Situation humanitaire, mise à jour du 8 avril 2025 # 278 de l’OCHA – bande de Gaza

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OCHA HSU 278 Situation humanitaire, mise à jour du 8 avril 2025 # 278 de l'OCHA - bande de Gaza
Des petites filles palestiniennes à Al Mawasi, à Gaza, où une frappe a tué des gens dans la tente à côté des leurs. Photo de OCHA/Olga Cherevko

Le rapport en anglais ICI.

Faits marquants

  • Les actes de guerre à Gaza montrent un mépris total pour la vie humaine, affirment les hauts responsables de l’ONU, appelant les dirigeants mondiaux à agir d’urgence pour sauver les Palestiniens de Gaza.
  • Étant donné qu’aucune aide n’entre prise depuis le 2 mars, la malnutrition, les maladies et d’autres conditions évitables devraient augmenter, ce qui accroît le risque de décès d’enfants évitables, avertit l’UNICEF.
  • Les médicaments et les articles consomptibles médicaux s’épuisent rapidement à Gaza, y compris des niveaux extrêmement faibles d’approvisionnement en produits et d’unités de sang pour la santé maternelle et infantile.
  • Les deux tiers du territoire de la bande de Gaza étant désignés comme zones « interdite » ou ayant fait l’objet d’une ordonnance de déplacement, plus de 390 000 personnes ont été déplacées en trois semaines.
  • Le nombre de travailleurs humanitaires tués depuis octobre 2023 passe à 412.

Développement humanitaire

  • Depuis le 18 mars, et pendant plus de trois semaines, les forces israéliennes ont intensifié les bombardements aériens, terrestres et maritimes sur la bande de Gaza et les opérations terrestres ont été intensifiées, entraînant des centaines de victimes, des destructions d’infrastructures civiles et des déplacements massifs. Les opérations humanitaires ont été paralysées par une combinaison d’activités militaires élargies, du blocus du gouvernement israélien sur l’entrée de l’aide humanitaire et de fournitures commerciales pendant plus d’un mois, la mort de travailleurs humanitaires et les attaques contre leurs locaux, et de sévères restrictions à la liberté de circulation à l’intérieur de Gaza. Selon le cluster Gestion des site, plus de 390 000 personnes auraient été déplacées à nouveau, sans lieu sûr. Les 3 et 6 avril, des roquettes ont été tirées à partir de Gaza en direction d’Israël, dont la plupart auraient été interceptées. Selon les médias, des tirs de roquettes qui ont frappé directement la ville d’Ashkelon le 6 avril auraient fait au moins 12 blessés.
  • Le 7 avril, les responsables des Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), UNRWA, Programme alimentaire mondial (PAM), Organisation mondiale de la santé (OMS) et Organisation internationale pour l’immigration (OIM) ont lancé un appel urgent aux dirigeants mondiaux pour qu’ils agissent fermement et d’urgence pour sauver les Palestiniens à Gaza. Dans leur déclaration1, les hauts responsables de l’ONU ont noté que « des actes de guerre à Gaza… montrent un mépris total pour la vie humaine ». Ils ont également souligné que « les affirmations selon lesquelles il y a maintenant suffisamment de nourriture pour nourrir tous les Palestiniens de Gaza sont loin de la réalité sur le terrain », avertissant que les principaux produits, y compris les fournitures médicales et traumatologiques essentielles, s’épuisent rapidement. Soulignant l’appel urgent lancé, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence (OCHA), M. Tom Fletcher, a déclaré que « nous sommes délibérément empêchés de sauver des vies à Gaza, et que les civils meurent ».
  • Selon le Ministère de la santé à Gaza, entre le 3 et le 8 avril à midi, 287 Palestiniens ont été tués et 912 blessés. De nombreux corps restent sous les décombres des structures détruites, selon le Ministère de la santé. Depuis le 19 janvier, date à laquelle la première phase du cessez-le-feu est entrée en vigueur, et au 8 avril, 901 corps au total ont été retrouvés dans la bande de Gaza, a indiqué le Ministère de la santé. Entre le 7 octobre 2023 et le 8 avril 2025, le Ministère de la santé à Gaza a informé qu’au moins 50 810 Palestiniens avaient été tués et 115 688 blessés, ce qui comprend 1 449 personnes tuées et 3 647 blessées depuis l’escalade des hostilités le 18 mars.
