Si la chanson est reconnue depuis longtemps comme un écho des opinions populaires, voire comme un instrument de ralliement derrière une cause, dans le cas de la Palestine elle joue un rôle supplémentaire. Ce n’est pas un mystère : l’entreprise de colonisation du territoire palestinien s’est très tôt accompagnée d’une colonisation culturelle qui a entravé, menacé de disparition, voire totalement nié la culture palestinienne. Dans un tel contexte, les chansons palestiniennes, ou même celles qui « parlent de Palestine », en plus de participer à la lutte proprement dite, constituent en elles-mêmes des actes de résistance, des « preuves de vie », des preuves de créativité d’une population qui ne se laisse pas détruire. C’est cette histoire que nous allons explorer ici.
L’article qui fait autorité sur l’histoire récente de la Palestine à travers la musique est celui de Joseph Massad, publié en anglais en 2003 1. C’est à partir de cet article que je propose ici une approche similaire, en français, complétée par une mise à jour rendue nécessaire notamment par l’arrivée massive du rap dans les années 2000. Cette approche sera également étendue aux musiciens occidentaux qui, depuis les années 1980, contribuent à la mise en musique d’une histoire palestinienne, y compris depuis 2005, à travers leur participation à la composante culturelle de la campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) lancée contre l’État israélien.
Néanmoins, comme Massad, je ne rechercherai pas l’exhaustivité, mais à souligner comment la musique d’une époque réagit à l’actualité, comment elle exprime les sentiments populaires, parfois en contradiction avec les discours officiels, mais aussi comment elle mobilise les populations selon des registres « de leur temps ».
Les débuts (1948-1967)
Comme le signale Massad, dès la Nakba (la catastrophe) de 1948, des chansons populaires expriment les sentiments des artistes vis-à-vis de la Palestine, faisant écho à ceux des populations arabes. C’est particulièrement le cas des voisins libanais et égyptiens, comme en témoignent ces deux premières chansons : Ya Zayer Mahda Issa (Oh visiteur du berceau de Jésus), dont on dit qu’elle a été chantée par la toute jeune Najah Salam (Liban, 1948), et Filastin (Palestine), composée et chantée entre autres par Mohammed Abdel Wahab (Égypte, 1949). Abdel Wahab est un compositeur et interprète égyptien qui a révolutionné la musique arabe dans les années 1930 et qui, après la guerre de Suez en 1956, a mis en musique de nombreux textes politisés de poètes égyptiens. Le président égyptien Gamal Abdel Nasser étant alors devenu le héros du monde arabe, mais aussi l’espoir du peuple palestinien, il est chanté par un Abdel Wahab qui joue sur le sens du mot Nasser (le victorieux). Paradoxalement, et comme le signale Joseph Massad, l’engouement d’Abdel Wahab pour le mouvement nationaliste arabe contraste avec celui qu’il exprime en faveur d’instruments et d’arrangements musicaux très occidentaux, souvent symphoniques, parfois militaires, qui vont durablement influencer tout le Moyen Orient. À Birzeit, dans la partie de la Palestine qui n’est pas encore occupée, Kamal Nasser écrit de nombreux poèmes, dont certains seront mis en musique par les frères Ahmad et Mohammad Fleifel. En 1956, Ya Akhi al-Laje’ (Oh, mon frère le réfugié) est donc l’un des premiers appels palestiniens au soulèvement contre l’injustice et l’humiliation :
« Ils nous offrent du poison dans notre nourriture, pour nous rendre dociles comme des moutons silencieux ».
Devenu porte-parole de l’OLP, il sera assassiné en 1973 par les services secrets israéliens.
Au Liban, c’est aussi dans les années 1950 que les frères Assy et Mansour Rahbani rencontrent la jeune chanteuse Fairuz. Assy l’épouse et les deux frères composent pour elle des chansons qui vont faire connaître la musique libanaise dans le monde entier et faire de Fairuz la plus grande star arabe depuis Oum Kalthoum. Bien que différents de ceux de la musique d’Abdel Wahab, les arrangements musicaux des frères Rahbani sont également très influencés par la musique classique occidentale et dominés par les violons. Leur premier album qui porte sur le sujet de la Palestine est Rajioun (Nous reviendrons), dont la première édition date de 1957 (et non pas de 1967 comme l’écrit Massad dans son article). À cette époque, le retour espéré est pour bientôt, à travers des ponts faciles à traverser, comme en témoignent les titres Ya Jisran Khachabiyan (Oh ponts de bois) ou Jisr al-Awda (Les ponts du retour) et des paroles où le Palestinien est appelé à rester indéracinable « comme un olivier »… Au début des années 1960, en Égypte, Abdel Wahab continue de composer des chansons nationalistes qui incluent des appels à la libération de la Palestine, que ce soit pour lui même, avec Sawt al-Jamahir (La voix des masses), ou pour Abdel Halim Hafez, le chanteur à la voix de velours, avec Al-Watan al-Akbar (La patrie la plus grande).2..
L’occupation s’installe (1967-1992)
La défaite des armées arabes en 1967 et l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de Gaza par l’armée israélienne, vécues comme de véritables tragédies, vont être une nouvelle source d’inspiration. En Égypte, Abdel Halim Hafez chante Al-Massih, c’est-à-dire le Messie, dont la trahison est mise sur le compte des Juifs, métaphore de l’occupation de Jérusalem qui, selon Massad, lui sera souvent reprochée par la suite. Au Liban, les frères Rahbani continuent leur riche production de chansons consacrées à la Palestine, principalement chantées par Fairuz. On retrouve dans leur célèbre album Al-Quds Fil Bal (Jérusalem dans mon cœur), le thème du retour, mais cette fois-ci conjugué au futur (Sanarjiou Yawman : Nous retournerons un jour), et qui semble maintenant moins proche : « des nuées d’oiseaux reviendront alors que nous restons ici ». Les villes perdues sont nommées, comme Bissane, Yaffa (chantée aussi par Joseph Azar) ou Jérusalem, à travers des chansons comme Al-Quds al-Atiqah (La vieille ville de Jérusalem) ou Zahrat al-Madain (La fleur des villes). Enfin, on trouve également quelques chansons plus combatives, comme Sayfun fal-Yuchhar (Une épée doit être brandie). Le poète palestinien Mahmoud Darwich dira plus tard des frères Rahbani qu’à cette époque, ils étaient les véritables auteurs des hymnes nationaux palestiniens, des chansons de référence et des motivations pour aller de l’avant. Joseph Massad fait écho à Darwich en soulignant qu’en l’absence d’un État palestinien, ce sont les chansons qui servent souvent à enregistrer et à diffuser les sentiments et les aspirations d’un peuple dépossédé.
