de Gaza en manifestant.
Ce qui se joue en Palestine nous concerne toutes et tous. Soutenir le peuple palestinien, c’est refuser un monde de racisme, d’apartheid, d’enfermement.
Nous dénonçons la complicité des États-Unis qui viennent d’empêcher le Conseil de Sécurité d’adopter une motion contraignant Israël à arrêter son agression.
Nous dénonçons la complicité de la France et de l’Europe qui contribuent à criminaliser la résistance palestinienne et s’opposent à toute sanction contre l’occupant. Le président de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité) a été mis en garde-à-vue et les prochaines manifestations de soutien à la Palestine sont menacées d’interdiction.
Sans sanctions, les massacres actuels se reproduiront.
La Commission Israël-Palestine, pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 13 mai 2021