  • Le 1er avril, Médecins sans frontières (MSF) a communiqué2 que l’un de ses collaborateurs, travaillant à l’unité de soins d’urgence de MSF à Khan Younis, avait été tué avec sa femme et sa fille de 28 ans. MSF a déclaré qu’il s’agissait du deuxième meurtre d’un collègue de MSF en seulement deux semaines. Le 6 avril, la Société palestinienne du Croissant-Rouge (PRCS) a déclaré que deux de leurs employés, qui travaillaient à l’hôpital PRCS Al Amal de Khan Younis, avaient été tués avec leurs trois enfants lors d’une frappe aérienne qui avait frappé leur maison à Khan Younis. Au total, depuis le 7 octobre 2023, au moins 412 travailleurs humanitaires, dont 291 membres du personnel des Nations Unies, ont été tués à Gaza.
  • Au cours de deux incidents distincts, trois journalistes palestiniens auraient été tués à Khan Younis. Le 6 avril, une journaliste a été tuée avec sept autres Palestiniens, dont des enfants et des femmes, lorsqu’un bâtiment résidentiel aurait été frappé dans le quartier d’Al Amal, dans l’ouest de Khan Younis. Lors d’un autre incident survenu le 7 avril, une tente utilisée par les journalistes et les professionnels des médias a été frappée près du complexe médical de Nasser à Khan Younis, la mettant en feu et tuant un journaliste et un autre Palestinien. Neuf autres journalistes ont été blessés, dont un qui a succombé à ses blessures le 8 avril. Se référant à cet évènement, le Centre de protection des journalistes palestiniens (Palestinian Journalists Protection Center – PJPC) a souligné que « le ciblage délibéré de journalistes constitue un crime de guerre et reflète un ensemble plus large et systématique de graves violations des droits de l’homme commises par les Israéliens contre des civils, en particulier des journalistes, qui ont droit à une protection en vertu du droit international humanitaire ». Le Syndicat des journalistes palestiniens (Palestinian Journalists Syndicate – PJS) a également condamné3 l’attaque, notant que le nombre de journalistes et de professionnels des médias tués dans la bande de Gaza depuis octobre 2023 est passé à 208. Selon PJS, en mars, sept journalistes ont été tués par les forces israéliennes, dont six étaient sur le terrain et un à son domicile. En outre, huit des parents et membres de la famille des journalistes ont été tués lorsque les journalistes ont été tués, a rapporté PJS.
  • Entre le 3 et le 7 avril, d’autres incidents ayant fait des morts ont été signalés dans la bande de Gaza, notamment :
  • Le 3 avril, vers 18 heures, quatre Palestiniens auraient été tués lorsqu’une école aurait été frappée dans la région d’At Tuffah, à l’est de la ville de Gaza.
  • Le 4 avril, vers 1 h 50, 25 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, auraient été tués et d’autres blessés ou portés disparus sous les décombres lorsqu’un bâtiment résidentiel, abritant plus de 50 personnes, a été frappé dans le quartier d’Al Manara, dans le sud-est de Khan Younis.
  • Le 4 avril, vers 13 h 20, trois enfants auraient été tués et d’autres blessés lorsqu’une bicyclette transportant de l’eau a été frappée à Khuza’a, dans l’est de Khan Younis.
  • Le 6 avril, vers 22 h 20, au moins neuf Palestiniens, dont quatre enfants et trois femmes, auraient été tués et au moins 27 autres blessés lorsqu’un bâtiment résidentiel a été frappé dans le centre de Khan Younis.
  • Les 5 et 7 avril, deux points de distribution caritative (Tekiya) ont été frappés à Khan Younis, ce qui a entraîné la mort de trois Palestiniens le 5 avril et de sept Palestiniens, dont deux enfants, dont une fille, le 7 avril.