À la défaite succède la militarisation de la résistance palestinienne, symbolisée par la bataille de Karameh en 1968, et les chansons s’en ressentent. Ainsi, les Rahbani écrivent une comédie musicale, Jibal al-Sawan (Les montagnes de silex), qui appelle à la révolte. Ce sont également les débuts des enfants terribles de la chanson égyptienne, le chanteur Cheikh Imam et l’auteur Ahmed Fouad Najm, avec par exemple Ya Falastiniyun (Oh Palestiniens) : « Oh Palestiniens, je veux venir et être avec vous, les armes à la main ». Au-delà des textes de Najm qui appellent à la lutte armée, qui osent même s’attaquer à la figure de Nasser, et qui leur vaudront de nombreux séjours en prison, la musique de Cheikh Imam est également révolutionnaire par son utilisation d’un instrument arabe, le oud (luth), mais aussi de gammes et de rythmes arabes classiques. Quant à Abdel Wahab, il compose sa fameuse Asbaha al-Ana indi Bunduqiyyah (Maintenant je me suis procuré un fusil), sur un poème du Syrien Nizar Kabbani qui résonne avec Ya Falastiniyun : « Maintenant je me suis procuré un fusil, emmenez-moi avec vous en Palestine ». Aussi connue sous le nom de Tarik Wahed (La seule direction), elle sera chantée par l’Égyptienne Oum Kalthoum, la plus grande chanteuse que le monde arabe ait jamais connue, alors au sommet de sa gloire.
Paradoxalement, il faut attendre la guerre des six jours et le renouveau de l’OLP pour voir se diffuser des chansons révolutionnaires interprétées par les Palestiniens eux-mêmes. À la chanson traditionnelle palestinienne qui tenait lieu d’hymne national depuis les années 1930, Mawtini (Ma Patrie), succède Biladi (Mon Pays), beaucoup plus combative et à la gloire des Fedayin, les résistants palestiniens. On dit d’ailleurs qu’à cette époque, une chanson est composée après chaque opération militaire palestinienne 3. ! Émanant de groupes d’anonymes exilés ou réfugiés, tel que Al-Firqah al-Markaziyyah, affilié à l’OLP, leurs titres sont on ne peut plus explicites : Ana Samid (Je résiste) ; Fidaiyyeh (Fedayin) ; Al-Assifa (La tempête, nom donné à la branche armée du Fatah) ou, tout simplement, Kalachnikov. Leurs paroles sont en dialecte palestinien et leurs musiques sont militaires, comme on peut s’y attendre, mais on y retrouve également des instruments traditionnels tels que le oud ou le kanoun. En Syrie, un groupe de Palestiniens en exil fonde en 1977 le groupe Al Ashikin qui simplifie aussi les rythmes complexes de la musique classique pour composer des ritournelles populaires sur des poèmes palestiniens de Tawfiq Ziad, Mahmoud Darwich ou Samih el Qasim, mais aussi des chansons historiques comme cette Men Sejen Akka (De la prison de Saint Jean d’Acre) qui décrit la pendaison de trois héros palestiniens des émeutes contre les sionistes en 1929 en Palestine. On a aussi dit que leur chanson Habat al-Nar (Le feu souffle) annonçait la première Intifada.
Avec les exploits de l’OLP, et le demi-succès de la guerre de Kippour en 1973, la popularité de la Palestine s’étend dans le monde arabe, comme en témoignent deux chansons simplement appelées Filastin (Palestine), écrites par deux groupes marocains, Jil Jilala et Nass El Ghiwane, ou Falastini (Palestinien), par l’Irakien Jaafar Hassan. Au Liban, où s’est réfugiée l’OLP, et en pleine guerre civile, une nouvelle génération de chanteurs libanais fait son apparition, qui met en musique des poèmes palestiniens. En 1976, Ahmad Kaabour transforme Ounadikom (Je vous appelle), du poète et homme politique palestinien Tawfiq Ziad, en un hymne militant. Il est également, avec George Qurmuz, le premier à chanter le poème de Mahmoud Darwich Bitaqat Hawiyyah (Carte d’identité), aussi connu sous le nom de Sajjil Ana Arabi (Inscris, je suis Arabe). L’autre chanteur libanais qui fait alors ses débuts sur le devant de la scène est Marcel Khalife, qui mettra en musique de nombreux poèmes de Darwich tels que Jawaz al-Safar (Le Passeport), Rita wa al-Bunduqiyyah (Rita et le fusil), Ila Ummi (À ma mère), voire l’opéra Ahmed al-Arabi (Ahmed l’Arabe). En 1985 il transformera à son tour le poème Ana Amchi (Je marche debout), de Samih al-Qasim, en un hymne politique : « je marche debout avec une branche d’olivier dans la main et mon propre cercueil sur l’épaule ». Sans se démarquer complètement de l’occidentalisation de la musique, Marcel Khalife et cette nouvelle génération de musiciens tentent de nouvelles formes de métissage entre musiques arabes classiques et modernes, en particulier en remettant au premier plan le oud arabe, dont Khalife est un virtuose, tout en gardant l’accompagnement par un orchestre classique. Le succès de Khalife, en termes de ventes d’albums et de places de concerts, contribuera à diffuser massivement le thème de la Palestine dans la culture populaire du monde arabe, mais aussi du reste du monde. En concert, il dédiera systématiquement aux prisonniers palestiniens sa ritournelle populaire Asfour (Un oiseau), chantée en général par Oumayma Al-Khalil, et qui évoque un oiseau blessé qui s’est enfui de sa cage, allégorie de la liberté. De la même façon, au-delà de ses textes pas toujours militants, Khalife aura contribué à rendre Darwich, et à travers lui une poésie palestinienne vivante et créative, extrêmement célèbre et populaire dans le monde entier.
Après 25 ans d’occupation, la cause palestinienne a fait le tour du monde et commence à influencer des artistes des quatre coins de la planète. On commence ainsi à trouver des allusions à la Palestine, souvent assez brèves, dans des chansons du Jamaïcain Peter Tosh, de l’Américain Ray Charles, de l’Anglais Elvis Costello ou des Français Renaud, Francis Cabrel, Niagara ou Zebda. L’actualité tragique, en particulier la guerre d’Israël sur le Liban et le massacre de Sabra et Chatila (1982), ou l’Intifada de 1987-1992, galvanisera certains artistes qui y consacreront des chansons entières, comme par exemple les Anglais du groupe ska Special AKA (War Crimes), les Marocains de Nass El Ghiwane (Sabra wa Chatila) ou les Français du groupe punk Bérurier Noir qui, avec Ibrahim, raconteront :
« l’histoire cruelle et véridique d’Ibrahim avec ses frères, élevé dans la misère, dans les bombes et dans la guerre. Palestine, quel est ton crime ? ».
En Palestine, on commence à rencontrer des textes plus complexes, souvent écrits par des poètes palestiniens, qui ne sont pas exempts d’une actualité politique mais qui s’enrichissent de la vie au quotidien sous une occupation qui dure. C’est le cas du groupe Sabreen de Jérusalem qui, dans les années 1980, mettra en musique Hubb ala al-Tariqah al-Filastiniyyah (L’amour à la palestinienne) de Abed al-Latif Akel, mais aussi Dukhan al-Barakin (La fumée des volcans) de Samih al-Qasim, ou An Ensan (À propos d’un homme) de Mahmoud Darwich. Les paroles alternent entre arabe classique et dialecte palestinien, et la musique combine parfois des chants folkloriques palestiniens et du jazz, mélangeant des instruments traditionnels et modernes. Pendant la première Intifada, plusieurs compositeurs palestiniens produiront des cassettes de chants révolutionnaires qu’ils diffuseront clandestinement, comme Mustafa al Kurd, Suhail Khoury ou Thaer Barghouti, certains feront même de la prison pour cela.
