Article paru dans l’édition papier du Courrier de l’Atlas de septembre 2018
Membre de l’Union juive française pour la paix (UJFP), la militante était à bord d’une flottille arrêtée le 29 juillet par la marine israélienne, alors qu’elle tentait de rejoindre Gaza.
Les chances d’atteindre les côtes de Gaza ce 29 juillet étaient réduites. Pourquoi l’avoir tenté?
La Flottille de la liberté est une coalition internationale qui existe depuis 2008. Nous gardons en tête le succès de la première expédition, qui avait eu un grand retentissement. Depuis, aucune flottille n’a réussi à rejoindre Gaza. On se souvient du massacre sur le Mavi Marmara, en 2010, où neuf militants avaient été tués par l’armée israélienne. Malgré tout, l’idée de venir porter des secours humanitaires aux Gazaouis par la mer a un sens. Le fait de ne pas arriver jusqu’à eux démontre au monde que 2 millions de personnes sont parquées. Cela rend concrète la notion de blocus.
Pouvez-vous nous parler de votre arrestation ?
La marine israélienne nous ordonne par radio de dévier notre trajectoire. Nous refusons, arguant que le blocus de Gaza est illégal. Nous sommes arraisonnés vers 14 heures dans les eaux internationales, ce qui est un acte de piraterie. Des dizaines de soldats débarquent à bord. Nous tentons la résistance pacifique mais certains passagers sont violentés. Tsahal prend ensuite le commandement du bateau en direction du port israélien d’Ashdod. Nous débarquons le soir au bureau de l’immigration, où nous sommes interrogés et fouillés à plusieurs reprises de manière extrêmement poussée, avant d’être conduits en prison. Je partage ma cellule avec six femmes de la flottille. Les surveillants hurlent et nous menacent. Mais nous savons que nos passeports européens nous protègent et nous ne nous répondons pas à leurs injonctions. Au bout de trois jours, nous sommes renvoyés dans nos pays respectifs.
Comment qualifieriez-vous la réaction de la France ?
Le Gouvernement a été interpellé à plusieurs reprises pendant ma détention. Mais il n’y a pas eu de réaction officielle. Je ne suis pas étonnée, car les pouvoirs successifs sont complices d’Israël.
La façon dont Netanyahou se conduit avec les Palestiniens, c’est la façon dont l’Europe rêve de se comporter vis-à-vis des populations qu’elle considère surnuméraire. Ce qui se joue en Palestine, c’est l’avenir de l’Humanité. Peut-on décider que les puissants sont au-dessus des lois ? La société civile doit avoir des élus capables de se mobiliser contre cela. Tant que ce ne sera pas le cas, on continuera de servir du “Cher Bibi“ (le surnom donné ci Benjamin Nétanyahou, ndlr) à un fasciste.
Propos recueillis par Céline Beaury