  • Entre le 7 octobre 2023 et le 8 avril 2025, selon les forces israéliennes et les sources israéliennes officielles citées dans les médias, plus de 1 607 Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués, la majorité le 7 octobre 2023 et ses suites immédiates. Cela comprend 407 soldats tués, en plus de 2 587 soldats blessés, à Gaza ou le long de la frontière israélienne depuis le début de l’opération terrestre en octobre 2023. Au 8 avril, on estime que 59 Israéliens et ressortissants étrangers restent prisonniers à Gaza, y compris les otages qui ont été déclarés morts et dont les corps sont retenus.
  • Entre le 18 mars et le 6 avril, l’armée israélienne a émis 15 ordres de déplacement, en plaçant environ 130,8 kilomètres carrés, soit 36 % de la bande de Gaza, sous des ordres de déplacement actif. En plus des zones placées sous les ordres de déplacement, les autorités israéliennes ont demandé à l’ONU de coordonner les mouvements vers les zones «interdites» le long du périmètre de Gaza et le long de Wadi Gaza, où les forces israéliennes se sont redéployées depuis le 20 mars. Ensemble, ces zones représentent environ 66 % de la bande de Gaza. Selon le cluster Gestion des sites (Site Management Cluster – SMC), plus de 390 000 personnes ont été déplacées entre le 18 mars et le 6 avril, y compris les familles qui se trouvaient dans environ 320 sites de déplacement. Entre le 3 et le 6 avril, deux ordres de déplacement ont été donnés par l’armée israélienne, comme suit :  
  • Le 3 avril, un ordre de déplacement a été donné pour les zones d’Az Zaytoun et de Tel El Hawa dans le gouvernorat de Gaza-ville, sur environ 5,1 kilomètres carrés dans deux quartiers.
  • Le 6 avril, un ordre de déplacement a été pour Az Zawayda et An Nuseirat, dans le gouvernorat de Deir al Balah, sur environ 3,1 kilomètres carrés dans neuf quartiers. Les premières informations indiquent que la zone comprend 12 campements et sites de déplacement d’environ 8 000 personnes, un hôpital de campagne, trois centres de soins de santé primaires et trois points médicaux. Deux hôpitaux de campagne, quatre centres de soins de santé primaires et huit points médicaux sont situés à moins de 1 000 mètres de la zone prévue pour l’évacuation.
  • La plupart des tentatives visant à coordonner les mouvements humanitaires vers environ les deux tiers du territoire de la bande de Gaza désignées comme zones « interdites » ou placées sous des ordres de déplacement (voir ci-dessus) ont été rejetées, en particulier pour l’acheminement de l’aide qui est souvent bloquée. Compte tenu de l’accès restreint, on ne dispose pas d’estimations claires du nombre de personnes qui restent dans ces régions. Les partenaires humanitaires sur le terrain signalent que ces zones ne sont pas vides et comprennent des familles qui ont pu s’enfuir immédiatement après avoir reçu les ordres de déplacement, mais qui sont revenues lorsque seules des activités militaires limitées ont été menées. Les premières informations fondées sur les récentes visites sur le terrain effectuées par des acteurs de l’aide à Gaza, notamment dans le centre, l’est et le sud-ouest de la ville de Gaza, indiquent qu’en dépit des efforts déployés pour intensifier les interventions, l’accès aux services essentiels est de plus en plus difficile en raison de l’insécurité et du manque d’approvisionnement. En outre, la restriction des mouvements humanitaires entrave les tâches essentielles, telles que la livraison de produits chimiques pour les usines de dessalement et la prise en charge de marchandises aux points de passage.