La désillusion post-Oslo (1993-2003)
Après la première guerre du Golfe et les accords d’Oslo de 1993, le « processus de paix » annonce une ère nouvelle, certains croient la paix proche et le groupe Sabreen sort un album intitulé Jay al-Hamam (Les colombes arrivent). Par un phénomène peu abordé dans l’historiographie récente, la normalisation d’Israël conduit également à l’ouverture de ses frontières aux artistes du monde entier. Pour la première fois, Tel Aviv est incluse dans les villes des tournées des grands artistes européens ou nord-américains, trop contents de trouver là un nouveau public et un nouveau marché. L’illusion d’un « nouvel ordre mondial » et ses conséquences au Moyen-Orient se manifeste également par l’enregistrement de plusieurs morceaux interprétés par des collectifs de chanteurs arabes, un peu à l’image de We Are The World. C’est le cas en 1998 de Al-Hulm al-Arabi (Le rêve arabe), chanté par une vingtaine d’artistes de tous les pays arabes sauf l’Irak (exclu du « nouvel ordre régional » par les participants du Koweït), chacun dans son dialecte, pour un texte et un clip qui évoquent la Palestine, un peu simplistes mais au succès retentissant.
Mais le rêve se transforme vite en cauchemar : en 1996 avec le bombardement israélien de la ville de Qana au Liban qui fait plus de 100 morts ; en 2000 avec la deuxième Intifada, symbolisée par les assassinats commis par l’armée israélienne et retransmis à la télévision du jeune Fares Odeh, connu pour sa photographie lançant des pierres à un char, et de l’encore plus jeune Mohammed al-Durah, dans les bras de son père ; avec les événements du 11 septembre 2001 ; avec les nouvelles guerres en Afghanistan et en Irak. Au Liban, ce sont des chanteuses qui sont sur le devant de la scène et qui dénoncent les promesses non tenues. D’abord Majida El Roumi qui chante Qana, ou qui reprend du Darwich avec Sakata al-Kinaa (Les masques sont tombés). Ensuite la jeune star montante Julia Boutros qui chante Wein al-Malayeen? (Où sont les millions : « Où sont les millions d’arabes? Où est la colère arabe ? ») ou Hajar al-Mensiyen (Les pierres des oubliés). En Égypte, l’heure n’est plus à la poésie et aux métaphores, mais à la dénonciation pure et simple, et des chansons telles que Israel, de Hicham Abbas, l’encore plus explicite Ana Bakrah Israel (Je hais Israël) de Shaaban Abdel Rahim, ou le morceau collectif (mais entièrement égyptien) Al-Quds Haterga Lina (Jérusalem nous reviendra) font également référence au massacre de Qana et au calvaire du jeune al-Durah.
Dans le reste du monde aussi, de nombreux artistes se méfient des discours officiels, comme en témoignent les paroles de raps français de J’Aurais Pu Croire de IAM et Jeteur de Pierre de Sniper, ou de chansons américaines comme Gun Music de Talib Kweli ou Self Evident de Ani di Franco et espagnoles comme Intifada du groupe ska punk Ska-P. Dans Charlatown, Amazigh Kateb, le chanteur du groupe français Gnawa Diffusion, ironise :
« J’attends la Palestine depuis cinquante ans. L’Intifada appelle le monde, mais ça sonne occupé…».
Le boycott culturel (2004-2011)
Alors que l’article de Joseph Massad s’arrête ici, les tragédies continuent : les guerres contre Gaza en 2004, 2006 et 2009 ; la guerre contre le Liban en 2006 ; le massacre de neuf passagers turcs de la Flottille de la Liberté qui tentaient de briser le blocus de Gaza en 2010… Mais dans le monde musulman, certains continuent d’espérer, avec des chansons classiques comme Al-Quds (Jérusalem) de l’Irakien Kadhem Saher, ou des chansons « pop » comme Kollena Wahed (Nous sommes tous unis) de l’Égyptien Tamer Hosni. D’autres continuent de dénoncer, comme le groupe électronique tuniso-palestinien Checkpoint 303 avec Gaza Calling, le chanteur pop turc Murat Solmaz avec Gazze, ou le rappeur libanais Rayess Bek avec L’Homme de Gauche. De la même façon, des artistes palestiniens continuent de publier des chansons engagées, par exemple Kamilya Jubran, l’ancienne chanteuse de groupe Sabreen, avec Ghareeba (L’étrangère), Rim Banna avec Fares Odeh ou Sarkhat Min al-Quds (Un cri de Jérusalem), Reem Kelani avec Yaffa (Jaffa, un poème de Mahmoud Salim al-Hout, différent de la chanson des Rahbani), Basel Zayed avec Jenin, Amal Murkus avec Al-Saber Ya Mubtali (Patience oh malheureux), ou le Trio Joubran avec Ala Hadhihi al-Ard (Sur cette terre, un poème de Mahmoud Darwich).
Mais à partir des années 2000, c’est surtout le rap palestinien qui fait parler de lui, avec des groupes de Palestine comme DAM, G-Town ou Ramallah Underground, ou des rappeur.se.s en exil comme Ragtop ou Rafeef Ziadah. Le rap est un genre adapté à la dénonciation, mais il est également, avec l’avènement d’internet, un moyen d’atteindre facilement des millions d’auditeurs sans nécessairement recourir à une maison de disques multinationale. Ainsi le titre Meen Irhabi ? (Qui est le terroriste ?), du groupe DAM, est un succès international en 2001 avant même que ne sorte leur premier album en 2006. Il leur ouvre les portes des festivals du monde entier, devenant des stars aux États-Unis en 2008 après la sortie du premier documentaire consacré à la scène rap en Palestine, Slingshot Hip-Hop de l’Américano-Palestinienne Jackie Salloum. En 2009, c’est aussi sur internet que les poèmes déclamés de Rafeef Ziadah deviennent « viraux », comme son Shades of Anger.
En 2005, des associations de la société civile palestinienne lancent la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre l’État israélien, appelant la communauté internationale à faire pression sur cet État pour qu’il respecte le droit international, les droits humains et les droits fondamentaux du peuple palestinien. Le volet culturel de cette campagne, à l’image du boycott de l’Afrique du Sud dans les années 1980, incite principalement les musiciens à refuser de participer à des concerts se déroulant en Israël, ou subventionnés par des agences gouvernementales israéliennes. Complémentaires de cette campagne de boycott, d’autres formes d’engagement pour les artistes consistent à promouvoir la culture palestinienne et à exprimer leur solidarité dans des chansons, individuelles, collectives ou en collaboration directe avec des artistes palestiniens. 4. C’est de cet autre engagement que sont nés de nombreux duos entre le groupe palestinien DAM et des rappeurs du monde entier comme les Algériens de MBS, les Français de La Caution ou la rappeuse américaine Invincible.
