Ce n’est pas seulement mon histoire. C’est l’histoire de tous les habitants de Gaza, piégés dans un pays qu’Israël est en train de transformer en ruines.
29 décembre 2023
Nous avons évacué notre maison et nous sommes allés au sud, là où ils disaient que c’était sûr. Ce n’était pas sûr. Ils ont bombardé l’endroit où nous étions abrités et le bâtiment s’est effondré sur nos têtes.
Par miracle, ma famille s’en est tirée avec des blessures légères, mais j’ai été extraite des décombres avec de multiples fractures du bassin. J’ai été transportée d’urgence à l’hôpital européen de Gaza à Khan Younis, dans le sud de la bande, où je suis restée trois jours entiers sur une civière d’ambulance en fer, incapable de bouger.
Le premier jour, un médecin m’a dit de ne rien manger ni boire parce que je devais être opérée. Mais personne ne savait quand, comment et où l’opération aurait lieu. Chaque jour, de plus en plus de blessés arrivaient et leurs cas étaient plus urgents que le mien. Je suis resté trois jours sans nourriture, sans eau et sans analgésiques sur cette civière en fer, avec les pierres et le sable des bombardements qui s’accrochaient encore à mes blessures.
Nous étions six blessés entassés dans une petite pièce. Nous sommes rapidement devenus huit. Ma famille est restée avec moi, tout comme les familles des autres blessés. Jour et nuit, la chambre était bondée et bruyante de visiteurs, de médecins, d’infirmières et de personnes venant apporter des dons. Nous partagions tous une petite salle de bain qui n’avait pas de douche ni même d’eau courante.
J’ai passé 40 jours dans cet hôpital. Les pires jours, c’était terrible ! Le reste de l’établissement était rempli de personnes déplacées qui dormaient dans les escaliers et dans les couloirs, ou dans des tentes à l’extérieur. Cela ressemblait plus à un abri de masse qu’à un hôpital. Il était impossible de se reposer ou de dormir à cause du vacarme incessant.
Il ne s’agit pas seulement de l’histoire d’un lieu de guérison qui devient un lieu de mort – et ce n’est pas seulement mon histoire. Mon peuple, dans toute la bande de Gaza, souffre depuis longtemps de cette situation presque indescriptible. L’occupation israélienne commet des crimes horribles contre l’humanité, au mépris total du droit international. Le monde doit se rendre compte que ses actions contre les innocents sont contraires à la loi – et nous sauver tous des décombres.
Note de l’éditeur : la maison dans laquelle elle s’abritait au moment où elle a écrit ces lignes a depuis été bombardée et réduite en ruines.
(traduction J et D)