  • Entre le 3 et le 7 avril, sur les 36 mouvements d’aide prévus dans la bande de Gaza en coordination avec les autorités israéliennes, 25 ont été refusés, un a été entravé et 10 ont été facilités. Sur les 14 mouvements d’aide humanitaire prévus à l’intérieur ou en direction du nord de la bande de Gaza qui étaient coordonnés avec les autorités israéliennes, cinq seulement ont été facilités et neuf ont été refusés. Il s’agit notamment de 12 missions d’aide qui doivent traverser la zone de Wadi Gaza contrôlée par les forces israéliennes entre le sud et le nord de Gaza. Cinq d’entre eux ont été facilités par les autorités israéliennes par la voie Al Rashid tandis que sept autres ont été refusés. Dans le sud de Gaza, sur les 22 mouvements d’aide humanitaire prévus, 5 ont été facilités, 16 ont été refusés et un a été confronté à des obstacles.
  • Le 4 avril, le Bureau des Nations unies pour les droits de l’homme (UN Human Rights Office – OHCHR) s’est déclaré4 alarmé par l’effondrement de l’ordre public à Gaza, avec des allégations récentes de meurtres et d’un recours inutile ou disproportionné de l’usage de la force dans le contrôle des foules par la police locale. Le Haut-Commissariat a déclaré: « À mesure que l’aide vitale devient plus rare et que les gens deviennent plus désespérés, le Haut Commissariat a reçu des informations faisant état de l’usage inutile ou disproportionné de la force par la police locale contre des foules à la recherche de nourriture » ainsi que des «restrictions injustifiées à la liberté de réunion et d’expression pacifiques, y compris la détention arbitraire, les mauvais traitements et la torture». Le Haut-Commissariat a ajouté: «Les attaques incessantes d’Israël contre Gaza ont eu pour effet de démanteler et de détruire les structures de gouvernance et d’application de la loi de la bande de Gaza, contribuant à une détérioration de l’ordre public qui menace la sécurité des Palestiniens et leur accès aux services de base et à l’aide humanitaire vitale », une situation qui a été « encore exacerbée par la fermeture complète des points de passage à Gaza, empêchant l’entrée de tout bien ou de tout approvisionnement essentiel, car les familles luttent pour trouver les produits de première nécessité tels que l’eau ».
  • Le système de santé de Gaza est submergé par l’afflux de victimes et l’épuisement rapide des médicaments et des fournitures essentiels du fait du blocus de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza pendant plus d’un mois. À l’occasion de la Journée mondiale de la santé, l’OMS a indiqué que les fournitures pour la santé maternelle et infantile, y compris pour les césariennes, l’anesthésie pour l’accouchement et la gestion de la douleur, ainsi que les unités de sang nécessaires pour les interventions chirurgicales et les accouchements complexes sont extrêmement faibles. Le matériel médical essentiel, tel que des couveuses portables, des ventilateurs pour les soins intensifs néonatals, des machines à ultrasons et des pompes à oxygène n’auraient pas été autorisés à entrer à Gaza. En outre, 180 000 doses de vaccins de routine pour les enfants – assez pour protéger complètement 60 000 enfants de moins de 2 ans – n’ont pas été autorisées à entrer, laissant les nouveau-nés et les jeunes enfants sans les soins vitaux dont ils ont besoin d’urgence. Lors d’une conférence de presse qui marque la même occasion, le Ministère de la santé à Gaza a indiqué que pendant que les équipes médicales et les équipes d’ambulances continuaient de opérer dans des conditions mettant leur vie en danger pour sauver des vies, les stocks pour 37 % des médicaments et 59 % des fournitures médicales sont à zéro. Il s’agit notamment des médicaments destinés aux salles d’opération, aux unités de soins intensifs et aux services d’urgence, qui ont été épuisés à des niveaux sans précédent, avec des pourcentages plus élevés de médicaments essentiels dont le stock est nul, comme 54 % des médicaments destinés au traitement du cancer, 40 % de ceux destinés aux soins primaires et 51 % des médicaments destinés à la santé maternelle et infantile. En outre, la destruction d’équipements d’imagerie diagnostique a considérablement limité l’accès des patients à ces services vitaux, tandis que les pénuries de carburant menacent de fermer les services essentiels des hôpitaux qui dépendent des groupes électrogènes, a ajouté le Ministère de la santé.