À ce stade, et avant d’explorer plus avant l’engagement des artistes occidentaux en faveur de la Palestine, il convient de signaler qu’elle émane souvent, mais pas toujours, d’artistes qui se sentent concernés par cette situation parce que leur propre histoire est liée au Moyen-Orient ou à d’autres expériences coloniales, racistes ou impérialistes qu’ils identifient à la Palestine. On remarque alors que la plupart des chanteurs de Zebda, Gnawa Diffusion, Sniper et La Caution sont originaires du Maghreb ou d’Afrique, qu’Invincible est une israélo-américaine anti-sioniste, que Narcicyst est un canadien d’origine irakienne, que Sikh Knowledge est un canadien d’origine indienne, ou que Maher Zain est un suédois d’origine libanaise. Aux chansons collectives des années 1990 ont fait place des raps collectifs regroupant des artistes belges, anglais, américains et sud-africains avec des artistes maghrébins, iraniens ou palestiniens, mais également avec de nombreux chanteurs occidentaux d’origine maghrébine, irakienne, libanaise, iranienne ou palestinienne (voir en particulier Long Live Palestine, qui rassemble une dizaine de rappeur.se.s du monde entier en 2009).
Selon les pays, le niveau de prise de conscience et d’engagement de chaque population peut se mesurer à l’aune de son expression culturelle et musicale. Ainsi, de nombreux artistes britanniques, qui ne sont pas majoritairement originaires du monde arabe, rejoignent très vite la campagne de boycott culturel, tel que Roger Waters, membre fondateur du groupe Pink Floyd, le chanteur Elvis Costello, les rappeurs Mic Righteous ou Lowkey, ou le groupe punk Oi Polloi. Si ce dernier groupe dénonce explicitement les crimes israéliens dans une nouvelle version de leur ancienne chanson They Shoot Children, Don’t They?, d’autres le font plus indirectement en interprétant d’anciennes chansons qui prennent un nouveau sens dans le contexte palestinien. C’est le cas de Yusuf Islam (plus connu sous son ancien pseudonyme de Cat Stevens) qui reprend la chanson de George Harrison The Day the World Gets ‘Round, ou de l’infatigable Roger Waters qui reprend l’hymne des droits civiques américains We Shall Overcome, dans le cadre de l’un de ses nombreux engagements dans le mouvement de solidarité, y compris au sein du Tribunal Russell pour la Palestine. Suite à la tragédie de la Flottille de la Liberté en 2010, la campagne BDS rencontre un succès grandissant qui permet une prise de conscience aiguë du rôle des artistes dans les relations internationales dont ils sont devenus des acteurs à part entière. À titre d’exemple, on peut citer le chanteur irlandais Tommy Sands qui compose le morceau Peace on the Shores of Gaza et, dans la foulée, annule son concert prévu en Israël.
En Suisse ou en France, des artistes de plus en plus connus tels que Michel Bühler, Médine, Manu Chao, Yann Tiersen, Kery James, Youssoupha, Amazigh Kateb, Mister You ou les groupe Tryo, les Brixton Cats, Kalash, les 400 Hyènes, MAP ou ZEP, osent aborder ce sujet tabou qu’est la Palestine, en particulier après les attaques contre Gaza en 2009 et contre la Flottille de la Liberté en 2010. Si un nombre important de membres de ces groupes sont d’origine maghrébine, ce n’est pas le cas de l’artiste français Kwal qui, au retour d’un voyage en Palestine, compose un album entier en arabe, Al-Amal Rahina (L’espoir en otage), dédié à ses amis « rencontrés en Palestine, subissant au quotidien occupation militaire, enfermement et privations ». Aux États-Unis aussi, la Palestine devient le sujet principal de chansons d’artistes connus. C’est le cas de Road to Peace, la seule chanson explicitement politique de Tom Waits, de Qana, présentée en 2006 par la chanteuse américaine Patti Smith à son public londonien, du nom du village libanais à nouveau frappé par des bombardements israéliens, ou de toutes les chansons de l’album Madness, écrit par Harrison « Professor » Stafford, chanteur du groupe de reggae Groundation, à son retour d’un voyage en Palestine. Après l’attaque contre Gaza en 2009, la rappeuse Invincible compose The Emperor’s Clothes, qui est la première chanson dont les paroles soutiennent explicitement la campagne BDS. Michael Heart avec Song for Gaza, et Omar Offendum avec On this Land, texte de Darwich, rappellent à cette occasion leurs origines syriennes. Au Canada, les artistes engagés se trouvent plutôt sur la scène alternative, tels que les groupes punk Propagandhi ou The Brat Attack. Enfin, en Jamaïque, le célèbre chanteur de reggae Jimmy Cliff adapte à l’actualité la chanson Vietnam, qu’il avait écrite à l’origine en 1969, en la renommant Afghanistan, mais sans oublier la Palestine dans ses paroles.
Après le Printemps Arabe (2011-aujourd’hui)
À partir de fin 2010, une vague de protestations populaires dans le monde arabe va conduire à la destitution des présidents en Tunisie et en Égypte en 2011, ainsi qu’au Yémen en 2012. Connue sous l’appellation « Printemps Arabe ».5., cette période remplit d’espoir le Maghreb et le Moyen-Orient, et les collaborations internationales autour de la Palestine se poursuivent, telle Freedom for Palestine, un rap collectif rassemblant une quinzaine d’artistes britanniques autour des membres du groupe électronique Faithless. On retrouve également des duos entre l’Australo-Libanais Phil Monsour et la Canado-Palestinienne Rafeef Ziadah, entre le groupe sud-africain The Mavrix et le Palestinien Mohammed Omar, entre l’Anglo-Palestinienne Shadia Mansour et l’Américano-Syrien Omar Offendum, entre les Portoricains de Calle 13 et la Palestinienne Kamilya Jubran, ou entre la Chilienne Ana Tijoux et Shadia Mansour.
Par l’implication personnelle de certains artistes dans la campagne BDS, on peut observer un effet « boule de neige », comme en témoigne le parcours du rappeur sud-africain Iain Ewok : en 2011, il annule sa participation à un festival partiellement financé par l’ambassade d’Israël à Pretoria ; en 2012, il compose un rap pour la Palestine, Freedom For Us All ; et en 2014 il convainc son compatriote, le rappeur Raheem Kemet, de le rejoindre sur un nouveau titre consacré à la dénonciation de la situation en Palestine, Intifada Intellect. De même, si en 2012 le groupe libanais Mashrou’ Leila refuse de faire la première partie du groupe américain The Red Hot Chili Peppers à Beyrouth, pour protester contre leur concert prévu en Israël, il faudra attendre 2018 pour qu’ils s’engagent dans un projet explicitement pro-palestinien (voir ci-dessous). Enfin, la campagne BDS comporte également un versant économique et, là encore, les artistes peuvent s’avérer de précieux alliés. En effet, l’une des cibles emblématiques de BDS est l’entreprise israélienne de gazéificateurs Sodastream et son égérie Scarlett Johansson. En 2014, le groupe DAM compose pour l’occasion une chanson humoristique et en anglais, Scarlett Johansson Has Gas et, dans le même esprit, participe au rap « éducatif » australien de Juice Rap News dont les vidéos permettent de rallier de nombreux jeunes à cette campagne politique.
