Le ministre de l’Intérieur M. Hortefeux propose de déchoir de leur nationalité française d’éventuels délinquants, puis de les expulser du territoire. En droit français, depuis la Révolution de 1789, la révocation de la nationalité n’est applicable que pour des crimes exceptionnels, comme celui de haute trahison, ou de collusion avec l’ennemi en temps de guerre. L’exception notable a été la promulgation des lois raciales et antisémites du régime collaborationniste du Maréchal Pétain, qui a fait révoquer la nationalité française d’au moins 15000 personnes, dont plus de 7000 Juifs avant de les déporter vers des camps d’extermination nazis.
A l’UJFP, nous en portons la mémoire.
Tabous et persécutions
En formulant cette proposition, Brice Hortefeux a déclaré que « Ce n’est pas une question tabou ! » Ce n’est pas le premier tabou que le ministre de l’Intérieur entend briser. Déjà en 2008, il a réuni des ministres de l’Immigration européens afin d’envisager des mesures répressives contre les migrants. N’avait-il pas choisi la ville de Vichy pour cette rencontre ? Et rappelons la condamnation de Brice Hortefeux pour injure raciale par le Tribunal correctionnel de Paris le 4 juin 2010. Après une telle décision de justice, même en première instance, dans n’importe quel pays démocratique un ministre en fonction aurait immédiatement remis sa démission.
Au lieu de régulariser les salariés sans papiers qui vivent et travaillent en France depuis des années, le « briseur de tabous » Hortefeux propose maintenant de retirer la nationalité française à une catégorie de citoyens qu’il fabrique en la désignant: les musulmans instaurant à leur égard exclusif une triple peine – sanction des délits, retrait de la nationalité, expulsion. Cette proposition constitue une négation des lois républicaines et un retour vers celles de l’Etat Français.
L’UJFP, association juive qui combat tous les racismes dénonce ce projet véritable affront à notre mémoire collective, mené dans le cadre d’une offensive raciste contre les citoyens français musulmans et appelle l’ensemble des hommes et des femmes attachés aux droits universels à s’opposer à l’instauration d’une telle modification du code de la nationalité, la première du genre à être proposée depuis Vichy.
Bureau National de l’UJFP le 15-06-2010