  • Dans le gouvernorat de Gaza-ville, l’accès aux établissements de soins de santé est entravé par les ordres de déplacement et la sécurité des travailleurs de la santé reste en danger, au moins deux personnes ayant été tuées alors qu’ils quittaient leur établissement de santé dans la ville de Gaza le 7 avril. Douze hôpitaux sur 17 sont partiellement fonctionnels et 17 des 41 centres de soins de santé primaires (primary healthcare centres – PHC) sont fonctionnels, dont 13 partiellement, et il n’y a qu’un seul hôpital de campagne. En outre, les partenaires du cluster Santé appuient 23 établissements de santé dans le gouvernorat de Gaza, y compris un centre de santé de niveau 2 nouvellement ouvert offrant des consultations médicales générales, des services pour les maladies non transmissibles, des soins aux plaies, des services de santé sexuelle et procréative, un soutien psychosocial et des services de nutrition. À l’hôpital Al Shifa, les médecins sont contraints de faire sortir les patients prématurément pour faire de la place à des cas de traumatismes en nécessité de chirurgie urgente, selon l’OMS, qui fournit une expertise technique pour renforcer la prise en charge qui fournit une expertise technique pour renforcer la gestion des situation de victimes en masse afin de sauver des vies. Une tente fournie par l’OMS et dotée de 10 lits d’hospitalisation est déjà en place, et des plans sont en cours pour installer davantage de tentes afin d’agrandir la capacité en lits d’hôpitaux. Une nouvelle aile chirurgicale et orthopédique de 70 lits est également en construction pour aider à absorber le nombre de cas de croissance.
  • À la suite d’une coordination avec les autorités israéliennes et malgré des conditions extrêmement difficiles, l’OMS est arrivée5 à l’hôpital Al Ahli dans la ville de Gaza, où elle a déployé une équipe médicale internationale d’urgence orthopédique pour faire face à l’augmentation des cas de traumatismes, en soutenant le réapprovisionnement en fournitures essentielles à partir de ses stocks qui s’amenuisent, et en améliorant les filières de soins pour permettre de transférer des patients à l’hôpital Al-Shifa, également dans la ville de Gaza. En raison d’une lourde surcharge de patients, le scanner de tomodensitométrie de l’hôpital Al Ahli – le seul dans le nord de Gaza – est en panne en raison d’une sur-utilisation prolongée, 50 unités de sang sur 160 ont été utilisées en une journée, et les trois salles d’opération de l’hôpital ne sont pas suffisantes pour répondre à la demande d’opérations chirurgicales, a rapporté l’OMS. Dans un cas, le service des urgences de l’hôpital a été poussé à huit fois sa capacité à la suite d’une frappe aérienne sur une école de la ville, recevant plus de 180 blessés et 52 morts en une seule nuit, selon l’OMS. Se référant à cet évènement, le Dr. Khamis Elessi, consultant en médecine de la réadaptation et de la douleur à l’hôpital, a déclaré à l’OMS que la grande majorité des victimes étaient des femmes et des enfants et a déclaré: «Dans la ville de Gaza, nous avons besoin de plus de médecins, de plus de médecins d’urgence, de plus de chirurgiens vasculaires et de neurochirurgiens. Et plus d’efforts pour arrêter cela, et ouvrir un passage sûr pour les personnes qui veulent se faire soigner à l’extérieur.»
  • Une réduction significative de l’approvisionnement en eau par les conduites en provenance d’Israël, associée au manque d’électricité, de combustible, de pièces de rechange et d’accès, risque de compromettre davantage l’accès des populations à l’eau potable dans toute la bande de Gaza et de les exposer à des conditions qui menacent leur survie et leur dignité, selon le cluster Eeau, Assainissement et Hygiène (WASH). À l’heure actuelle, une seule des trois conduites d’eau Mekorot est opérationnelle – la liaison Bani Suheila à Khan Younis – et la principale usine de dessalement dans le sud de Gaza a enregistré une réduction de 85 % de sa production d’eau depuis le début du mois de mars à la suite des coupures d’électricité par les Israéliens. La deuxième conduite d’eau de Deir al Balah (Bani Saeed) est inopérante depuis janvier 2025, après avoir subi des dommages, sans autorisation jusqu’à présent accordée par les autorités israéliennes pour accéder en toute sécurité à la ligne dans la zone « interdite». La troisième conduite vers le nord de Gaza (Al Muntar) a cessé ses activités depuis le 3 avril 2025 ; la ligne pourvoyait auparavant à près de 50 % de l’approvisionnement en eau dans les gouvernorats de Gaza et du nord de Gaza.