Bien que l’actualité soit toujours aussi tragique en Palestine, elle passe de plus en plus souvent au second plan. Plusieurs revirements de situation (par exemple à Bahreïn, en Syrie, en Égypte ou au Yémen) vont installer la région dans une guerre sans fin et un pessimisme revenu à son plus haut niveau, comme en témoigne la chanson de la Libanaise Carole Samaha, Wahchani Bladi (Mon pays me manque), illustrée par un clip pro-palestinien. Sur la scène palestinienne, DAM compose une chanson en hommage aux prisonniers palestiniens en grève de la faim, Rissala min Zinzana (Lettre de prison), avec les frères Joubran au Oud et le Libanais Bachar Khalife au piano. Qassem al-Najar commente l’actualité avec Dabber Halak ya Fayyad (Débrouille-toi Fayyad, du nom du premier ministre de l’Autorité Palestinienne), tandis que Moneim Adwan continue d’adapter Darwich (Yasmin). De nouveaux rappeur.se.s apparaissent également, comme Sabreena Da Witch, The Revolution Makers ou, en exil, Remi Kanazi, et Shadia Mansour qui connaît un beau succès en solo sur internet avec son rap revendicatif, Al-Kofeyye Arabeyye (Le Keffieh est arabe).
La guerre en Syrie en particulier, a détourné l’attention de la Palestine pour deux raisons principales : d’abord à cause de l’importance de ce conflit dans la géopolitique régionale et mondiale, mais aussi parce que les Palestiniens eux-mêmes, et le mouvement de solidarité internationale avec la Palestine, sont divisés et affaiblis par cette question6.. En 2012 en France, Une Vie de Moins, un morceau du groupe Zebda dont les paroles sont pourtant écrites par l’historien Jean-Pierre Filiu, qui n’est pas inclus dans le CD du groupe et qu’ils n’ont jamais joué en concert, entraînera quand même la réprobation du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) et une petite controverse médiatique. 7.. Mais la situation est complexe puisque la France accueille aussi des réfugiés palestiniens, tels ceux qui ont formé le groupe Gazateam, ou The Refugees of Rap, du camp de réfugiés de Yarmouk en Syrie, qui ont fui la guerre et publient la chanson Ehkee (Parle) en duo avec Tamer Nafar, l’un des rappeurs de DAM. Comme d’habitude, c’est aussi une chanson qui résumera le mieux la situation, en février 2014 : Allah al-Thawra (Dieu de la Révolution), interprétée par un trio de Palestiniens, la chanteuse Terez Sliman, le rappeur Tamer Nafar, et le poète Marwan Makhoul. Ils y commentent le rôle néfaste joué par toutes les puissances étrangères, en Irak, Palestine, Égypte ou Syrie, et les divisions qui en résultent entre Arabes.
Ce n’est que lors des sursauts d’horreur provoqués par l’armée israélienne que les éditorialistes et les chanteu.se.r.s se rappellent de la Palestine, comme à l’été 2014, avec de nouveaux massacres à Gaza, l’armée israélienne tuant plus de 2.000 Palestiniens et en blessant 10.000, en sept semaines. Le premier morceau en hommage aux Gazaouis bombardés est celui de Mohamed Assaf, le jeune chanteur de Gaza devenu superstar internationale après avoir gagné Arab Idol en 2013, puis être devenu ambassadeur de bonne volonté de l’UNRWA, et qui en appelle ses concitoyens à « lever la tête haute » (Erfaa Rassak). Quelques jours plus tard c’est au tour d’un combo de rappeurs de Norvège, du Pérou, de Cuba, d’Afrique du Sud et de France, avec un message clair : Boycott Israël, suivi du rappeur autochtone ojibwé de Détroit, Sacramento Knoxx, avec The Trees Will Grow Again (Les arbres grandiront à nouveau), dont le clip appelle encore une fois à rejoindre la campagne BDS. La chanteuse de Brooklyn Sonia Montez leur succède avec Climbing Fences (En escaladant les barrières), suivie par le rappeur français Médine avec Gaza Soccer Beach.
Alors que le reste du monde tergiverse, les Palestiniens n’ont pas le choix de continuer la lutte… et de composer des chansons. C’est le cas pour des musiciens déjà connus comme DAM, The Revolution Makers, le Trio Joubran, Rafeef Ziadah ou Terez Sliman, mais aussi pour de nouveaux venus. Parmi ceux là, le chanteur de rock Jowan Safadi brise un double tabou en s’adressant aux juifs arabes et en hébreu dans Liot Aravi (Être un arabe).[/note]Annie Robbins « Radical talent Jowan Safadi’s new song – ‘To be an Arab’ », Mondoweiss, 13 août 2015[/note]. :
« Hey toi, l’Arabe importé, écoute ce que l’Arabe local te dit. Vous avez été traînés ici pour prendre ma place… »
On découvre aussi le chanteur et multi-instrumentiste Tamer Abu Ghazaleh, le groupe électro 47 Soul, ou le groupe Maimas dont le chanteur, Haidar Eid, est aussi un militant à Gaza et dédie l’une de ses chansons au militant assassiné Basel al-Araj (Ila Bassel). En janvier 2017 Tamer Nafar, rappeur de DAM, sort l’un de ses textes les plus forts, Bafaker Erhal (Je pense à partir), où il exprime son ras-le-bol et son envie de quitter la Palestine.
Hors de Palestine, les morceaux consacrés exclusivement à la Palestine se font plus rares, mais on compte quand même une chanson offerte par Dominique Grange à la Campagne BDS France, Détruisons le Mur, un discours de Yasser Arafat mis en musique par HK et les Saltimbanks, The Olive Branch, ou même une chanson collective argentine, Palestina. Aux États-Unis, on peut compter sur des fidèles comme David Rovics, avec un disque entier de chansons consacrée à la Palestine, ou Roger Waters qui chante le poème Wait For Her (Attends-la) de Mahmoud Darwich. Mais le plus beau succès de la campagne BDS est sans doute d’avoir rencontré le mouvement Black Lives Matter en 2015, et de s’être assuré un soutien mutuel 8.. Cela a permis à de nouveaux artistes Noirs américains de renouer avec la Palestine et son combat, de Lauryn Hill à Gary Clark Jr., en passant par Jasiri X, Vic Mensa, ou des membres des groupes The Coup ou Digable Planets. Récemment, et c’est dire s’il est encore difficile aujourd’hui de soutenir ouvertement la Palestine, c’est très discrètement que certains artistes ont du exprimer leur soutien, en insérant dans leurs clips des images de Gaza aux côtés de celles de Ferguson. C’est le cas du clip de We Gotta Pray, de Alicia Keys, de Season of Change, de Bettye Lavette avec Stone Foundation ou de We Could Be Free de Vic Mensa. Dans ce dernier cas, c’était déjà trop puisque le clip a été censuré par Apple et Google9.
Dans cette période particulièrement difficile pour les Palestiniens, les autorités israéliennes se font encore plus agressives et leurs soutiens vont toujours plus loin. En décembre 2017, la reconnaissance par le président Donald Trump, au nom des États-Unis, de Jérusalem comme capitale d’Israël est l’occasion d’une réponse immédiate de Rafeef Ziadah, sous la forme d’une chanson adressée directement à celui qu’elle appelle « L’Homme Orange ». Après une manifestation de protestation à Nabi Saleh en Cisjordanie, la jeune palestinienne Ahed Tamimi, 15 ans, est arrêtée avec d’autres membres de sa famille. Elle sera condamnée à 8 mois de prison pour avoir giflé un soldat israélien, non sans avoir déclenché une vague de soutien international. Syrienne réfugiée en Jordanie, Tania Maria Sakkal interprète une chanson dont le titre joue sur la signification du prénom Ahed (la promesse), Enti al-Ahed (Toi la promesse), tandis qu’en Grèce, Andreas Manolidis et Sylvia Kapernarou interprètent une « Chanson pour Ahed Tamimi ».
En se rapprochant du 70e anniversaire de la Nakba en mai 2018, on sent un regain de colère et d’inspiration chez les artistes palestiniens et internationaux, désireux de travailler ensemble, comme le Trio Joubran avec Roger Waters, sur un poème de Darwich. L’une des collaborations les plus ambitieuses de ces dernières années se met également en place entre les Britanniques de Block9, Banksy et Brian Eno, l’Irlandaise Róisín Murphy, les Libanais de Mashrou’ Leila, les Palestiniens du Trio Joubran, Akram Abdulfattah et Wassim Qassis, et d’autres. Réunis dans l’hôtel de Banksy à Bethlehem, ou par vidéoconférence pour ceux qui n’ont pas pu obtenir de visa, ils y concoctent un disque entier, intitulé Block9 Creative Retreat Palestine (La retraite créative du Block9 en Palestine). Enfin, le dernier album de Rim Banna est réalisé en collaboration avec le duo tuniso-palestinien Checkpoint 303 et le pianiste norvégien Bugge Wesseltoft. Sorti un mois après sa mort, en mars 2018, il s’intitule Sawt al-Moukawama (La voix de la résistance) et symbolise encore une fois la résistance d’un peuple qui survit à ses pertes.
A partir de la fin mars, de grandes manifestations pacifiques sont organisées à Gaza, brutalement réprimées par les autorités israéliennes. Parallèlement, et en solidarité avec les manifestants et le journaliste abattu Yasser Murtaja, quatre chanteurs de Gaza (Bashir Besaiso, Mohammed Al-Baz, Minim Awad et Ehab Khrais) composent Al-Rabye al-Ahmar (Le Printemps Rouge). Alors que l’anniversaire de la Nakba coïncide avec le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem, l’armée israélienne assassine plus de 60 civils palestiniens et en blesse près de 3000. En hommage à ces victimes, la grande Fairuz, à 83 ans, sort de sa retraite et chante le Psaume 13 de la Bible: Ila Mata Ya Rabbou (Jusqu’à quand, Seigneur?). La boucle est bouclée, et Fairouz aura ainsi participé à plus de 60 des 70 premières années de chansons engagées pour la Palestine, en attendant la victoire, ou du moins la prochaine bataille…
Conclusion
Si, dans les grands médias officiels, l’histoire récente de la Palestine est plutôt racontée à travers le narratif israélien, la chanson permet à sa manière de diffuser une version alternative et populaire. Si, par ailleurs, c’est surtout d’Égypte et du Liban que ces messages sont partis pendant les trente premières années d’occupation de la Palestine, ils ont maintenant été rejoints par des chansons du monde entier. Le soutien par la musique à la cause palestinienne s’est répandu dans tout le monde arabe, atteignant les musiciens arabes en diaspora ainsi que de nombreux musiciens occidentaux. On peut même parler d’allers-retours, tant les influences réciproques sont évidentes du point de vue des styles musicaux. La parole s’est également libérée grâce à la technologie et à internet qui permettent maintenant aux artistes de transmettre directement à leur public des messages subversifs, autrefois soumis à la censure ou à l’autocensure.
Comme l’avait remarqué Joseph Massad dans son essai de 2003, il est passionnant de voir que si ces dizaines de chansons expriment plus ou moins la même colère devant l’oppression, et le même espoir de libération, elles diffèrent toutes par leurs styles et la corde sensible sur laquelle elles veulent appuyer. Il est tout aussi intéressant de voir que ces changements de styles suivent de près les victoires, les défaites et les changements de stratégie de la résistance arabe et palestinienne, le contexte politique du pays d’où elles émanent, et que cette tendance se poursuit encore, après 70 ans d’occupation de la Palestine.
Si la multiplication des chansons pro-palestiniennes, de tous styles et de toutes origines, n’est pas nécessairement une preuve que la victoire se rapproche, elle démontre en tout cas, si besoin était, que la propagande pro-israélienne véhiculée par les gouvernements occidentaux ne prend pas. On voit à quel point l’art, et même l’une de ses formes les plus populaires comme la chanson, est un enjeu politique, utilisé d’ailleurs aussi bien par l’État israélien dans sa tentative de normalisation que par les militants de la solidarité internationale avec la Palestine dans leur campagne de boycott culturel. Les chansons ne se contentent plus de décrire l’Histoire et de raconter l’espérance, elles participent effectivement au combat politique, ne serait-ce qu’en affirmant la vigueur d’une création culturelle palestinienne. Aujourd’hui, au-delà des chansons qu’ils écrivent, les artistes sont invités à prendre parti dans ce conflit. Ils le font d’ailleurs, d’un côté comme de l’autre, et l’histoire jugera.
Liste de chansons, leur interprète, le pays et l’année (à écouter ici)
En ce qui concerne la retranscription phonétique de l’arabe en lettres latines, la prononciation d’une même lettre (les voyelles surtout) peut varier selon l’auteur, et selon s’il s’agit d’arabe littéral ou dialectal.