  • L’UNICEF estime aujourd’hui que l’accès à l’eau potable pour un million de personnes, dont 400 000 enfants, est passé de 16 litres par personne et par jour pendant le cessez-le-feu à seulement six, avertissant que si « le combustible s’épuise dans les semaines à venir, ce montant pourrait descendre en dessous de quatre litres, forçant les familles à utiliser l’eau insalubre, augmentant le risque d’épidémie, en particulier chez les enfants ». Le cluster WASH étudie des mesures d’urgence, telles que le démultiplication de l’eau à partir de centrales de dessalement privées et l’expansion de l’utilisation des puits de nappe phréatiques, mais de graves problèmes persistent, notamment le blocus de l’entrée des fournitures essentielles, y compris le carburant, et la réduction de l’espace humanitaire.
  • Une crise croissante de l’assainissement a des effets préjudiciables sur les établissements de soins de santé de Gaza. Le cluster WASH signale que plus de 250 établissements de soins de santé sont en attente attendent des fournitures essentielles pour la prévention et le contrôle des infections, actuellement détenus à l’extérieur de la bande de Gaza. Ces fournitures sont essentielles pour protéger les patients et les agents de santé, en particulier compte tenu de la capacité limitée des services WASH dans les établissements de soins de santé. En l’absence de ces fournitures, il est urgent de fixer des priorités et une formation ciblée pour aider le personnel à identifier les meilleures mesures de sécurité avec des ressources limitées. Cette situation impose une charge supplémentaire au personnel de santé déjà submergé de Gaza, au milieu d’un épuisement exceptionnellement grave des fournitures médicales et traumatologiques essentielles, alors que les hôpitaux sont inondés de victimes.
  • L’UNICEF met en garde6 contre le fait qu’il n’y a pas d’aide entrant depuis le 2 mars, la malnutrition, les maladies et d’autres conditions évitables devraient augmenter, ce qui accroîtrait le risque de décès d’enfants évitables. Dans le centre et le sud de Gaza, les aliments complémentaires prêts à l’emploi pour les nourrissons – essentiels pour une croissance saine dans un contexte de pénuries alimentaires généralisées – sont épuisés. Il ne reste que des quantités limitées de lait maternisé prête à l’emploi (ready-to-use infant formula – RUIF) pour 400 enfants, alors que près de 10 000 nourrissons de moins de six mois ne sont pas exclusivement nourris au sein. L’UNICEF met en garde contre le fait que, sans accès au RUIF, les familles peuvent être contraintes d’utiliser des solutions de remplacement mélangées à de l’eau contaminée, ce qui aggrave les risques pour la santé, et que le manque d’eau potable compromet également les pratiques d’allaitement maternel et la santé des nourrissons. « L’UNICEF dispose de milliers de palettes d’aide qui attendent d’entrer dans la bande de Gaza », a déclaré Edouard Beigbeder, directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « La plupart de ces aides sont vitales – mais au lieu de sauver des vies, elles restent en entrepôt. Elle doit être autorisée immédiatement. Il ne s’agit pas d’un choix ou d’une organisation caritative; c’est une obligation en vertu du droit international », a-t-il ajouté. Entre-temps, les ordres de déplacement et les bombardements ont forcé la fermeture de 15 % de tous les sites de nutrition, interrompant le traitement d’environ 350 enfants gravement sous-alimentés. Beaucoup d’autres risquent de se voir refuser un soutien vital car les services de détection et de traitement de la nutrition sont perturbés. Le cluster Nutrition indique que la capacité opérationnelle de dépistage nutritionnel a diminué de 30 %, n’atteignant que 58 000 enfants en mars, contre 83 000 en février.