Ya Zayer Mahda Issa (Oh visiteur du berceau de Jésus), Najah Salam, Liban, 1948
Filastin (Palestine), Mohammed Abdel Wahab, Égypte, 1949
Nasser (Le Victorieux), Mohammed Abdel Wahab, Egypte, 1956
Ya Akhi al-Laje’ (Oh, mon frère le réfugié), Kamal Nasser, Palestine, 1956
Rajioun (Nous reviendrons), Fairuz, Liban, 1957
Ahtarifou al-Houzna (Est-ce que tu connais la tristesse), Fairuz, Liban, 1957
Ya Jisran Khachabiyan (Oh ponts de bois), Fairuz, Liban, 1957
Jisr al-Awda (Les ponts du retour), Fairuz, Liban, 1957
Al-Watan al-Akbar (La patrie la plus grande), Abdel Halim Hafez, Égypte, 1960
Sawt al-Jamahir (La voix des masses), Mohammed Abdel Wahab, Égypte, 1963
Al-Massih (Le Messie), Abdel Halim Hafez, Égypte, 1967
Sanarjiou Yawman (Nous retournerons un jour), Fairuz, Liban, 1967
Bissane, Fairuz, Liban, 1967
Yaffa, Fairuz et Joseph Azar, Liban, 1967
Al-Quds al-Atiqah (La vieille ville de Jérusalem), Fairuz, Liban, 1967
Zahrat al-Madain (La fleur des villes), Fairuz, Liban, 1967
Sayfun fal-Yuchhar (Une épée doit être brandie), Fairuz, Liban, 1967
Jibal al-Sawan (Les montagnes de silex), Fairuz, Liban, 1969
Ya Falastiniyun (Oh Palestiniens), Cheikh Imam, Égypte, 1968
Asbaha al-Ana indi Bunduqiyyah (Maintenant je me suis procuré un fusil), aussi appelée Tarik Wahed (La seule direction), Oum Kalthoum, Égypte, 1969
Mawtini (Ma Patrie), Palestine, 1934
Biladi (Mon Pays), Palestine, années 1970
Ana Samid (Je résiste), Al-Firqah al-Markaziyyah, Palestine/Liban, années 1970
Fidaiyyeh (Fedayin), Al-Firqah al-Markaziyyah, Palestine/Liban, années 1970
Kalachnikov, Al-Firqah al-Markaziyyah, Palestine/Liban, années 1970
Al-Assifa (La tempête), membres du Fatah, Palestine/Liban, 1974
Men Sejen Akka (De la prison de Saint Jean d’Acre), Al Ashikin, Palestine/Syrie, années 1980
Habat al-Nar (Le feu souffle), Al Ashikin, Palestine/Syrie, années 1980
Filastin (Palestine), Jil Jilala, Maroc, 1973
Filastin (Palestine), Nass El Ghiwane, Maroc, années 1970
Falastini (Palestinien), Jaafar Hassan, Irak, 1978
Ounadikom (Je vous appelle), Ahmad Kaabour, Liban, 1976
Bitaqat Hawiyyah (Carte d’identité), aussi connue sous le nom de Sajjil Ana Arabi (Inscris, je suis Arabe), Ahmad Kaabour et George Qurmuz, Liban, 1976
Jawaz al-Safar (Le Passeport), Marcel Khalife, Liban, 1976
Rita wa al-Bunduqiyyah (Rita et le fusil), Marcel Khalife, Liban, 1976
Ila Ummi (À ma mère), Marcel Khalife, Liban, 1976
Ahmed al-Arabi (Ahmed l’Arabe), Marcel Khalife, Liban, 1984
Ana Amchi (Je marche debout), Marcel Khalife, Liban, 1985
Asfour (Un oiseau), Marcel Khalife, Liban, 2003
Equal Rights (Droits égaux), Peter Tosh, Jamaïque, 1977
A Peace That We Never Before Could Enjoy (Une Paix dont nous n’avions jamais pu profiter), Ray Charles, USA, 1978
Oliver’s Army (L’armée d’Olivier), Elvis Costello, UK, 1979
Miss Maggie, Renaud, France, 1985
Triviale Poursuite, Renaud, France, 1988
Tout le Monde y Pense, Francis Cabrel, France, 1989
J’Ai Vu, Niagara, France, 1990
Baïonnettes, Zebda, France, 1992
War Crimes (Crimes de guerre), Special AKA, UK, 1982
Sabra wa Chatila (Sabra et Chatila), Nass El Ghiwane, Maroc, 1983
Ibrahim, Bérurier Noir, France, 1987
Hubb ala al-Tariqah al-Filastiniyyah (L’amour à la palestinienne), Sabreen, Palestine, 1984
Dukhan al-Barakin (La fumée des volcans), Sabreen, Palestine, 1984
An Ensan (À propos d’un homme), Sabreen, Palestine, 1984
Atfal al-Intifada (Les enfants de l’Intifada), Mustafa al Kurd, Palestine, 1987
Sharrar (L’étincelle), Suhail Khoury, Palestine, 1988
Dawla (L’État), Thaer Barghouti, Palestine, 1988
Jay al-Hamam (Les colombes arrivent), Sabreen, Palestine, 1994
Al-Hulm al-Arabi (Le rêve arabe), collectif, monde arabe, 1998
Qana, Majida El Roumi, Liban, 1996
Sakata al-Kinaa (Les masques sont tombés), Majida El Roumi, Liban, 1994
Wein al-Malayeen? (Où sont les millions), Julia Boutros, Liban, années 1990
Hajar al-Mensiyen (Les pierres des oubliés), Julia Boutros, Liban, 1995
Israel, Hicham Abbas, Egypte, années 2000
Ana Bakrah Israel (Je hais Israël), Shaaban Abdel Rahim, Égypte, 2000
Al-Quds Haterga Lina (Jérusalem nous reviendra), collectif, Égypte, 2002
J’Aurais Pu Croire, IAM, France, 1993
Jeteur de Pierre, Sniper, France, 2003
Gun Music (La musique des fusils), Talib Kweli, USA, 2002
Self Evident (Évident), Ani di Franco, USA, 2002
Intifada, Ska-P, Espagne, 2002
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Kollena Wahed (Nous sommes tous unis), Tamer Hosni, Égypte, 2009
Gaza Calling (Gaza appelle), Checkpoint 303, Tunisie/Palestine, 2007
Gazze (Gaza), Murat Solmaz, Turquie, 2009
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Fares Odeh, Rim Banna, Palestine, 2005
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Yaffa (Jaffa) Reem Kelani, Palestine, 2006
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Ala Hadhihi al-Ard (Sur cette terre), Trio Joubran, Palestine, 2009
Meen Irhabi ? (Qui est le terroriste ?), DAM, Palestine, 2001
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L’Expression Contre l’Oppression, rap collectif, Belgique, 2009
Long Live Palestine (Longe vie à la Palestine), Shadia Mansour (Palestine/UK), DAM (Palestine), Lowkey (Irak/UK), Narcicyst (Irak/Canada), Eslam Jawaad (Liban/UK), Hichkas (Iran), Reveal (Iran/UK), Mongrel (UK) et Hasan Salaam (USA), 2009
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We Shall Overcome (Nous triompherons), Roger Waters, UK, 2010
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En Palestine, Michel Bühler, Suisse, 2004
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Rainin’ In Paradize, Manu Chao, France, 2007
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Avec le Coeur et la Raison, Kery James, France, 2009
A Force de le Dire, Youssoupha, France, 2009
Sans Histoire, Amazigh Kateb, France, 2009
J’Commence Tout Doux, Mister You, France, 2010
Si la Vie m’a Mis Là, Tryo, France, 2004
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Guerriers Sans Armes, Kalash, France, 2008
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Al-Amal Rahina (L’espoir en otage), Kwal, France, 2010
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Qana, Patti Smith, USA, 2006
The Emperor’s Clothes (Les habits de l’Empereur), Invincible, USA, 2009
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On this Land (Sur cette Terre), Omar Offendum, Syrie/USA, 2011
Madness (La Folie), Harrison « Professor » Stafford, USA, 2011
Fixed Frequencies (Fréquences fixes), Propagandhi, Canada, 2005
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Afghanistan, Jimmy Cliff, Jamaïque, 2011
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Ghosts of Deir Yassin (Les fantômes de Deir Yassine), Phil Monsour et Rafeef Ziadah, Liban/Australie et Palestine/Canada, 2012
The New Black (Le nouveau Noir), The Mavrix et Mohammed Omar, Afrique du Sud et Palestine, 2012
Lazem Netghayyar (Nous devons changer), Shadia Mansour et Omar Offendum, Palestine/UK et Syria/US, 2013
Multi Viral, Calle 13 et Kamilya Jubran, Porto-Rico et Palestine, 2013
Somos Sur (Nous sommes le sud), Ana Tijoux et Shadia Mansour, Chili et Palestine/UK, 2014
Freedom For Us All (La liberté pour nous tous), Iain Ewok, Afrique du Sud, 2012
Intifada Intellect, Iain Ewok et Raheem Kemet, Afrique du Sud, 2014
Scarlett Johansson Has Gas (Scarlett Johansson a des gaz), DAM, Palestine, 2014
Israel vs. Palestine, Juice Rap News, Norman Finkelstein et DAM, Australie, USA et Palestine, 2014
Wahchani Bladi (Mon pays me manque), Carole Samaha, Liban, 2013
Rissala min Zinzana (Lettre de prison), DAM, Palestine, 2011
Dabber Halak ya Fayyad, (Débrouille-toi Fayyad), Qassem al-Najar, Palestine, 2012
Yasmin (Jasmin), Moneim Adwan, Palestine, 2013
Wein Ma Fi Hada (Quand il n’y a personne), Sabreena Da Witch, Palestine, 2011
Sout (Du bruit), The Revolution Makers, Palestine, 2013
Normalize This! (Normalisez-moi ça !), Remi Kanazi, Palestine/USA, 2012
Al-Kofeyye Arabeyye (Le Keffieh est arabe), Shadia Mansour, Palestine/UK, 2011
Une Vie de Moins, Zebda, France, 2012
Impossible, Gazateam, Palestine/France, 2012
Ehkee (Parle), The Refugees of Rap et Tamer Nafar, Syrie/France et Palestine, 2013
Allah al-Thawra (Dieu de la Révolution), Terez Sliman, Tamer Nafar, Marwan Makhoul, Palestine, 2014
Erfaa Rassak (Lève la tête haute), Mohamed Assaf, Palestine, 2014
Boycott Israël, Don Martin (Norvège), Immortal Technique (Pérou/USA), Eltipo Este (Cuba), Tumi (Afrique du Sud), Tonto Noiza (France), 2014
The Trees Will Grow Again (Les arbres grandiront à nouveau), Sacramento Knoxx, USA, 2014
Climbing Fences (En escaladant les barrières), Sonia Montez, USA, 2014
Gaza Soccer Beach, Médine, France, 2014
Min enta ? (Qui es-tu ?), DAM, Palestine, 2015
Shaddena al-Heil (Renforcer notre Résistance), The Revolution Makers, Palestine, 2015
Pause, Rafeef Ziadah, Palestine/UK, 2015
Ashtata (La pluie), Terez Sliman et Sophia Adriana, Palestine et Portugal, 2016
Liot Aravi (Être un arabe), Jowan Safadi, Palestine, 2015
Alameh (Signe), Tamer Abu Ghazaleh, Palestine, 2017
Everyland (Toute Terre), 47 Soul, Palestine, 2015
Ila Bassel (Pour Basel), Maimas, Palestine, 2017
Bafaker Erhal (Je pense à partir), Tamer Nafar, Palestine, 2017
Détruisons le Mur !, Dominique Grange, France, 2015
The Olive Branch, HK et les Saltimbanks, France, 2015
Palestina (Palestine),Puel Kona, Karamelo Santo et Las Manos de Filippi, Argentine, 2016
Wait For Her (Attends-la), Roger Waters, UK, 2017
Falasteen Habibti (Palestine mon amour), David Rovics, USA, 2014
Checkpoint, Jasiri X, USA, 2014
We Gotta Pray (Nous devons prier), Alicia Keys, USA, 2014
Season of Change (La saison du changement), Bettye Lavette et Stone Foundation, USA/UK, 2017
We Could Be Free (Nous pourrions être libres), Vic Mensa, USA, 2017
In Jerusalem (À Jérusalem), Rafeef Ziadah, Palestine/UK, 2017
Enti al-Ahed (Toi la Promesse), Tania Maria Sakkal, Syrie/Jordanie, 2017
Ena Tragoudi gia tin Ahed Tamimi (Une chanson pour Ahed Tamimi), Andreas Manolidis et Sylvia Kapernarou, Grèce, 2018
Supremacy (Suprématie), le Trio Joubran et Roger Waters, Palestine et UK, 2018
Block9 Creative Retreat Palestine (La retraite créative du Block9 en Palestine), Le Trio Joubran, Akram
Abdulfattah, Wassim Qassis (Palestine), Mashrou’ Leila (Liban), Block9, Brian Eno, Fred, EBS (UK), Róisín Murphy (Irlande), The Black Madonna (USA), 2018
Sawt al-Moukawama (La voix de la résistance), Rim Banna (Palestine), Checkpoint 303 (Tunisie/Palestine), Bugge Wesseltoft (Norvège), 2018
Al-Rabye al-Ahmar (Le Printemps Rouge), Bashir Besaiso, Mohammed Al-Baz, Minim Awad et Ehab Khrais, Palestine, 2018
Ila Mata Ya Rabbou (Jusqu’à quand, Seigneur ?), Fairuz.
Par Emmanuel Dror. Publié le 31 mai 2018 sur le site de Contretemps.
- Joseph Massad « Liberating Songs: Palestine Put to Music », Journal of Palestine Studies 32:21-38 (2003), http://www.palestine-studies.org/jps/fulltext/41338[↩]
- Voir une liste plus complète de quelques 180 chansons à la fin du texte, et la plupart d’entre elles [sur Youtube ici.[↩]
- Kamal Boullata « Palestine Lives ! », notes de pochette du disque Paredon Records P-1022 (1974), https://folkways.si.edu/palestine-lives-songs-from-the-struggle-of-the-people-of-palestine/historical-song-islamica-protest-world/music/album/smithsonian[↩]
- Emmanuel Dror, « [Boycott ? Oui ! Culturel ? Aussi ! », Contretemps, 14 janvier 2011.[↩]
- Yves Gonzalez-Quijano « Le nouvel orientalisme et les jeunes rebelles : les rappeurs de la scène arabe », Contretemps, 25 août 2013.[↩]
- . Nicolas Dot-Pouillard « Les Palestiniens déchirés par la crise syrienne », Orient XXI, 18 octobre 2013[↩]
- Alain Gresh « [Une chanson pour Gaza : le Crif pour la censure ? », Les blogs du Diplo, 2 novembre 2012[↩]
- Black-Palestinian Solidarity[↩]
- Ali Abunimah « [Apple censors Vic Mensa’s views on Palestine », Electronic Intifada, 16 janvier 2018[↩]