  • Une évaluation récente menée par les partenaires du cluster Sécurité alimentaire révèle une crise interdépendante dans l’agriculture, l’élevage et la pêche, marquée par des pénuries d’intrants, une pénurie d’eau et des dommages étendus aux moyens de subsistance et aux infrastructures. Qu’il s’agisse de systèmes d’irrigation manquants, de pertes de bétail ou de bateaux de pêche détruits, les perturbations de la production ne sont pas des défis isolés, mais les symptômes d’un effondrement plus large de l’accès, de l’accessibilité économique et de la mobilité, en particulier pour les groupes vulnérables. Alors que les intrants limités limitent les producteurs de cultures, les éleveurs sont confrontés à une crise de survie marquée par des taux élevés de mortalité animale, la destruction d’abris et des risques potentiels pour la santé dus à l’infection parasitaire parmi le bétail survivant qui se transmet aux populations. À cela s’ajoutent les risques de munitions non explosées et les limitations d’accès, qui compromettent considérablement la production alimentaire. En outre, les pêcheurs continuent d’être confrontés à l’insécurité en mer et au manque d’équipements essentiels. Dans l’ensemble, l’évaluation montre que les difficultés d’accès physique et les contraintes liées à la sécurité conditionnent la participation aux activités terrestres, aquatiques ou maritimes.
  • L’escalade des hostilités depuis octobre 2023 a déclenché une grave crise environnementale à Gaza, avec de profondes répercussions sur les ressources en eau, l’agriculture et les systèmes de gestion des déchets, selon un récent rapport7 du Réseau palestinien des ONG de défense de l’environnement (Palestinian Environmental NGOs Network  – PENGON). Le rapport souligne que la destruction d’infrastructures critiques et l’activité des véhicules militaires lourds a exacerbé des problèmes environnementaux de longue date, entraînant une pollution généralisée, notamment la pollution de l’eau, la réduction de la production agricole et la dégradation des sols. Avertissant les menaces graves pour la santé publique, le rapport note que la grande majorité des champs8 autrefois utilisés pour cultiver et des vergers d’oliviers ont été endommagés ou détruits, que les services de gestion des déchets solides sont au bord de l’effondrement et qu’il existe une contamination excessive de l’environnement par environ 50 millions de tonnes de débris9, de corps non récupérés, de déchets à ciel ouvert et de munitions non explosées. Le rapport appelle à des efforts urgents et coordonnés pour reconstruire l’infrastructure environnementale de Gaza et atténuer les effets à long terme sur la santé socio-économique et publique.

(Traduction SK)


Note-s

  1. Déclaration des responsables de l’OCHA, de l’UNICEF, de l’UNOPS, de l’UNRWA, du PAM, de l’OMS et de l’OIM  https://www.ochaopt.org/content/world-must-act-urgency-save-palestinians-gaza-top-un-officials-say[]
  2. https://www.msf.org/msf-mourns-killing-eleventh-colleague-gaza-palestine[]
  3. https://pjs.ps/en/page-3302.html[]
  4. https://reliefweb.int/report/occupied-palestinian-territory/un-human-rights-office-opt-alarm-over-killings-and-unlawful-use-force-local-police-gaza-amidst-deteriorating-public-order-enar?utm_source=rw-subscriptions&utm_medium=email&utm_campaign=country_updates_180[]
  5. https://x.com/whoopt/status/1908963847031173395[]
  6. https://www.unicef.org/mena/press-releases/more-million-children-gaza-strip-deprived-lifesaving-aid-over-one-month-unicef[]
  7. https://www.maan-ctr.org/magazine/article/4519/[]
  8. https://www.fao.org/newsroom/detail/FAO-gaza-emergency-relief-food-production/en[]
  9. https://reliefweb.int/report/occupied-palestinian-territory/gaza-strip-preliminary-debris-quantification-december-2024[]
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